Utopia est une nouvelle série britannique de six épisodes dont la diffusion a débuté le 15 janvier 2013 sur Channel 4. Sombre, mais rafraîchissante, elle a déjà reçu un Fipa d’Or le 26 janvier dernier.
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Dans la série, la vie de quatre personnes est bouleversée par la découverte du deuxième tome d’une bande dessinée culte, Utopia, créée par Mark Dane – un paranoïaque-schizophrène qui s’est ensuite suicidé alors qu’il était interné. Ces quatre individus se retrouvent alors traqués par un organisme gouvernemental appelé The Network, qui tue tous les gens trop informés sur son passage. Du jour au lendemain, ils passent donc de fans enthousiastes à proies traquées jour et nuit, et ne peuvent faire confiance à rien ni personne.
Peu importe la façon dont on vous résumera l’intrigue de la série, vous ferez toujours la même tête. Entre incompréhension et scepticisme, vous vous lancerez forcément dans l’aventure à l’aveuglette, même après avoir lu dix articles sur le sujet. Car il est impossible de parler d’Utopia en détails, pour deux raisons :
- Il ne faut pas gâcher l’effet de surprise et bien garder en mémoire que cette série ne contient pour l’instant que six épisodes – il est donc très facile de foutre en l’air le suspense en racontant ne serait-ce qu’un extrait de l’épisode deux, par exemple.
- Ce n’est pas une série « facile », dans le sens où elle ne vous mâchera pas le travail, ce qui vous donnera l’impression que plus vous avancerez dans l’histoire, moins vous la comprendrez.
Le show étant britannique, vous vous doutez bien qu’il se démarque pas mal côté rythme. Utopia est une série lente, mais brillamment orchestrée. On ne vous révèlera jamais plus que ce dont vous avez besoin, ce qui fait qu’on passe la majorité de chaque épisode à se poser tout un tas de questions qui resteront sans réponse
– jusqu’à ce qu’il devienne absolument nécessaire qu’on y réponde. L’esthétique est ultra-léchée, les couleurs sont choisies avec soin, et les scènes de violence sont crues, soigneusement mises en scènes sans être enjolivées pour autant, mais suffisamment percutantes pour nécessiter un avertissement en début d’épisode.
Les fans de Misfits seront sûrement ravi-e-s d’y retrouver Nathan Stewart-Jarrett, qui interprétait l’inspide Curtis dans la série pour ados et qui revient en adulte mature et un poil plus intéressant dans Utopia – nous prouvant ainsi qu’il sait effectivement jouer la comédie, quand on lui donne un personnage avec plus de substance. Le reste de la bande est composé de Wilson Wilson (Adeel Akhtar), un homme obsédé par les conspirations, Becky (Alexandra Roach), une jeune étudiante et Grant (Oliver Woollford), un petit garçon de 11 ans qui se retrouve en danger de mort après avoir récupéré le manuscrit du tome 2 d’Utopia. Et s’il y en a un à surveiller, c’est bien Oliver, qui livre une performance ahurissante et qu’on a envie de tarter et de câliner en même temps – beaucoup lui prédisent déjà un avenir brillant.
La série est sombre, violente, glauque pour certains, mais pas dénuée d’humour et de petits moments de tendresse aussi rares qu’agréables. Si vous acceptez le fait de ne rien comprendre dès le début, vous passerez un bien meilleur moment que si vous vous attardez sur les moindres détails en vous énervant parce qu’on ne vous en dit pas assez.
Mais encore une fois : il faut laisser de côté toute frustration et se laisser porter par l’intrigue qui, pour l’instant, ne déçoit jamais. Tout ce qui a besoin d’être éclairé l’est toujours en temps et en heure – et même si le suspense de semaine en semaine est appréciable, il sera sans doute plus facile d’enchaîner les six épisodes d’affilée sur une courte période pour être sûr de ne rien perdre de l’intrigue aux mille et une ramifications.
Utopia a fait une entrée discrète dans le paysage des nouvelles séries de 2013, mais l’info circule vite, et le bouche-à-oreille a suffi à lui faire traverser les frontières. Si vous cherchez une série solide, consistante, acide, percutante, qui ne vous laissera pas indifférent-e, celle-ci est pour vous. En revanche, il est clair qu’elle ne plaira pas à tout le monde – notamment à cause de la violence sans filtre qu’elle fait défiler devant nos yeux (on n’est plus chez Dexter et ses grandes mises en scène avec monologue en voix off et jolis décors). D’autres seront gêné-e-s par le rythme, devenu inhabituel pour les accros aux séries qui aiment quand ça va vite et fort, que ça avance et qui aiment comprendre ce qui se passe le plus rapidement possible.
Mais si vous faites l’effort de passer au-dessus de ces petits détails, vous risquez de passer un très bon moment (prévoyez quand même un truc un peu guimauve à regarder après, histoire de ne pas sombrer bêtement dans la déprime).
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