L’été touche à sa fin, la rentrée arrive, il faut se remettre dans le rythme… Toutes ces phrases bateau prononcées par mon père dès le 20 août qui autrefois me rendaient folle de rage me laissent aujourd’hui de marbre.
Peut-être parce que ça fait quelques années que je n’ai tout simplement plus de vacances, à cause de stages estivaux qui me bloquent la lumière du soleil en me cloîtrant à Paris. Vie de boloss, I know.
Quoique, même quand je partais en vacances, je collectionnais aussi les vies de boloss. Et celle que je vais te raconter risque de ne pas te décevoir.
Un été qui s’annonce bien
J’ai 14 ans et la vie me sourit. Mon appareil dentaire est tombé et pour la première fois, mon acné me fout un peu la paix.
Je pars en vacances à Grasse, dans un club vacances all inclusive que mes parents ont réservé, lassés que mon frère et moi passions les vacances à chouiner parce qu’on rencontre jamais de copains.
Au moins cette année, on vase faire plein de potes au club « ados ».
Tout commence à merveille, je rencontre une bande de jeunes de mon âge avec qui je passe ma vie entière à bavasser sur le bord de la piscine en me dorant la pilule, et bien évidemment, je tombe amoureuse du beau blond qui me regarde avec ses yeux translucides, Alex.
Le soir, nous nous réunissons après dîner dans la cabane à côté du terrain de tennis, dans laquelle naissent les premières amourettes d’été.
Tout est par-fait.
Catastrophe au ventriglisse
À l’aube de la fin de la première semaine des vacances, Marjorie (ma super copine, qui l’est d’ailleurs toujours aujourd’hui) et moi faisons le tour des activités proposées par le club en cette journée spéciale de jeux aquatiques.
Nous passons devant le stand de ventriglisse, un jeu incroyablement naze, puisqu’il ne présente AUCUN ENJEU. C’est juste toi qui glisses sur un bout de bâche trempée d’eau savonneuse et qui ressors avec des brûlures sur le ventre. Hilarant.
Je ne suis vraiment pas une adepte de sensations fortes (oui, je range le ventriglisse dans la catégorie sensations fortes, y a quoi ?), mais je vois Alex du coin de l’œil qui fait la queue pour avoir le droit de faire son plat sur la bâche bleue.
J’arrête alors Marjorie d’un coup, en déclarant que je veux faire du ventriglisse.
Nous nous rangeons juste derrière Alex, que je mate s’éclater contre le sol avec une grâce sans pareille.
C’est au tour de Marjorie, et elle aussi rit de toute son âme en se jetant par terre.
Enfin c’est à moi. Alex et Marjorie scrutent chacun de mes mouvements. Je prends beaucoup d’élan, pour les impressionner au MAX.
Sauf que…
Je glisse sur cette putain d’eau savonneuse et n’atterrit pas sur mon nombril, mais bien à la renverse, en plein sur la tête.
Un réveil difficile
Si cette image est drôle dans ta tête, lectrice, retiens-toi un peu car sache que j’ai tout de même perdu connaissance !
Mais l’animateur de ce jeu de mort qu’est le ventriglisse a su délicatement me réveiller, grâce à un jet d’eau puissant projeté sur l’arrière de mon crâne à l’aide d’un tuyau d’arrosage qui traînait par là. On fait difficilement moins agréable.
Il regarde vaguement mes pupilles, et me dit que c’est bon, je peux y aller.
Tout tangue autour de moi, je cherche Alex du regard, priant qu’il n’ait pas assisté à mon humiliation (j’étais un peu dans le déni, car il se tenait à littéralement deux mètres de moi quand c’est arrivé).
Marjorie est là pour me soutenir tandis que j’arrive à peine à mettre un pied devant l’autre. Elle me propose d’aller me baigner pour me calmer un peu.
Quelques heures plus tard, un médecin me dira que j’ai bien fait de refuser, car je me serais tout bonnement noyée. Ambiance !
Je croise alors ma mère, pour la première fois de la journée, et j’éclate en sanglots : en effet, ma vision se brouille et je ne vois plus bien sur les côtés.
Allô les pompiers ?
Ma mère est PA-NI-QUÉE.
Elle hurle à l’aide à qui veut l’entendre et que je me cramponne à elle alors que nous nous dirigeons vers l’accueil du club.
Quelqu’un appelle les pompiers, la civière, le collier cervical, la sirène, tout le bordel.
Si Alex ne m’avait pas remarquée jusque-là, je pense que là, c’était bon, et d’ailleurs tout le club savait que j’existais.
Dans le camion rouge hurlant, je tiens la main de ma mère très fort. Mais mes hormones de jeune adolescente me font remarquer la jolie bouille d’un pompier qui se penche régulièrement au-dessus de moi pour me demander si tout va bien.
Comment vous dire que le collier cervical m’empêchant de tourner la tête, j’ai dû feindre deux-trois fois un petit bobo par-ci par-là pour apercevoir son doux visage.
Mon rêve bleu.
Bye bye le mojo
En arrivant à l’hôpital, le médecin m’annonce que j’ai une entorse aux cervicales. À cause d’un FUCKING VENTRIGLISSE bordel.
Ils veulent me garder la nuit en observation. Une nuit que je passerai loin d’Alex, de Marjorie, de toute la bande.
Mais peut-être reviendrai-je en héros ?
C’était sans compter le nouveau look que j’arbore en sortant de l’hôpital : les cheveux gras en bataille qui avaient séché en gardant la forme que leur avait donné le jet d’eau du réveil, et… UNE MINERVE.
Difficile, à 14 ans, d’assumer une minerve sous 35 degrés.
Je passe donc le reste de mes vacances clouée sur un transat, sans possibilité de me baigner ni de bronzer sans voir une énorme marque blanche se dessiner autour du cou.
Bien sûr, les surnoms y vont bon train : de Robocop à Ça mineeeerve (Helmut Fritz et sa chanson Ça m’énerve étaient les stars de cet été-là, à mon grand désarroi), je suis la risée de tout le club de vacances.
Ma mère me supplie d’en rire, mais moi je ne peux pas rigoler pendant que je vois Alex partir à Aqualand avec le reste de la team pendant que je reste faire la plante verte sur le bord de la piscine.
Il a d’ailleurs fini par sortir avec une de mes copines, et j’étais bien contente à ce moment-là de ne pas pouvoir tourner la tête pour les voir se rouler des pelles pleines de langues.
Cet été-là, j’ai appris une belle leçon : LE VENTRIGLISSE ÇA PUE DU CUL.
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Les Commentaires
Quand un jeune sous ta responsabilité perd connaissance après avoir atterrit sur la putain de nuque là, tu vérifies qu'il est conscient et surtout tu appelles les pompiers bordel.
C'est quoi ces abruti à qui on confie des gosses ?