D’après le site des Nations Unies, « environ 10 pour cent de la population, soit 650 millions de personnes, vivent avec un handicap ». Malgré ce chiffre (en constante augmentation selon les Nations Unies), les infrastructures ne sont pas souvent adaptées aux différentes formes de handicap ; de ce fait, une aide peut être bienvenue pour ces personnes.
Mais aider quelqu’un en situation de handicap à traverser la rue, par exemple, comme toute interaction sociale avec une personne inconnue, ça demande du respect, qui passe un peu trop souvent à la trappe tant les gens sont persuadés que leur secours est indispensable et justifie de zapper la politesse la plus élémentaire ! Au point parfois de mettre la personne « sauvée » dans une situation encore pire qu’avant.
Nous avons discuté avec Les Dévalideuses et le Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE) afin de rassembler quelques conseils permettant d’éviter les impairs.
Les Dévalideuses est un collectif handi-féministe luttant contre le sexisme et le validisme. Ses membres militent actuellement pour la déconjugalisation de l’AAH (Allocation Adulte Handicapée), une allocation qui peut être retirée à une personne handicapée si son ou sa partenaire touche un salaire, ce qui mène tout droit à la dépendance financière.
Le CLHEE, lui, est un groupe d’activistes directement concernés et concernées par le handicap. Il mène plusieurs combats, dont la défense de la vie autonome ainsi que la lutte contre le validisme, les discriminations et l’handiphobie.
Le validisme (ou capacitisme) est un comportement discriminatoire à l’encontre des personnes en situation de handicap. Il s’agit d’un jugement portée sur une personne en situation de handicap par rapport à une « norme » valide.
Quand on parle de comportement validiste, on n’évoque pas forcément des insultes ou discriminations frontales : ça peut être des choses dont on n’a pas conscience. Elena Chamorro, membre du CLHEE, explicite.
« Toute personne handicapée a subi, je pense, des micro-agressions dans l’espace public qui ne traduisent, en réalité, que de l’infériorisation, de la réification, un manque de considération et de respect.
Il peut y avoir des attitudes dirigistes, des questions intrusives, des gestes déplacés (pousser un fauteuil sans consulter la personne, chercher quelque chose dans le sac d’une personne sans lui demander). Des comportements, en somme, validistes. »
Demander avant d’aider une personne en situation de handicap
Le conseil qui revient le plus souvent et qui semble être le plus important, c’est de ne pas aider quelqu’un sans lui demander. Ça paraît évident, pourtant ça ne l’est pas. Céline des Dévalideuses explique :
« Il ne faut pas présupposer que, juste parce qu’une personne est en situation de handicap, elle a envie d’être aidée. Il faut prendre quelques secondes pour l’observer, voir si elle a l’air en difficulté et ensuite proposer. »
En effet, présupposer que quelqu’un veut être aider c’est possiblement avoir un comportement envahissant et irrespectueux. Et bien agir n’est pas si compliqué — c’est du bon sens ! Elena Chamorro, membre du CLHEE, explique très justement :
« Il me semble que les choses à ne pas faire sont tout simplement les choses que vous ne feriez pas avec n’importe qui d’autre. Le mode d’emploi est celui que les règles de la politesse et de la bienséance imposent. »
Ne pas insister pour aider une personne en situation de handicap
Cela va avec les règles de politesse : même si vous pensez que c’est « gentil » de votre part, quand une personne en situation de handicap refuse votre aide, il ne faut pas insister. Céline des Dévalideuses développe :
« Une personne en situation de handicap peut décider pour elle-même si elle a besoin ou pas d’être aidée. Une partie du validisme, c’est l’infantilisation et vouloir décider pour les personnes en situation de handicap. »
Attention à certains gestes !
Certaines attitudes, même si elles partent d’une bonne attention, ne sont pas des gestes corrects. Il vaut mieux…
- Ne pas attraper le bras d’une personne aveugle ou malvoyante pour la guider — il faut expliquer qu’on tend son bras, c’est la personne qui l’attrapera.
- Ne pas porter ou attraper le fauteuil de quelqu’un sans lui demander. Le fauteuil peut être fragile, ou la personne n’a peut-être pas envie qu’on l’aide !
- Ne pas aider une personne pour aller « plus vite ». Par exemple, monter dans une voiture est faisable pour bien des personnes en situation de handicap ; cela leur prend juste plus de temps. Sauf urgence, il ne faut pas vouloir aider à tout prix pour imposer son rythme et sa norme.
Pour éviter ces comportements déplacés et validistes, le mieux, comme l’explique Céline des Dévalideuses, c’est de poser un maximum de questions visant à comprendre comment aider la personne correctement.
Lutter pour une accessibilité universelle
La principale chose qui empêche les personnes en situation de handicap de se déplacer librement dans l’espace public, ce sont les infrastructures inadaptées. En luttant pour des espaces accessibles à tous et inclusifs, les choses évolueront. Elena Chamorro explique très justement :
« L’accessibilité universelle rendra la présence de personnes handicapées dans l’espace publique banale, le reste suivra. La meilleure chose à faire est donc d’être alliée des personnes handicapées dans leur combat pour la vie autonome. »
Pour plus de ressources, vous pouvez visiter les sites des Dévalideuses et du CLHEE !
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Crédit photo : Pexels – Mart Production – 8327626
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Les Commentaires
Je voudrais ajouter des éléments concernant le psy-validisme :
Si vous voyez une personne faire une crise d'angoisse / une crise autistique (metldown ou shutdown) / une crise psychotique, ne collez pas la personne, laissez-lui de l'air pour respirer et ne la touchez PAS sans son accord, sauf si elle est en danger de mort immédiat (une voiture lui fonce dessus par exemple).
Je fais très régulièrement des crises d'angoisse ou des meltdown dans les transports en commun. Les gens sont en général très gentils et veulent aider, mais ne s'y prennent pas toujours bien. Je ne compte plus le nombre de gens qui se sont collés à moi, voire m'ont encerclée, agrippée brusquement en mode "ça va ??! tout va bien ?!!" en se tenant à deux centimètres de mon visage... alors que l'afflux de gens et la surstimulation sont précisément ce qui déclenche mes crises.
Que ce soit crise d'angoisse, autistique ou psychotique, ce sont généralement des moments d'hypersensorialité violents où on n'est pas toujours en capacité de gérer les gens trop proches, les contacts, les mélanges de voix, etc. Si vous voulez aider une personne dans ce cas, essayez de minimiser les stimulis, ne parlez pas trop vite et prévenez de chaque geste que vous allez accomplir.
Et si vous voyez qu'une ou deux personnes s'occupent déjà de la personne qui ne va pas bien : restez à l'écart. Pas d'attroupement, svp, c'est pire que tout ><