Le 3 mai 2016 — C’est officiel, UnREAL débarque en France ! Cette série basée sur les coulisses d’une émission type Bachelor, qui envoie du très très lourd, va être diffusée sur NRJ12. Et ce sera en VOST ou en VF, au choix !
De quoi se rafraîchir la mémoire en attendant UnREAL saison 2 !
Le 25 août 2015 — Que vous soyez accros à la télé-réalité ou tout simplement intrigué•e•s par la façon dont ces programmes sont conçus, vous devriez vous pencher sur UnREAL.
Dans un tout autre style que Studio 60, qui raconte épisode après épisode la création d’un sketch show à la Saturday Night Live, UnREAL montre et démonte les coulisses d’Everlasting, une sorte de Bachelor. Si vous étiez dans une grotte ces dix dernières années, je rappelle que le but de ce genre de programmes est de mettre en compétition de jeunes donzelles avides de « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », visant à gagner le cœur d’un beau prince « charmant ».
https://www.youtube.com/watch?v=HHsa5ZMwGPs
La première saison de cette série prometteuse a été diffusée aux États-Unis sur la chaîne Lifetime — réseau a priori plutôt destiné à la ménagère — au début de l’été 2015.
La créatrice du show a bossé pendant neuf ans sur The Bachelor. Autant dire qu’elle sait de quoi elle cause.
A priori pas fan du tout de télé-réalité, et encore moins d’émissions de dating, j’ai fini par en regarder deux-trois épisodes, piqué par la curiosité puisque beaucoup de monde en a vanté les mérites sur les réseaux sociaux depuis juillet. Fasciné par une étrange sensation de « trop de justesse » dans l’écriture, je me suis penché sur ce nom inscrit au générique : qui a bien pu créer cet OVNI, qui est cette Sarah Gertrude Shapiro créditée comme showrunneuse ?
L’Internet était formel : Shapiro a bossé pendant neuf saisons sur The Bachelor, a produit une trentaine d’épisodes et cette presque décennie de boulot sur cette émission lui a coûté sa santé mentale, la menant au bord du suicide. Il lui aura fallu un exil et une coupure de six mois dans l’Oregon à bosser en tant que fermière pour se remettre à flot.
À lire aussi : Comment mon emploi a failli m’achever – Témoignage
« This is what a feminist looks like » — UnREAL
D’un coup, tout s’éclaire : voilà d’où sort ce personnage, allongée dans une limousine, aux pieds des candidates, portant un t-shirt « This is what a feminist looks like » (« Voici à quoi ressemble un•e féministe ») dans le premier plan de la série.
Un premier plan qui annonce plutôt la couleur.
Il y a sans doute un peu (beaucoup) de Shapiro dans Rachel (Shiri Appleby, la sainte-nitouche de Roswell, vestige de la Trilogie du Samedi sur M6), aspirante auteure de romans, étudiant le genre, mais aussi incroyablement douée en tant que productrice, et tout à fait capable de renoncer à toutes ses valeurs quand il s’agit de faire ce que son contrat lui dit de dire : « We’re gonna make some good TV » (« On va faire de la bonne télé »). Peu importe le prix.
Elle passe son temps à se convaincre qu’elle fait le bien autour d’elle, mais c’est sans compter sur le système de la télé nationale, prompt à broyer n’importe lequel de ses rouages tant qu’il y a de l’audimat à faire. Donc elle se fond dans le moule, et manipule allègrement tout son petit monde pour les persuader de faire ce que le programme exige… Hélas pour elle, son cynisme ne l’empêche pas de se détester une fois les caméras éteintes.
UnREAL un monde où tout le monde manipule tout le monde
Le reste des protagonistes ne sont d’ailleurs pas en reste, puisque de Quinn (Constance Zimmer, la journaliste politique de House of Cards), la productrice exécutive, à Chet le créateur du show, en passant par les candidates ou encore Adam Cromwell (Freddie Stroma a.k.a le zozo Cormac McLaggen dans Harry Potter — et qui a bien grandi depuis), jeune aristo British courtisé par ces dames, tout le monde se manipule, se ment, retourne sa veste allègrement.
UnREAL dénonce aussi tout le machisme de ce genre d’émissions — Quinn étant la première à le perpétrer, malgré son côté femme-indépendante-qui-couche-néanmoins-avec-son-patron-marié. Je ne vous gâcherai pas le plaisir ici, mais il y a quelques moments d’anthologie qui vont vous faire grincer des dents vraiment très fort.
Le génie de la série : prendre à témoin son spectateur, tout comme… la « vraie » télé-réalité.
Tout comme l’émission qu’elle décrypte, UnREAL déclenche une vraie sensation de malaise, mais aussi une folle addiction : j’ai dévoré les dix épisodes de 50 minutes en un week-end. La série finit aussi par nous prendre à témoin de toutes les horreurs que ces personnages peuvent se faire subir, un peu sur le même modèle que… la télé-réalité bien sûr (tu l’as, la mise en abyme ?). Les comportements de ses protagonistes sont d’ailleurs tellement extrêmes et à la limite du cliché que ça donne envie de voir jusqu’où ils sont prêts à aller. Et forcément, on ne peut pas s’empêcher de dire qu’ils ne sont pas que le fruit de l’imagination des auteures…
À lire aussi : Le binge watching de séries et nous
Pour une fois, la star, c’est l’équipe, pas les candidat•e•s
Et c’est là qu’UnREAL amène toute sa portée : il n’est pas impossible qu’après autant de temps passée derrière la caméra de ce genre de programmes, cette série soit beaucoup plus proche de la réalité qu’on ne le pense. Il n’est pas non plus impossible que Shapiro en profite très largement pour régler des comptes avec ses anciens patrons… on imagine que la catchline du show, « Everyone will be exposed » (« Tout le monde sera mis•e à nu »), est à prendre à plusieurs degrés, et c’est vraiment très plaisant car pour une fois, on se moque non pas des candidat•e•s de la télé-réalité, mais bien de ceux qui la produisent et qui en vivent.
D’ailleurs, ce sont les membres de l’équipe qui sont à poil sur la promo, pas les candidat•e•s.
Alors forcément, quand Quinn, qui entretient avec Rachel une relation maîtresse-élève toxique au possible, prodigue à son petit scarabée son ultime conseil « L’amour c’est chouette, mais ce n’est pas quelque chose autour duquel tu construis ta vie », on ne peut pas s’empêcher de sourire. Jaune.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Dans "the Faith Diaries",
Elle est disponible légalement et gratuitement sur la chaîne Youtube de leur chaîne télé (mais uniquement en anglais, sortez vos dictionnaires). Moi, j'aime bien. Faith est peut-être le personnage le plus adorable de la série, c'est sympa de la revoir.
Sinon, pour en revenir à UnReal,