Et si, pour résoudre le problème des sans-abri, il suffisait de… les loger ? L’idée semble évidente mais difficile à mettre en place. C’est pourtant, depuis 10 ans, la politique adoptée en Utah, aux États-Unis, après un simple calcul : une personne sans domicile fixe à laquelle on trouve un logement coûte en fait moins cher qu’une personne à la rue.
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Aujourd’hui, le bilan est très bon : le nombre de gens dépourvus de logement a baissé de 91% en Utah ! Un chiffre étonnant que l’on retrouve dans ce reportage par le site UpWorthy. Vous pouvez activer des sous-titres en anglais.
Ce reportage raconte l’histoire d’un homme qui s’est retrouvé à la rue avec sa petite amie enceinte. Aujourd’hui, il est logé avec ses deux enfants, il est père au foyer et a même pu adopter un chien !
Lloyd Pendleton, directeur d’une association d’aide aux sans-abris, explique qu’à la fin des années 90, on demandait aux personnes dans le besoin d’être propres, sèches et sobres avant d’accéder aux refuges. Des conditions souvent incompatibles avec les difficultés auxquelles font face les personnes sans domicile
.
Aujourd’hui tout le monde peut profiter d’une telle aide. Mieux encore, les personnes aidées ont droit à un suivi médical !
La solution de l’Utah pour aider les sans-abris, une utopie irréaliste ?
Des articles viennent pointer du doigt le côté sombre de ces résultats. Le Huffington Post accuse les chiffres d’être faux. En cause : la manière de compter les personne sans-abri, qui auraient évolué, permettant ces beaux résultats…
« L’Utah compte sa population de SDF pendant une seule nuit en janvier, et en fait un chiffre annuel, au lieu de préciser qu’il n’a été collecté que pendant quelques heures. Cela signifie que le compte est rehaussé afin d’inclure les personnes qui étaient sans-abri à un moment donné de l’année mais pas la nuit du comptage. (…)
Il n’y a rien de mal à annualiser des nombres en soi, mais dans ce cas, ça ne marche pas. Par exemple, en 2009 le nombre a été doublé mais on ne l’a pas du tout ajusté en 2015. Cela signifie qu’une partie de cette amélioration pour les personnes sans-abri est basée sur le fait de changer le calcul, pas la réalité. »
Mais le problème ne s’arrête pas là. L’article relève également que les critères pour considérer quelqu’un comme sans-abri a évolué. Par exemple, les personnes logées dans des refuges ne sont plus comptées comme telles.
De son côté, le Guardian mentionne également des refuges pour personnes sans-abri plus que précaires, et pris d’assauts en hiver.
Un bilan qui reste positif pour les personnes sans-abri
Certes, les chiffres ne sont pas exacts et les conditions ne sont pas forcément optimales dans les refuges. Cependant, je préfère retenir que cette initiative a permis de loger des dizaines, des centaines de personnes en grande précarité.
Le problème va plus loin, est plus difficile à résoudre qu’il n’y paraît… Mais pendant ce temps, cet État essaie. Mieux, il réussis à sauver des êtres humains, à l’image de ce père de famille présenté dans le reportage d’UpWorthy.
Il y a deux manières de voir un verre : à moitié plein ou à moitié vide. Je trouve que rien que l’initiative mérite un gros GROS big up !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Dans le reportage que j'ai vu on suivait le parcours d'un homme faisant parti s'une organisation, qui accompagnait des personnes SDF pour les aider. Il devait établir une véritable relation avec elles, pour connaître leur parcours, mais aussi pour gagner leur confiance, car quand on vit dans la rue j'imagine qu'on ne fait confiance à personne.
Ce que j'ai retenu de ce documentaire, c'est que c'est une tâche extrêmement difficile, de longue haleine, qui nécessite un contact régulier, afin qu'il y ai une véritable relation de confiance, car ce n'est pas simple pour des personnes ayant passé beaucoup de temps dans la rue pour revivre dans un foyer.
Le foyer qui leur était offert était gratuit au début (jusqu'à ce qu'ils aient un emploi je crois), et assuré tant que la personne assistait à tout ses rendez-vous, que ça soit pour se présenter à des entretiens ou pour faire des bilans avec la personne qui l'accompagne dans sa réinsertion. Mais ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air et pour certaines personnes ça échouait et elle repartait de leur propre chef dans la rue. Quand on a pris des habitudes dans la rue pendant des années, presque un "mode de vie", ce doit être difficile de tout changer et d'avoir des responsabilités de nouveau, et ça veut dire aussi avoir à nouveau quelque chose à perdre. Une personne disait à un moment qu'elle avait tout perdu du jour au lendemain et que par peur que ça se reproduise de nouveau, elle préférait continuer de vivre ainsi...c'est horrible comme sentiment d'abandon et de résignation. Il faut aussi apprendre à refaire confiance à la société, celle qui a accepté qu'on tombe dans cette situation sans l'empêcher.
Aussi, comme dans l'article d'Anouk, un membre de l'organisation expliquait qu'il est impossible de demander à une personne vivant dans la rue, de se présenter à une heure précise à un rendez-vous dans une tenue correcte alors qu'elle n'en a aucunement les moyens en vivant dans la rue. Et il disait également qu'il est aberrant d'exiger d'une personne qu'elle arrête de se droguer ou de boire de l'alcool avant d'être reloger, et qu'il faut en réalité prendre le problème dans l'autre sens, c'est à dire de lui donné d'abord les clés pour réussir, avant de lui demander la réussite. Ça paraissait tellement évident dans sa façon de l'exprimer que je me suis demandée comment on aurait pu penser l'inverse.
En tout cas c'est cool et ça serait vraiment bien que la même démarche ai lieu en France, parce que je trouve ça vraiment inhumain d'exclure voire d'effacer une personne de la société parce qu'elle n'a plus d'argent, ça place encore une fois la possession financière comme valeur ultime pour être reconnu et accepter, pour avoir le droit de vivre décemment (ou de vivre tout court d'ailleurs).