« Allez, j’vais manger des trucs véganes chelous avec des hipsters ! »
C’est sur cette boutade que j’avais annoncé mon programme du week-end : aller arpenter le Veggie World, le salon du mode de vie végane. Celui-ci avait pris ses quartiers au Centquatre, un centre culturel niché entre la Gare du Nord, le Canal Saint-Martin et le périph’.
Un lieu très branché dans un quartier qui ne l’est pas, de la nourriture et des produits étranges, revendiqués écolo mais vendus à prix d’or, c’est un appeau à bourgeois branchés, ce traquenard ?
Non. La foire aux préjugés, c’était pas ce week-end, désolée.
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Et si vous pensez que le véganisme est une lubie de hippie idéaliste, vous faites sérieusement fausse route !
Le véganisme, c’est quoi ?
C’est un mode de vie qui consiste à refuser l’utilisation et la consommation de produits d’origine animale. On parle de végétalisme à propos de l’alimentation, et de véganisme lorsqu’on englobe tout acte de consommation : textile, cosmétique, technologique, etc.
Je vous expliquais déjà tout ça lorsque je vous racontais mon propre cheminement vers le véganisme.
Le véganisme en 2016 : ça fait du BIEN !
Je me souviens d’un temps où il m’était pénible de dire en société : « Je ne mange pas de produits animaux ». Où tous les nutritionnistes de la Création me promettaient une mort certaine et fulgurante par voie de carence et d’anémie.
Et puis, le vent a tourné. Je ne sais pas si ce sont les scandales sanitaires à répétition, la récente étude publiée par l’OMS en octobre sur les risques cancérogènes liés aux viandes rouges et transformées, ou encore les vidéos choquantes d’abattoirs qui ont fait pencher la balance…
Toujours est-il qu’en 2016, il est de plus en plus accepté (et compris !) d’adopter un mode de vie sans exploitation animale.
« Se faire du bien qui fait du bien en faisant le bien »
J’ai eu le sentiment, au Veggie World, d’arpenter le salon du bien-être plutôt que celui de la cause animale. Si je devais résumer mon ressenti en une phrase, ce serait : « se faire du bien, qui fait du bien, en faisant le bien ».
« Se faire du bien », c’est pour toute la dimension santé, mise en avant par les exposant•es en alimentation bien sûr, mais aussi en cosmétique.
La tendance beauté du Veggie World est surtout d’arrêter de se tartiner de substances dont on ne connaît pas trop les effets sur l’organisme. Coucou les perturbateurs endocriniens.
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Vegan Mania est une sorte de « Sephora végane » : un site qui propose des produits issus de tout un réseau de fabricant•es
Le plaisir éthique et juste
Le « qui fait du bien », c’est pour le plaisir, notion centrale de mon équilibre personnel ! À celles et ceux qui m’ont déjà demandé si c’était « pas trop dur » de « me priver », je sais désormais où vous emmener déjeuner.
J’avais déjà mes quartiers chez East Side Burger, je suis une habituée de VG, et suis récemment devenue une adepte des hot dogs du Tricycle.
Se priver ? Mais vous l’avez vu, « le Balinais » de chez Hank, que j’embrasse délicatement face à la caméra ?
Des stands de kebab, hot dog, burger, jusqu’à ceux de cru, de jus, de cuisine asiatique, de bistrot gourmet, de cupcakes aux super-aliments, il y en avait pour tous les goûts, tous les vices.
Du bien, qui fait le bien
Le bien-être en 2016 ne se conçoit plus dans le confort matériel personnel. On ne peut plus feindre l’ignorance lorsque les documentaires d’investigation nous répètent et nous détaillent la cruelle réalité de la fabrication de nos produits de consommation courante.
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Il faut réfléchir à la cohérence globale de ses choix de consommation.
Alors, au Veggie World, on met en avant cette cohérence globale : consommer mieux pour soi, mais aussi pour les autres, sans distinction. Il s’agit bien sûr d’épargner les animaux, êtres sensibles que nos systèmes d’exploitations réduisent à de vulgaires « input », une « matière première ».
Mais on est aussi attentif•ves aux victimes collatérales de ces systèmes : les populations locales, dont on s’accapare les terres et les ressources et dont les conditions de vie (et parfois directement la survie) sont également affectées.
Un pas vers l’avant
En arpentant les allées du Veggie World, j’ai eu le sentiment que le discours avait changé : exit la culpabilisation, les tentatives de mettre les individus face à des responsabilités qui, bien souvent, leur échappent. La tendance est plutôt à l’empowerment et au bien-être.
Vous êtes fatigué•es, stressé•es, vous en avez assez des problèmes de peau, de digestion, de sommeil ? Venez vous faire du bien.
C’est un peu, en l’essence, l’impression que je retiens de ces deux jours passés à échanger avec les militant•es, les commerçant•es, les pionnier•es de la cuisine végétale, mariant santé et plaisir.
Un bémol, celui du prix
Si, sur le salon, les prix des collations semblaient très attractifs, histoire de tenter le chaland, le mode de vie végane a encore un coût élevé, sans doute trop pour les budgets étudiants… Moi-même, j’ai dû attendre mes premiers « vrais salaires » pour pouvoir enfin renoncer à la malbouffe pas chère.
Mais ce sera la prochaine étape (de notre plan diabolique pour conquérir le monde).
Après avoir combattu les préjugés sur ce mode de vie, puis développé et diversifié l’offre des produits disponibles, la tâche suivante sera de faire baisser les coûts, afin de le rendre accessible à tous•tes. C’est déjà dans l’esprit du véganisme !
Et toi, est-ce que tu t’intéresse au véganisme ? Pourquoi ? Viens en parler dans les commentaires !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
J'y étais aussi et effectivement on a l'impression que tout les exposants nous veulent du bien. Mes potes omni se sont sentis bien et ont craqués sur les saucisses vegan.
Pour le coût de ce mode d'alimentation, je nuancerai :
Comme dans l'alimentation traditionnelle, plus tu prends des aliments transformés plus c'est cher.
Et comme tout fromage ou saucisse vegan est un aliment transfomé avec plein de trucs, ça augmente le prix, souvent c'est bio en plus, donc bim +50% :-).
Au quotidien et même sans être une grande chef (c'est mon cas), si tu te nourris majoritairement de légumes, fruits, céréales et légumineuses, non transformés, tu peux t'en sortir en cuisinant au minimum (petits pois/quinoas, dal de lentille, pain/hummus) et en faisant bcp de smoothies par exemple. Au marché les fruits et légumes sont très bon marché par exemple ( (lool). Même si effectivement on trouve que des lentilles corail / graines de chia / etc. en magasin bio...
Par contre le bio, là oui, c'est l'enfer des prix parfois. Je m'y suis mise parce que je gagne bien mieux ma vie qu'avant et que je pense que c'est important, mais j'espère qu'autant pour les produits vegan que bio, avec l'augmentation de la demande les prix baisseront pour que le plus grand nombre y accède !
Et pour le coût des cosmétiques, là par contre, ya de l'argent à sauver avec la Slow Cosmétique, surtout pour celles qui se maquillent peu, j'en suis convaincue ^^ (à étendre aux produits ménagers aussi, vous pouvez arrêtez d'acheter de la lessive, du nettoyant à vaisselle, à salle de bain, à vitre, achetez un savon de marseille et du vinaigre d'alcool à la place :-))