Pour la première fois, une université américaine a rendu hommage à une enfant pour ses travaux scientifiques. Le prestigieux établissement de Yale dans le Connecticut a récompensé Bobbi Wilson, une élève de CM1, pour ses recherches sur les lanternes tachetées, une espèce de papillons asiatiques invasive.
Cette histoire est aussi réjouissante qu’amère puisqu’elle illustre aussi le climat raciste qui règne aux États-Unis. La fillette en question est noire, et ses recherches, qui l’ont finalement rendue célèbre, lui ont tout d’abord valu une interpellation des forces de l’ordre.
La petite chercheuse et le voisin raciste
La lanterne tachetée, ou Lycorma delicatula est un insecte venu d’Asie. Cette espèce de papillon n’a pas de prédateur aux États-Unis et menace actuellement les écosystèmes de l’est du pays. Après avoir étudié cet animal en classe et appris comment l’éradiquer, une petite fille de neuf ans a décidé de mettre en pratique ses apprentissages en neutralisant les lanternes tachetées qui peuplaient son jardin. Elle s’est munie d’eau, de savon et de vinaigre pour pulvériser des troncs d’arbre et repousser les insectes. Son voisin a assisté à la scène avant de prévenir les forces de l’ordre, très inquiet du comportement « louche » de cette « petite femme noire« . La police a pris la menace au sérieux et est immédiatement intervenue pour interpeller la fillette et l’interroger.
Les stéréotypes racistes continuent de gangréner les États-Unis. Une étude parue en 2020 et synthétisant seize ans de recherche a révélé qu’un enfant noir avait six fois plus de risques de se faire tirer dessus par la police. Aujourd’hui encore, 81 % des Afro-américains considèrent que le racisme est très présent dans la société américaine, chiffres à l’appui : les nombreuses études menées sur le sujet nous révèlent notamment que les adolescents racisés seraient victimes d’environ cinq agressions racistes par semaine. Les Afro-Américains gagneraient en moyenne deux fois moins que leurs pairs blancs, et sur les 500 plus grosses entreprises des USA, seules trois sont dirigées par des personnes noires.
Promouvoir l’appétence scientifique des enfants noirs
L’histoire a fait le tour de monde, tant elle illustre les stéréotypes auxquels sont confrontées les personnes racisées. Fin janvier, la prestigieuse université de Yale a organisé une cérémonie en l’honneur de Bobbi Wilson afin de la récompenser pour sa contribution. Les 27 lanternes capturées par la petite fille ont depuis rejoint le musée de l’université, placées dans un cadre à son nom. C’est la première fois qu’un établissement d’une telle envergure récompense les travaux d’un enfant. Avec cette initiative, Yale souhaitait transmettre un message fort contre les préjugés racistes et les biais qui compromettent l’accès des personnes racisées à de nombreuses disciplines.
La petite fille de neuf ans a été invitée à passer une journée à Yale et à partager son intérêt pour les insectes. L’université voulait ainsi encourager l’appétence de cette élève, et avec elle, la curiosité et la persévérance de tous les enfants passionnés de science, malgré leur couleur de peau et les réactions hostiles qu’elle provoque malgré eux.
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
C'est super que l'histoire se termine bien pour elle en tout cas !