Si vous avez bon goût, il est possible qu’à l’évocation d’une village rempli de poupées, vous pensiez à l’anecdote insolite et un peu glauque de l’île des poupées, racontée par Patrick Baud sur son blog, puis livre, Axolot. Je suis fière de vous, mais là c’est encore d’une autre fête des poupées dont je vais vous parler.
Ayano Tsukimi, la soixantaine, est une femme qui vit dans le petit village isolé de Nagoro, sur l’une des grandes îles du Japon, Shikoku. Ayano a ceci de particulier que depuis des années, alors que le village commençait à se vider, elle remplace tous ceux qui quittent le village ou décèdent par des poupées taille réelle qu’elle a réalisées elle-même, remplissant le village au fur et à mesure d’habitants silencieux.
Si vous vous demandez à quoi peut bien ressembler l’ambiance, le photographe Fritz Schumann est parti à sa rencontre ; dans ce petit documentaire de moins de dix minutes, Ayano Tsukimi nous raconte, et nous présente ses poupées. Attention, sentiments complexes à venir :
J’ai beau avoir un (gros) problème avec les poupées et les automates
, cette vidéo ne m’évoque pas la même crainte ou le même stress que lorsque je suis confrontée à une invasion de dopplegangers (parce que c’est ça, hein, ne nous voilons pas la face). J’éprouve plutôt comme un sentiment de tristesse – et, bon, quand même, d’incompréhension. Pourquoi remplacer des gens par des poupées, s’entêter à continuer de faire vivre ainsi le village ?
Alors, certes, c’est un travail réussi. Ayano, qui vit seule avec son vieux père dans sa maison natale tout en ayant pourtant une famille à Osaka, a fini par attirer des touristes curieux dans ce petit village qui ne contient plus qu’une poignée d’habitants. Des curieux qui ne voient probablement que le côté « creepy » de la chose, quand la Japonaise semble y voir une forme d’Art, voire de commémoration.
Plusieurs années et plus de 350 poupées plus tard, Ayano Tsukimi perpétue l’étrange cycle tout en admettant être à plus d’une heure de l’hôpital le plus proche. Est-ce qu’elle finira seule, entourée de ses poupées, quand plus personne ne saura comment monter jusqu’au village abandonné ?
Un documentaire bien réalisé, avec des plans magnifiques, qui sait saisir la complexité de l’atmosphère… Mais qu’il vaut mieux faire suivre d’une vidéo d’animal mignon pour éviter la déprime !
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Les Commentaires
Et comme d'habitude, elle fait une poupée.
Tu regardes la poupée, et tu vois qu'elle te ressemble.
Et la meuf se retourne vers toi avec un grand sourire sournois...