Dans la catégorie Mais quel est le feuque, l’université Tsinghua basée à Pékin a fait fort : elle propose un cursus d’un an (soit 240 heures de cours) intitulé « formation supérieure pour femme du monde à la page ». A raison de quatre jours de séminaires tous les deux mois, ces études au petit air de formation en alternance sont proposées par l’institut des Beaux-Arts de Tsinghua et ses enseignements sont répartis en plusieurs catégories, dont :
- Comment mener une vie heureuse,
- Comment devenir une femme lettrée,
- Comment être une femme à la page,
- Musique et danse,
- Culture artistique
Entre autres, la formation revient également sur des sujets tels que « l’art féministe », « les règles du savoir-vivre d’une femme du monde », « comment se construire une bonne image », « le choix des couleurs dans sa toilette vestimentaire » ou encore « l’optimisation des investissements réalisés pour l’éducation des enfants ». Le tout pour la modique somme de 5800€ pour l’année. Ambiance Nadine de Rothschild dans l’Empire du Milieu.
On peut se demander quel est le public intéressé par ce cursus aussi onéreux qu’inutile : serait-ce le nouveau quartier général des jeunes femmes qui souhaitent trouver un bon parti et ont l’impression de faire ainsi un bon investissement ? Des jeunes femmes qui se diraient « Tiens, j’vais dépenser près de 6000 boules mais c’est pas grave parce que je vais me trouver un mec sacrément classe à qui je n’aurais qu’à montrer mon diplôme pour le séduire »
. Ou bien serait-ce le nouveau gadget à la mode chez les hommes les plus fortunés qui voudraient que leur épouse brille en société ? Le mystère reste entier.
Regard intelligent : ok. Assortiment des couleurs : ok. Féminité : ok. Pose de petite fille qui a envie qu'on la protège : ok.
Quoiqu’il en soit, ce cursus me donne envie de crier « BAAAAH » d’un air dément devant mon écran pour deux raisons :
1) Je sais bien que la Chine et la France ont des cultures totalement différentes, mais l’idée-même qu’un pays quel qu’il soit aille dans le sens de l’uniformisation de la femme me hérisse le poil. Et faut-il préciser que j’ai tendance à bondir quand on émet l’idée qu’un individu doté d’un appareil génital féminin a besoin d’une appellation féminine d’origine contrôlée après avoir suivi des cours pour apprendre à différencier un vrai diamant d’un faux ou à se vêtir convenablement afin d’être considéré comme une femme ? On est toutes femmes à notre façon, qu’on se maquille ou pas, qu’on veuille des enfants ou pas, qu’on sache marcher une journée entière en talons, ou pas. Rejoignez-moi : fermons nos petits poings très fort contre nos joues et prions la déesse Hutterusse pour que ce genre de cursus n’atteigne jamais nos frontières. JAMAIS.
2) Certaines réactions suite à l’annonce de l’ouverture de la deuxième session de cette formation m’ont fait bondir, comme ces internautes chinois qui déclarent amèrement qu’il est « facile de faire de l’argent avec les femmes ». En même temps, si la société fait pression sur les femmes pour qu’elles soient à la fois instruites, efficaces en tant que mère et élégantes, arrêtons de pointer du doigt les victimes d’un système qui les voudrait parfaites.
Bien. En tout cas, j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé la catégorie « satisfaire son homme sous les draps sans paraître trop entreprenante ». Diantre. Quel oubli fâcheux.
(via Courrier International)
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