Aux États-Unis, à Philadelphie, une équipe a introduit sept fœtus d’agneaux, qui n’étaient qu’à 15 à 16 semaines de gestation, dans des appareils reproduisant le fonctionnement de l’utérus.
Ces animaux y ont été maintenus pendant 25 jours. Quand les scientifiques les ont extraits de cette expérimentation, ils étaient viables et sans séquelle visible.
Ces résultats présentent un véritable espoir pour la science : le développement des poumons de ces fœtus au moment du début de l’expérience était équivalent à celui d’un humain dit « prématuré extrême », c’est-à-dire né après 23 à 24 semaines de grossesse.
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L’« utérus artificiel », l’espoir d’un meilleur traitement pour les prématurés ?
L’enjeu de ces recherches n’est pas moindre. Alan Flake, à l’origine de cette étude, explique qu’il s’agit de répondre au défi de l’extrême prématurité.
Selon un article du Monde relayant l’information, le niveau de mortalité des humains qui naissent en dessous de 23 semaines peut atteindre 90%
. Et parmi les 10% qui survivent, entre 70% et 90% présenteraient des séquelles importantes.
Alors cette avancée est porteuse d’espoir : les analyses ne semblent pas avoir révélé d’anomalies de développement parmi les agneaux.
Cette information est cependant à prendre avec des pincettes car il est difficile d’évaluer les effets possibles sur le long terme. D’autant plus que ces animaux (sauf un) ont été euthanasiés après avoir été extraits du procédé, dans le but d’analyser leurs organes.
D’ici deux à trois ans, l’« utérus artificiel » testé sur l’homme ?
De nouvelles recherches plus poussées pourraient être lancées, pendant deux à trois ans, avant d’envisager un éventuel passage à l’homme.
Mais si cette étude permet de prouver l’efficacité du procédé sur certains risques spécifiquement élevés chez les grands prématurés, ce n’est pas le cas pour d’autres comme la circulation sanguine intracrânienne.
Alors comment proposer cette option risquée aux parents de bébés nés prématurément ? Selon Alan Flake, cela ne devrait pas être un problème majeur.
« Entre vingt-trois et vingt-cinq semaines, la mortalité et la morbidité sont élevées avec les systèmes de prise en charge actuels, et ces questions sont déjà posées.
Ce sera une option supplémentaire proposée aux parents, et si notre système était défaillant, on pourrait extraire immédiatement le fœtus pour revenir aux méthodes classiques. »
Viens enfin la question du manque affectif. René Frydman, l’homme qui a permis la naissance du premier enfant par Fécondation In Vitro, explique au Monde :
« La question fondamentale est celle du risque physiologique, mais aussi psychologique pour l’enfant à naître de séjourner dans un sac sans présence humaine pendant plusieurs semaines. »
S’il faudra sans doute attendre des années encore avant de nouveaux résultats, une chose est certaine : cette étude permet de développer de nombreux espoirs en ce qui concerne les grands prématurés.
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Les Commentaires
Autant j'ai un peu de mal avec les parents qui veulent choisir le sexe de leur enfant parce que j'ai du mal à ne pas lier cette préférence à des stéréotypes sexistes (sinon, pourquoi préférer un genre plutôt que l'autre ?). Autant ne pas vouloir adopter un enfant handicapé... Je peux pas vraiment les blâmer pour ça. Surtout si le handicap est trop lourd pour qu'il puisse un jour devenir autonome. Évidemment, ça me donne envie de chialer de me dire que ces pauvres gosses sont orphelins, handicapés, et éventuellement voient leurs copains se faire adopter et pas eux. Mais, bon, comme tu dis, c'est la nature humaine... Je ne vais pas donner de leçons alors que moi-même, je n'adopterais pas un de ces enfants malgré la compassion que je ressens pour eux (bon après moi je veux pas d'enfants du tout).