John Moon n’est pas très chanceux ces temps-ci. D’ailleurs, à bien y regarder, sa vie ressemble à une succession d’échecs. Son père, ruiné, a revendu la ferme dont il devait hériter. Depuis, il survit de petit boulot en petit boulot, incapable de s’habituer à des jobs si éloignés du travail de la terre. Moira, sa femme, vient de le quitter, avec leur fils qui n’a même pas un an, et John se retrouve seul à vivre dans leur caravane, avec sa déprime pour seule compagne.
Quand cette sale semaine commence, John est dans les bois, à la recherche d’un cerf aperçu la veille. La saison de la chasse est terminée depuis longtemps, mais vu l’argent qu’il pourrait se faire en revendant la chair de l’animal, se faire prendre pour braconnage est un risque à prendre. Après une longue poursuite, il aperçoit la bête entre les branchages, et tire… avant de s’apercevoir qu’au lieu d’un cerf, c’est une adolescente qu’il a abattue
.
Mais si la chance semble ne pas vouloir être l’amie de John Moon, lui, n’a pas envie de plonger encore plus bas. Et quand il tombe sur une grosse somme d’argent à proximité du cadavre, il se dit qu’après tout, il pourrait bien enfin s’en sortir.
Ce roman noir, écrit par Matthew F. Jones, auteur de polars et de scénarios, est en cours d’adaptation au cinéma. Il nous propose de passer sept jours au côté de John Moon, un pauvre type qui rêve juste à la vie simple qu’il avait imaginée, mais sur qui le sort s’acharne irrémédiablement. On suit ses pensées, qui vont de la panique à la déprime, de l’espoir au délire. Car dans certains moments, l’homme, dépassé par l’horreur de ce qu’il a fait, flirte dangereusement avec la folie. L’écriture est fluide, rapide, et on espère autant que lui qu’il va s’en sortir, même si chaque évènement semble devoir empirer encore la situation.
Ce qui marque, dans ce roman, c’est la Nature, qui reprend ses droits et épouse la fuite en avant de cet homme qui ne vit pourtant que pour elle. L’adjectif qui me vient pour décrire au mieux Une semaine en enfer c’est « organique » : que ce soit avec la terre, boueuse ou asséchée par le soleil, qui est omniprésente, les plantes qui cachent les pires secrets, et imposent la route à suivre comme elles l’entendent, les animaux qui filent entre les jambes ou observent en silence les personnages de cette histoire, et bien sûr l’odeur puissante de la chair en décomposition, qui pique le nez même quand aucun cadavre n’est à l’horizon. Comme une manière de nous dire en chuchotant que le cycle de la nature suit son cours sans se soucier de ce qui est juste ou non; que tout vit, puis meurt, et pourrit.
Matthew F. Jones signe un roman sombre et prenant, plein de personnages abîmés par la vie et qui font des choix pas toujours judicieux, avec en eux l’espoir qu’un jour, la roue tourne…
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