Ce week-end, entre deux recettes à base de romanesco et les tentatives d’aménagement de ma terrasse d’1m2 en best spot de Paris, j’ai perdu pas mal de temps devant la série Freud.
Mais si Netflix diffuse parfois des séries d’une qualité que certains déplorent, la plateforme est aussi créatrice d’objets précieux.
Hier, après le binge-watching amusant mais vain de Freud, j’ai notamment découvert l’importante Unorthodox, qui m’a tenue éveillée jusque tard dans la nuit…
Unorthodox, de quoi ça parle ?
https://www.youtube.com/watch?v=A9I-ioAx0O0
La série créée par Anna Winger s’ouvre sur une fuite.
Celle d’Esther — incarnée par l’extraordinaire actrice israélienne Shira Haas, vraie révélation du programme — une jeune femme de 19 ans qui seulement munie d’un passeport, d’un peu d’argent et d’une photo quitte un New-York dont elle est originaire et dont elle n’est encore jamais partie.
Derrière elle, elle ne laisse rien, pas un message à son mari qu’elle a épousé un an plus tôt, pas un mot à sa famille, rien.
Une fois arrivée à Berlin, elle rencontre un jeune homme, étudiant dans une école de musique.
Esther assiste à l’un des cours de l’établissement, cachée au fond de l’auditorium, et pleure à chaudes larmes.
Après le cours, elle félicite son nouvel ami, pour « le plus beau concert qu’elle ait jamais vu ».
Après quelques formalités, elle lui demande si elle peut le suivre dans son activité de l’après-midi, qui consiste à aller se baigner au lac.
Elle rencontre alors les amis du jeune homme, et se rend compte que tout ici est bien différent de ce qu’elle connait.
Car Esther n’a pas grandi comme n’importe quelle new-yorkaise.
Non, Esther est née dans une famille de confession juive ultra-orthodoxe de la communauté hassidique de Satmar. Communauté très stricte, régie par beaucoup de règles.
Ainsi, elle a appris la musique en secret, et a vécu selon les règles dictées par son milieu, jusqu’à fuir car « Dieu avait de trop grosses attentes pour elle…»
Mais son mari et le cousin de celui-ci apprennent qu’Esther est à Berlin, et sont bien décidés à la retrouver…
Unorthodox, vers la liberté de son héroïne
Dans l’école de musique qu’elle convoite, Esther entend l’une de ses probables futures camarades raconter aux autres que les ultra-orthodoxe sont des fous. Que les hommes ne font qu’apprendre la Torah, tandis que les femmes ne vont pas à l’école et ne sont réduites qu’à être des « machines à faire des bébés ».
Esther s’insurge et rétorque que non, elle n’est pas « une machine à bébés ».
Cette mini-discussion résume bien le fossé qui sépare Esther de ses camarades, et le manque de compréhension (au départ) de ceux-ci vis-à-vis du mode de vie de notre héroïne.
Mais tout doucement, les étudiants et Esty, comme l’appellent ses proches, apprennent à se comprendre, grâce notamment à l’ouverture d’esprit des musiciens et à la volonté de notre héroïne à s’intégrer.
Unorthodox comporte plusieurs scènes puissantes et lourdes de sens.
L’une, par exemple, capture un instant de vie fort pour Esther : elle fait les boutiques pour la première fois afin d’acheter des vêtements plus modernes que ceux qu’elles porte d’ordinaire.
Alors qu’elle essaie un jean, son mari enfile ses vêtements de prière, dans une chambre d’hôtel.
Tu comprendras alors, mon doux esturgeon, que la jeune femme se délivre des « carcans » de sa religion tandis que son mari s’y plie justement à l’exact même moment.
Fort en symbolique comme beaucoup d’autres scènes du programme qui, en plus d’être passionnant, est très soigné en terme d’esthétique.
Unorthodox, un témoignage didactique
Inspirée des mémoires de Deborah Feldman, l’une des amies de la créatrice de la série, Unorthodox dépeint une communauté très difficile d’accès, dont je ne connaissais pas les préceptes.
Ainsi, au-delà d’un portrait superbe d’une jeune femme en pèlerinage vers la liberté, cette création Netflix en 4 partie introduit les spectateurs dans ce milieu orthodoxe très clos, et lui apprend quelques unes de ses coutumes, avec pédagogie.
La créatrice de la série pose son regard sur cette communauté sans aucun mépris et sans jamais porter de jugement.
En somme, tout ce récit est conté avec beaucoup de délicatesse et de bienveillance.
Évoluant entre passé et présent via pas mal de flash-backs, Unorthodox est hypnotique et bouleversante.
Je te conseille d’y céder dès ce soir, douce lectrice.
Personnellement, la mini-série Netflix a d’ores et déjà intégré le top 5 de mes séries préférées de 2020.
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Les Commentaires
Dans ce documentaire, on suit Rachel Freier, mère de six enfants et dévouée à sa religion, qui a pourtant bravé l’interdit en menant à bien des études de droit. Aujourd’hui avocate, elle lutte à sa manière contre le carcan patriarcal. Elle a créé un corps de secouristes uniquement composé de femmes, afin de garantir un accès égalitaire aux premiers secours. En effet, une juive hassidique ne peut théoriquement être touchée par aucun autre homme que son mari. Pour leur engagement, ces courageuses bénévoles risquent leur réputation, mais aussi l’avenir de leurs enfants…