En France, plus de 95% des parents utilisent des couches jetables et un bébé en consomme en moyenne 4.000 pendant les trois premières années de sa vie. Les couches sont donc un produit de consommation TRÈS courante mais leur composition exacte reste opaque. (Toi aussi, ça te rappelle le cas des tampons ?).
À plusieurs reprises depuis 2016, des associations de consommateurs et des magazines ont tenté d’alerter l’opinion publique sur la présence de substances toxiques dans les couches jetables.
Les autorités ont fini par se saisir du problème en demandant à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) de réaliser une étude sur le sujet. L’agence a donc passé plusieurs mois à rencontrer des industriels du secteur et des associations et a fait réaliser plusieurs tests dans des laboratoires indépendants.
Plusieurs substances chimiques dangereuses
Les résultats de l’étude, publiée ce mercredi 23 janvier, sont plutôt inquiétants. L’Anses pointe en effet « la présence de différentes substances chimiques dangereuses dans les couches jetables ».
Certaines sont ajoutées intentionnellement par les fabricants : des substances parfumantes par exemple, qui peuvent causer des « allergies cutanées » chez les bébés. D’autres proviennent de l’utilisation de matières premières contaminées (par des pesticides notamment) ou d’un mauvais procédé de fabrication (colles, encres, blanchiment des couches par des agents chlorés, etc).
Ce qui inquiète particulièrement l’Anses, ce sont les « dépassements des seuils sanitaires pour plusieurs substances dans des conditions d’usage réalistes ». Autrement dit, les 4.000 couches au contact de la peau d’un bébé au cours de sa vie peuvent l’exposer à une quantité trop élevée de certaines substances chimiques.
Les fabricants de couches convoqués
Pour l’instant, l’Anses n’a pas publié de liste noire des fabricants incriminés, mais elle précise dans son rapport que ces substances dangereuses ont été retrouvées à la fois dans des couches classiques (vendues en supermarché) et dans des couches se présentant comme écologiques.
Tous les industriels étaient convoqués aujourd’hui au ministère de l’Économie pour prendre connaissance de l’étude. L’Anses leur demande de supprimer toutes les substances parfumantes, de mieux contrôler l’origine de leurs matières premières utilisées (notamment de la cellulose fabriquée à partir de fibres de bois) ainsi que leurs procédés de fabrication. Les entreprises ont 15 jours pour prendre des engagements dans ce sens.
L’agence reccomande aussi de faire évoluer le cadre réglementaire au niveau national et européen. Pour l’instant, les couches sont en effet considérées comme des produits de consommation et ne sont donc pas soumises à des dispositifs réglementaires spécifiques.
Enfin, l’Anses préconise d’augmenter les contrôles dans le futur pour s’assurer que les entreprises revoient réellement leurs méthodes de fabrication.
Inquiétudes sur la composition des couches : que faire en tant que parent ?
Alors, faut-il s’inquiéter si l’on utilise des couches jetables pour son enfant ? La première chose à avoir en tête, c’est que ces substances dangereuses sont présentes en très faibles quantités dans les couches et qu’il n’y a pas de risque immédiat à court-terme pour la santé des bébés (à part éventuellement quelques irritations au niveau des fesses).
Comme l’explique l’Anses, « il n’existe pour l’instant aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches ».
Toutefois, les dépassements de seuils sanitaires pour certaines substances font craindre à long terme des « risques cancérogènes » (selon les mots de François Lasfargues, PDG délégué de l’Anses interrogé sur franceinfo).
En attendant que les pratiques des industriels changent, on peut tenter de décrypter les informations fournies par les entreprises pour choisir les couches les plus sûres possibles.
Mieux vaut par exemple privilégier des couches qui ne contiennent pas de substances parfumantes. Tout comme les couches non-blanchies ou blanchies à l’oxygène (plutôt qu’au chlore).
Toutes les couches jetables contiennent du plastique
Concernant la présence de matières plastiques, il faut savoir que toutes les couches en contiennent – même les couches se revendiquant « écologiques ». Ce qui change, c’est la proportion : certaines couches « écolos » remplacent une partie des matières absorbantes issues du plastique par de l’amidon de maïs par exemple.
On peut aussi s’aider des différents classements des marques de couches, comme celui de 60 millions de consommateurs par exemple publié en septembre 2018, pour faire son choix. Et avant d’acheter toute une cargaison de couches, mieux vaut tester plusieurs marques car certaines seront plus ou moins adaptées à la morphologie de ton enfant.
Enfin, on peut envisager de passer aux couches lavables, plus respectueuses de la santé et de l’environnement. Et si la dimension logistique de l’aventure t’effraie, tu peux aller faire un tour sur le sujet dédié sur le forum de Rockie pour te renseigner et poser des questions.
Pour aller plus loin :
- Tu peux aller lire en ligne le rapport de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire
- Sinon, tu peux te procurer le classement des marques de couches réalisé par 60 millions de consommateurs dans son numéro de septembre 2018 (à trouver en bibliothèque ou à acheter en ligne)
- Tu peux regarder ce comparatif synthétiques et très clair réalisé sur le blog Je-suis-papa
- Enfin, tu peux aller te renseigner sur les couches lavables sur notre forum parentalité.
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