» Sortie le 19 avril 2006
Avec Natalie Portman, Hugo Weaving…
Si on demande à la plupart des cinéphiles ou des gens un minimum avertis sur l’industrie du cinéma la première chose que leur évoque V pour Vendetta, on devrait avoir droit à une grosse majorité de : « Natalie Portman et sa tête toute rasée ».
Il faut dire que l’actrice avait monté les marches cannoises lors du dernier Festival du Cinéma arborant fièrement une coupe minimaliste. Ciao les bouclettes, adios peignes, brosses et autres accessoires inutiles. Ce simple fait avait développé un buzz monstre sur le net et dans les médias traditionnels, les journaux et blos pipole scrutant semaine après semaine l’évolution de la touffe de la jolie actrice.
C’est complètement crétin, mais ce simple fait a généré chez moi (et chez d’autres, je pense) une attente dingue envers V pour Vendetta.
Que savais-je du film ? Pas grand’chose d’autre. Un film adapté d’un comic, un type avec un masque bizarre, des épées qui volent, une étrange histoire de dictature 1984-ienne et une forte implication des frères Wachowski dans le film. C’est tout.
Simplement, je me disais que Natalie Portman avait délibérement montré son crâne chauve pour faire causer du film. Que si elle avait voulu, elle aurait pu porter une perruque ou un équivalent sophistiqué et que l’actrice ne se serait pas permise une telle « exhibition » si le film n’avait pas été pas à la hauteur.
C’est totalement crétin comme raisonnement, je l’admets. Il n’empêche que le film – adapté du comic du même nom – est réussi, qu’il regorge de bonnes idées, peut-être déjà vues ailleurs, dans des livres notamment, mais pas assez au cinéma.
L’action se situe dans une Angleterre qui règne sur le monde anglo-saxon. Les Etats-Unis sont partis en couille depuis quelques années et c’est un despote, l’auto-proclamé Chancelier Sutler, illuminé tyrannique qui a pris le pouvoir. Il en a profité pour instaurer un régime dictatorial, où les libertés se comptent sur les doigts de la main. Couvre-feu, surveillances des communications et de chaque fait et geste des citoyens, une chaîne de télé unique, liste noire culturelle… La vie n’est pas spécialement réjouissante, mais la peur ayant pris le dessus sur l’envie de liberté, chacun s’en satisfait.
Au milieu de tout ça, un personnage, V (Hugo Weaving, le méchant de Matrix), qui porte un masque de Guy Fawkes, catholique qui avait tenté de faire exploser le Parlement anglais le 5 novembre 1605, pour montrer son désaccord avec la politique du Roi concernant les Protestants. V a un objectif : réveiller le peuple, lui montrer que le pays ne tourne pas rond. « Un gouvernement devrait avoir peur du peuple, pas l’inverse »…
Au-delà de l’aspect grand spectacle du film, V pour Vendetta s’inscrit dans la veine de ces films à caractère politique qui émergent du cinéma US depuis quelques mois. Et remet au goût du jour quelques idées qu’il est important de rappeler, de temps à autre. Sait-on jamais.
- La liberté. Quand on a la possibilité de l’exercer à tout instant, on finit par ne plus se rendre compte de sa valeur. C’est souvent dans ce cas-là qu’elle peut nous échapper.
- La peur et l’importance de savoir la surpasser. C’est la peur qui gouverne, qui permet aux dictatures de s’installer au pouvoir. Qui a dit « 21 avril » ?
- L’importance des médias et de l’information. Dans V pour Vendetta, il y a une chaîne de télé. Contrôlée par le gouvernement. L’internet n’existe plus, il a été remplacé par l’interlink, lui aussi surveillé et régi par les autorités. Ces médias relaient le point de vue du gouvernement, filtrent les informations nuisibles au gouvernement.
- Une société où on ne peut plus rire du pouvoir est une dictature. Une scène notamment le rappelle, mais de façon assez… puissante.
Selon ta tendance ou pas à la paranoïa, tu pourras accrocher ou contester la notion du complot omniprésente dans toute la deuxième moitié du film. Toute ressemblance avec une thèse sur les attentats du 11 Septembre – qui clame à qui veut l’entendre que c’est le gouvernement Bush qui a envoyé les deux avions sur le World Trade Center pour foutre la trouille au ventre aux Américains – ne serait qu’un pur hasard, puisque le comic date de 1981… Ce qui n’empêche pas de sentir les dialogues directement pointés vers Bush et les Républicains.
Un autre débat autour du film : pour faire une Révolution, il faut que des têtes tombent. V n’hésite pas à tuer pour arriver à son but. Fanatisme ou pas ? Tuer pour offrir la liberté, classe ou pas classe ?… Peut-on appeler ça du terrorisme ? Le film n’y répond pas vraiment. D’ailleurs, pas sûr qu’il y ait une réponse.
Et c’est bien ?
J’ai du mal à comprendre que le film n’ait pas reçu de meilleures critiques… du moins en France. Certes, V pour Vendetta utilise les grosses ficelles du cinéma à l’américaine, mais ne le nions pas : le film de James McTeigue te rappelle que la liberté n’est jamais une chose acquise. Et cette idée-là, plus les quelques autres qu’il distille, ce sont des idées qu’il faut véhiculer, faire circuler, enseigner, relayer.
Va voir V pour Vendetta. Et parles-en autour de toi. Ca peut servir. Sait-on jamais.
Toutes les photos sont © Warner Bros.
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