En partenariat avec Calmann-Lévy (notre manifeste)
Après sa consécration au British Books Awards, le roman Queenie est traduit et publié en France par les éditions Calmann-Lévy. Et c’est une grande nouvelle !
Pas seulement parce qu’il était temps que nous autres francophones puissions profiter de la plume de son autrice, Candice Carty-Williams, ou parce qu’elle a été la première femme noire à gagner un prix du « livre de l’année » au Royaume-Uni. Mais aussi parce qu’il est grand temps que l’édition française fasse place à une fiction plus inclusive.
Les femmes racisées, peu représentées en France
Afro-féministe, lucide, engagé, Queenie est toutes ces choses : il dépeint l’existence de celles que l’on voit peu sur le devant de la scène. Les femmes minorisées, les femmes issues des classes populaires, et toutes celles qui luttent pour leur santé physique et mentale dans un monde qui ne leur offre que peu de choix en dehors de l’invisibilité ou la stigmatisation.
Dans cette réalité, la création ouvre une porte. Se raconter, quand on fait partie d’un groupe minoritaire, c’est permettre de transformer des vécus que l’on pourrait croire individuels en mouvements. C’est aussi permettre à celles qui nous ressemblent de se voir enfin représentées en dehors de clichés réducteurs.
Représenter les femmes dans toutes leur diversité, et mettre en avant les particularités de leur vécu, c’est permettre à celles qui le partagent de s’y retrouver et de rencontrer des figures d’identification, si importantes pour l’estime de soi.
Par qui vous êtes-vous sentie représentée pour la première fois ?
C’est donc aux
femmes racisées que cet appel à témoignages donne la parole aujourd’hui.
Et la question que nous avons à vous poser est simple et immense à la fois : par qui vous êtes vous sentie représentée pour la première fois ? Qui a été votre première figure d’identification, ou simplement la plus importante ? La femme à laquelle vous rêviez de ressembler en grandissant, celle qui vous a fait soupirer devant un écran en vous disant « moi aussi, j’existe, et je me sens comprise » ?
Si Queenie est une figure d’identification fictionnelle, on peut aussi penser à toutes les icônes bien réelles qui ont marqué nos générations. Du sport à l’entertainment, en passant par la politique, on citera pêle-mêle Beyoncé, Ilhan Omar, Aïssa Maïga, Lucy Liu, Leïla Bekthi, Mindy Kaling, Naomi Osaka, et tant d’autres… Dont on a hâte de vous voir parler !
Pour cerner un peu plus les enjeux de cet appel à témoignages, et de vous guider un peu dans vos réponses, voici quelques questions :
- Qui sont les héroïnes auxquelles vous vous identifiez enfant ?
- En tant que personne minorisée, avez-vous déjà eu des difficultés à vous sentir représentée dans l’espace public (médiatique, politique, culturel…) autour de vous ? Cela peut concerner votre couleur de peau, mais aussi votre identité de genre, votre orientation sexuelle, votre religion, votre (ou vos) culture(s), et toutes les diversités de vécus que vous avez peiné à voir représenté et raconté autour de vous !
- Comment se manifestait chez vous ce manque de représentation ? En tant qu’enfant, et/ou en tant qu’adulte ?
- Par quelle femme qui vous ressemble vous êtes-vous sentie représentée pour la première fois ? Qu’avez-vous ressenti en découvrant cette personne ?
- Pourquoi est-ce celle-ci en particulier qui a joué ce rôle (Était-ce par son métier, sa personnalité, son style, ses valeurs…) ?
- Quelle rôle a joué cette figure dans votre vie ? Et quelle importance a-t-elle pour vous désormais ?
Vous pouvez répondre à ces questions pour vous inspirer un peu, ou bien nous raconter d’autres choses : ce ne sont que des suggestions ! L’important pour nous sera surtout de vous donner la parole, pour célébrer ces icônes qui ont changé vos vies !
Pour témoigner, envoyez nous votre récit par mail, à l’adresse jaifaitca[at]madmoizelle.com avec pour objet « Celles qui me représentent ».
Merci pour votre confiance, on a hâte de vous lire !
À lire aussi : « Dans le jeu vidéo, une photo d’une fille noire, c’est un motif de harcèlement »
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Enfant, la sortie du Bossu de Notre-Dame a été un bouleversement pour moi car Esmeralda était la seule " princesse " à laquelle je pouvais m'identifier. Dans ma scolarité, j'étais considérée comme un objet de curiosité par mes professeurs. Je cite : " Ils n'avaient jamais vu une fille comme moi aussi intelligente." J'avais l'impression que je n'étais pas à ma place et pourtant, ils m'ont toujours encouragé. J'ai subi du harcèlement scolaire de la part de filles de ma classe qui m'appellaient " la sorcière " ou " le corbeau ".
A l'âge adulte, j'ai vraiment l'impression que nous sommes les grands oubliés. Il y a aussi la grande question que je me pose : " est-ce que je suis légitime d'apporter mon témoignage?" Suis-je une femme racisée, sachant que les Blancs ne nous reconnaissent pas vraiment comme blanc?
Enfin , pour répondre à la question : quelle héroïne vous inspire? Mon héroïne n'est pas célébre. Il s'agit de la grand-mère de ma grand-mère, Vicenta. Cette femme , pauvre, illettrée , s'est affranchie des valeurs machistes de son clan et des payos pour ne pas se remarier , travailler et avoir des moeurs plus légères, ce qui était mal vu chez les gitans et l'Espagne catholique du début du XXème siècle. Son fils , particulièrement admiratif du parcours de sa mère et heurté par les insultes qu'il lui fut infligé, n'ordonna qu'une seule chose à ses filles : " Mes filles , ne soyez jamais soumises à un homme."