Son travail tourne autour de la ville et des personnes habitant, traversant cet espace.
Les portraits de Valérie Jouve évoquent un sujet en prise avec la ville. Les corps sont sans cesse confrontés avec l’espace urbain, il y a une résistance qui se crée entre la personne et l’urbain. Le personnage n’est pas anonyme, ni un passant, il est bien là devant le bâtit, sa posture est ferme, il existe. Les corps sont parcourus d’une réelle énergie qui leur permet de résister au bâtit, de le combattre par leur attitude, de contrer ces espaces censés êtres des lieux de vie. Ainsi, il ne s’agit pas d’un sujet solitaire, mélancolique mais d’un sujet qui dialogue avec l’urbain juste par la force de sa présence. L’architecture a un rôle assez important dans une ville, elle ordonnance la ville, le côté matériel, factuel, mais aussi l’humain, elle a un vrai rôle social. Ce pourquoi, les personnages de Valérie Jouve essayent de dialoguer avec elle. Car, on pourrait se dire qu’à notre époque, la ville ne correspond plus aux attentes de l’Homme, que considérer l’urbain comme lieu à vivre est de plus en plus dur. Ses portraits essayent de résister à cette ville qui devient bouffeuse d’Homme. On peut même y voir une certaine agressivité de leur part.
Sans titre Les personnages 1994-1995
Pour Valérie Jouve, il s’agit d’habiter l’espace, de corps et d’espaces qui s’opposent et qui forment une sonorité le temps d’une image. Elle considère la ville comme une matière « extra-ordinaire » qui fait naître des objets et des espaces qui ne vont pas toujours dans le même sens et dont la photographie serait le moyen d’ordonner tout ça, de les faire cohabiter même si ils s’opposent dans l’image.
Valérie Jouve travaille essentiellement avec des vues de périphéries, de banlieues. Cette zone périphérique est en fait l’endroit par lequel on rentre dans la ville. De même, on aperçoit toujours un horizon, une sorte de limite. Et c’est par cet horizon de banlieue qu’on découvre la ville, qu’on s’aperçoit que notre place dans la société ne nous est pas donnée d’emblé mais qu’elle doit se former, s’échafauder comme la ville qui est en perpétuelle quête d’elle même. De plus, cela nous laisser percevoir qu’il y a de moins en moins de limite distincte entre ville et banlieue, que cette limite disparaît petit à petit à force de constructions intempestives. Cela se poursuit à la nature, où la limite est à son tour elle aussi de moins en moins perceptible, elle s’érode doucement par l’avancement de la banlieue, mais en premier lieu de la ville. Ainsi, la nature apparaît dans certaines photos de Valérie Jouve comme un résidu, qui n’a pas l’air tout à faire à sa place et qui serait certainement éliminé sous peu.
Dans les portraits de Valérie Jouve, le fond est aussi important que le personnage, la tension est possible grâce aux deux. Ils interagissent entre eux, et s’entrainent chacun l’un dans l’autre. La lumière est souvent très douce, elle permet d’adoucir et d’unifier le personnage avec le fond. Mais, certaines des attitudes des personnages viennent contrer cette douceur et apporte un tout autre sens. Cela enfonce l’urbain comme aliénation sociale. Par exemple, dans une photographie la femme a la bouche ouverte comme si elle criait, comme si elle exprimait un quelconque mécontentement et cela vient raisonner avec la barre d’HLM qu’on aperçoit au loin.
Sans titre Les personnages 1994-1995
Tout son travail traite de cette question de l’urbain et des rapports que l’Homme entretient avec.
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