Précédemment dans #62jours : Au pied du mur: garde les yeux sur la ligne d’arrivée
Je rebondis sur ma réflexion d’hier, au pied du mur. J’ai les yeux rivés sur la ligne d’arrivée, et je vais tout mettre en oeuvre pour réussir à atteindre mes objectifs.
Sauf que « tout », c’est seulement ce que je peux maîtriser. Mais il y a tout le reste.
C’est comme si j’étais à bord d’un bâteau, que je peux manoeuvrer seule. La meilleure version de moi-même est ce capitaine, qui, au début de l’été, restait bien près des côtes. Ça y est, on a gagné en confiance, en expérience, et il est prêt à prendre le large.
J’ai une boussole, un cap, je suis déjà en route. Ma plus grande appréhension, à ce moment, c’est la grande inconnue : tous les paramètres que je ne maîtrise pas.
Naviguer par gros temps
Je peux être le meilleur capitaine du monde, si j’ai à traverser une tempête, si je casse un mât, si je déchire une voile, je vais avoir besoin d’aide. Je vais être retardée. Je risque de (m’) échouer.
La meilleure préparation du monde ne me préservera jamais contre les aléas de la vie, tout ce qui nous arrive et qu’on ne maîtrise absolument pas. Je parle des petites frustrations aussi bien que des grands drames de l’existence.
Un mot de travers, une dispute, une rupture, un décès, toutes les blessures de l’âme et du coeur que seul le temps permet de réparer… C’est pire qu’un claquage à la veille d’une compétition, parce qu’au moins les blessures physiques se voient, et suscitent de la compassion.
Quand t’as le seum, t’es juste « ronchon » pour les gens qui ne te connaissent pas.
Vents contraires
S’il y a bien une fierté que je tire de ma pratique de la méditation, c’est d’avoir réussi à être moins à la merci de mes émotions. J’ai réussi, en deux mois, à me débarrasser du filtre de la colère, à me détacher de la haine, par exemple. Je bosse sur la gestion des frustrations, ça m’a demandé beaucoup de patience, mais ça commence à venir.
Ce ne sont que 3 sentiments négatifs parmi tant d’autres, mais le schéma reste le même : c’est moi-même qui génère ces émotions, j’ai donc, quelque part en moi, le pouvoir de décider si je les laisse m’affecter ou non.
Un peu comme si je soufflais des bulles de savon, oui : c’est moi qui les crée.
Pas volontairement, car elles sont souvent la conséquence d’un événement qui se produit.
C’est pas la critique ou la dispute qui me fout le seum, c’est la déception d’entendre des paroles négatives dans la bouche de quelqu’un que j’admire, que je respecte. Une rupture, c’est juste une étape de vie. Ce sont les regrets, la trahison, la colère, les frustrations qui m’affectent, longtemps après l’événement, qui restera anecdotique à l’échelle de ma vie.
Toutes ces émotions négatives, que je génère en réaction aux éléments extérieurs, sont des vents contraires. Elles me repoussent vers le port. Et je n’ai pas les moyens de faire tourner le vent.
En revanche, j’ai toujours la possibilité d’ajuster mes voiles.
Ajuste tes voiles
C’est la mise en pratique de ma grande découverte de l’été : mes émotions ne sont pas des boulets qui me lestent. Je peux les utiliser, même les émotions négatives. Je n’ai pas à les subir, et je n’ai pas non plus à les refouler.
J’ai juste à les accepter, et en faire quelque chose.
Si je ne peux pas me prémunir contre les aléas de l’existence, je peux réagir à ce qu’ils suscitent chez moi. J’arrive très bien à utiliser la colère en combustible. Je peux cramer des litres de colères en courant des heures. Les frustrations aussi brûlent très bien dans mes jambes, elles crépitent comme un feu de paille.
Je transforme en énergie ces émotions qui me pèsent si je les laisse juste prendre leurs aises dans ma poitrine. Mais je n’ai pas à les subir, et comme elles prennent trop de place, je les comprime, j’en fais du petit bois à utiliser en combustible pour faire monter la vapeur.
J’ai déjà couru pour brûler des colères et des frustrations, j’avais juste jamais compris que c’était un mécanisme que je pouvais actionner consciemment : accepter ce que les événements de la vie provoquent en moi, choisir de ne pas subir ces émotions, et les utiliser comme énergie pour aller dans la direction que je souhaite prendre.
C’est comme si j’avais appris, cet été, à ajuster mes voiles en fonction du sens des vents.
Certains jours, une brise de sérénité me pousse doucement au fil de l’eau. D’autres jours, des tourbillons de motivation et d’optimisme me portent loin vers mon cap.
D’autres jours encore, des vents contraires me secouent violemment, et me feraient ralentir, si je ne savais pas virer de bord, et continuer ma progression en ajustant mes voiles.
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve au cours des 26 prochains jours, au cours des semaines, des mois, de l’année à venir.
Mais je n’ai plus besoin de le savoir : j’ai une boussole, j’ai un vaisseau, je suis seule maître à bord, et je sais désormais ajuster mes voiles pour continuer à avancer. Même contre vents et marées.
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