Quand j’ai commencé à réfléchir sur ma façon de m’habiller et ce que ça représentait pour moi, il y a eu une succession d’images.
Les vêtements de seconde main, ma seconde peau
Moi en primaire, qui portait les habits trop petits des enfants d’amis de la famille. Moi au collège, qui prenait les fringues de mes copines dont elles ne voulaient plus.
Moi au lycée, qui furetait dans la friperie du coin pour me détendre. Moi à la fac, qui allait au Kilo Shop dans la ville d’à côté pour choper des pièces sympa (au mieux) ou de simples rechanges (au pire).
Et moi aujourd’hui, qui n’achète quasi-jamais en magasin des fringues neuves mais adore les brocantes et les fripes, qui a une collection impressionnante de pièces originales mais qui ne les sort que rarement !
Je me suis rendu compte d’une évidence : ma façon de me procurer des vêtements a, en partie, déterminé mon style vestimentaire et mon rapport aux fringues.
Parce que finalement, depuis d’aussi loin que je me souvienne, j’ai presque exclusivement porté du seconde main… et c’est devenu une seconde peau.
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La honte de porter des vêtements de seconde main
Ça n’a pas toujours été simple.
Quand on est enfant, on ne nous épargne pas. Les remarques allaient bon train sur le fait que mes habits étaient parfois trop grands ou démodés.
On me lançait des phrases qui se voulaient méchantes et qui parfois arrivaient à me blesser.
Tu t’habilles comme une vieille.
C’est moche.
T’es pauvre.
Malgré tout, ça ne m’a jamais paru désagréable de n’avoir que rarement des habits neufs.
Enfant, c’était comme un cadeau avant Noël ! Quelle joie de découvrir un sac rempli d’habits qu’il faut essayer, comme dans un défilé, et qui sont totalement gratuits.
Le prix a toujours eu un impact sur mes choix de consommation, parce que nous avions peu de moyens.
Trouver son propre style quand on porte des vêtements de seconde main
Ce qui m’a dérangée pendant ces périodes-là, c’était que j’avais l’impression que ce n’était pas « mon » style. À l’époque, je m’identifiais à un caméléon.
Comme je récupérais tous les habits qu’on me donnait et que je grandissais très vite, il y avait parfois des choses qui ne me plaisaient pas mais dont j’avais besoin (comme les jeans, les pulls).
Je m’en arrangeais mais j’avais le regret de ne pas pouvoir avoir le choix. Je me disais :
J’aimerais avoir quelque chose à moi. Quelque chose que j’ai choisi.
Ce n’était pas une question d’avoir un habit qui n’avait pas été porté, c’était une question d’options.
Adapter mon caractère en fonction des vêtements que je porte
On me posait des habits sur le dos et j’adaptais ma personnalité à leur style.
Par exemple, j’étais très calme et réservée quand je portais une robe col dentelle que j’assortissais d’un nœud-barrette dans les cheveux.
Je devenais énergique quand j’enfilais mon pull à tête de tigre.
J’adoptais même le style qui me semblait correspondre au vêtement : j’accentuais l’aspect gothique de mon haut noir manches longue à trous en l’associant à une jupe noire, un collant troué et des mitaines.
Deux jours après, je portais mon pat’d’eph et mon t-shirt smocké blanc avec des créoles. J’essayais de m’approprier le style du vêtement, au lieu de lui insuffler le mien.
J’ai fait du théâtre, alors c’est peut-être une association inconsciente que je fais avec les costumes de personnages ?
Adapter mes vêtements de seconde main à mes envies et mon humeur
Je me construis parfois grâce aux habits que je porte ce jour-là.
Je veux être douce, avoir du réconfort ? Mon pull en pilou-pilou rose, direct ! Si je suis nue en-dessous, c’est encore mieux parce que la matière est trop agréable.
Je veux oublier mes rondeurs parce qu’aujourd’hui je ne les assume pas ? Ma blouse fleurie et mon jean fétiche taille haute sont de sortie.
J’assume mes courbes ? Ma robe portefeuille ceinturée à la taille sera parfaite.
Copier des héroïnes inspirantes pour trouver mon style
Il y a aussi beaucoup d’héroïnes de séries qui m’inspirent et dont j’aimerais copier la garde robe (le docteur Maura Isles de Rizzoli et Isles, Melinda Gordon de Ghost Whisperer…).
Melinda Gordon
Docteur Maura Isles à gauche
Je suis extatique quand je trouve une pièce qui me rappelle une des héroïnes que j’apprécie, parce que leur style vestimentaire fait littéralement partie de leur personnage.
Je peux donc m’identifier à elles et leur force de caractère.
Porter un kimono fluide et fleuri ou un pantalon en toile me rappelle à chaque fois Miss Fisher de Miss Fisher Enquêtes et j’ai l’impression que je vais renverser les préjugés sexistes avec force et élégance comme elle.
Miss Fisher
Tous ces vêtements de seconde main que je n’ose pas porter
Alors que j’ai ces super habits dans mon armoire, ces vêtements originaux qui me donnent confiance en moi quand je les porte, eh bien, justement parfois, je n’ose pas les porter.
Parce qu’ils sont originaux, il détonent dans le paysage de ma ville ou de ma vie sociale.
Par exemple il y a beaucoup de robes type cocktail que je n’ai pas l’occasion de porter parce qu’il n’y a pas d’événement où elles ne paraîtraient pas déplacées.
L’idée d’arriver trop habillée dans une fête décontractée m’a toujours fait peur… alors que l’inverse non. Mais quand je les porte chez moi, à l’occasion, c’est toujours un bonheur !
J’ai des amis qui ne comprennent pas cela, qui prônent le minimalisme avec leurs affaires et leur penderie et me disent que si je n’ai pas porté une pièce dans l’année, je devrais m’en séparer.
Pourquoi ? Je suis matérialiste, et je ne m’en cache pas. J’aime les objets, les livres, les fringues, les bijoux, leur couleur, leur forme, leur matière.
Si j’ai de la place et qu’ils me vont, mais que je n’ai pas l’occasion de les porter, pourquoi m’en séparer ?
S’il me donnent ce sentiment d’empouvoirement quand je me vois avec, pourquoi devrais-je m’en défaire sous prétexte que ma vie actuelle ne me fournit pas les occasions de les mettre ?
Peut-être que dans quelques années j’aurai une vie mondaine, que j’irai à des vernissages, des soirées. Ou peut-être pas.
Peut-être que ma jolie robe noire, avec ce pendant doré et ce col bénitier dans le dos, je ne la remettrai qu’à mes trente ans, puisque je me la suis offerte pour fêter ma vingtaine.
Peut-être que la robe tigrée rouge et or que j’ai trouvée au Portugal ne ressortira que pendant une soirée à thème. Qu’importe.
Chacun de mes habits me ramène un souvenir, me donne confiance, me fournit une occasion d’expérimenter ma personnalité.
Mes vêtements de seconde main : passion et écologie
Aujourd’hui, je choisis ce que je veux porter tous les jours et surtout, ce que je veux ajouter à ma garde-robe. À force, je n’ai plus tellement de « besoins ».
Ma croissance a fini il y a un moment, et même si mon tour de taille change, j’ai de la marge avant de devoir retrouver un élément manquant.
J’ai mes adresses fétiches quand j’ai envie de me faire plaisir, et j’y vais rarement avec une idée précise en tête. Je ne prends que ce qui me plaît vraiment et qui me va.
J’aime chiner. J’adore fouiller, passer des heures dans les rayons de couleurs mélangées et trouver les perles rares.
Mes armoires sont pleines, et quand je ne les utilise plus, quand ils ne me vont plus, je les amène au Relais encore une fois. Leur vie n’est pas finie avec moi.
À ce propos, vous conviendrez qu’à l’heure actuelle où l’écologie prend de plus en plus d’importance dans nos vies et nos modes de consommation, acheter des objets de seconde main peut être un engagement idéologique et politique !
Du coup, bizarrement quand on me félicite sur mes propres habitudes de consommation en me disant qu’elles sont écologiques, je ressens immédiatement le besoin de démentir.
Parce que non, ce n’est pas un engagement conscient. Pour moi, c’est juste naturel, c’est comme ça que j’ai grandi.
Je suis partisane du recyclage (j’ai le projet de fabriquer des bijoux avec des objets métallique trouvés dans la rue) mais l’écologie n’a jamais été ma motivation pour trouver mes habits.
Chiner, fouiller, faire des fripes : ma passion au quotidien
Cependant, il faut noter que, malgré tout les aspects positifs que je lui trouve, mon lien avec le seconde main a quelque peu désorienté ma boussole d’évaluation des prix.
Pour moi, un jean coûte entre 5€ et 20€ maximum, un haut entre 0,50€ et 10€, une robe entre 0,50 et 15€, un pull entre 2 et 8€…
Je ne comprends pas le prix des marques et je roule des yeux quand une amie me dit avoir fait une affaire en payant 100€ deux paires de chaussures de renom au lieu de 200€.
Je ne conçois pas de payer une somme astronomique pour quelque chose qui porte un nom. Encore que je comprenne quand il y a une finesse du produit, une qualité de l’article, le savoir-faire d’un artisan…
Vraiment, je ne sais pas comment le dire autrement : je suis aussi heureuse de porter une pièce que je l’ai été de la trouver.
Je suis sur un nuage quand je dois fouiller dans des piles ou sur des portant mal rangés, même si c’est moins facile de trouver ma taille et que souvent je ressors déçue et frustrée.
Mais je sais aussi que les pièces que je déniche, il n’y a que moi qui les ai, dans le coin.
Ce sont mes petites découvertes et c’est toujours un plaisir quand on me complimente sur une tenue parce que je sais que j’ai mis du temps à la trouver et que si je l’ai prise, c’est que j’ai eu un coup de cœur.
Je n’ai pas une tenue pour chaque situation et je ne sais pas si j’ai un style propre, bien que mes amies m’ont signalé que je portais beaucoup de pièces rétros.
Je sais seulement que certains vêtements m’aident à affronter les journées, tout comme mes bijoux, mon maquillage ou mon vernis.
Des petites armures personnelles, pas forcément pour se protéger du monde, mais s’y sentir à l’aise, s’y sentir soi et s’y développer.
Et toi, c’est quoi ton histoire avec tes fringues ?
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