Article initialement publié le 31 août 2022
Lors de sa sortie aux États-Unis en mars 2022, Everything Everywhere All at Once a explosé tous les records. En seulement 15 jours, le film a enregistré plus de 1,7 million d’entrées et a même détrôné Parasite pendant quelques jours dans le classement des meilleurs films de tous les temps sur le site Letterboxd.
Il faut dire qu’Everything Everywhere All at Once est un film A24, qui est un peu l’équivalent en studio de Steven Spielberg : en gros, c’est à A24 que l’on doit un nombre incalculable de chefs-d’œuvre. Vous connaissez désormais le point commun entre Ex Machina, Euphoria, Lady Bird, Midsommar, The Witch ou encore Moonlight.
Autant dire qu’en allant le voir, on s’attendait à ce que ce soit bien. En fait, c’était encore mieux que ça.
De quoi parle Everything Everywhere All at Once ?
Everything Everywhere All at Once a un personnage principal qu’on ne voit jamais dans les blockbusters d’action. Le film décentre complètement de l’increvable figure du mec blanc à la musculature surdéveloppée pour lui préférer celle d’Evelyn Wang (interprétée par la géniale Michelle Yeoh), une femme d’une cinquantaine d’années, immigrée chinoise et précaire.
Evelyn est écartelée entre sa famille qu’elle ne comprend plus, son travail pénible dans une laverie et une gestion chaotique de ses finances. Mais un beau jour, elle se retrouve plongée dans un multivers. Elle découvre les vies plus ou moins étranges qu’elle aurait menées dans chacun de ces mondes parallèles… et apprend que le multivers va devenir sa principale arme pour sauver le monde.
Un bijou de culture pop entre action, comédie et émotion
Malgré son titre imprononçable, Everything Everywhere All at Once est une pépite et ne ressemble à rien d’autre. Dès les premières minutes, le montage survolté annonce un film bourré d’une énergie euphorisante par laquelle on est heureux d’être emportés. Le concept de multivers permet aux réalisateurs de laisser le champ complètement libre à leur créativité.
Cette voie ouverte sur l’imaginaire amène des idées de personnages et de séquences tantôt hallucinatoires ou hilarantes, tantôt bouleversantes. Visuellement, certaines séquences de transition entre les univers sont aussi éblouissantes que celles de 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Quant aux combats de kung-fu, on n’ose pas cligner des yeux de peur de perdre une miette de ces chorégraphies hypnotiques.
Quand le blockbuster raconte une chronique intime sur la maternité et la dépression
Malgré la richesse des mondes parallèles qu’il imagine, Everything Everywhere All at Once ne perd jamais de vue ses thèmes principaux. Outre la qualité de l’action, du suspens et du divertissement, c’est aussi un grand film sur la famille, l’identité et la quête du sens de la vie. Certes, il y est question de sauver le monde, comme à peu près tous les films de superhéros. Seulement, les vrais enjeux autour de cette mission immenses sont étonnamment réalistes et intimes.
Le thème du multivers et ses mondes parallèles parfois absurdes (il y a par exemple une réalité alternative où les humains ont des saucisses à la place des doigts) ouvre une réflexion philosophique. Comment trouver du sens à la vie quand on réalise l’infinité de détails anodins qui influencent notre existence ? Comment ne pas être désespéré lorsqu’on commence à imaginer la vie qu’on aurait menée en faisant des choix différents ?
Ainsi, Everything parle aussi de sentiment de vide, de perte de sens et de dépression. Si le drame intime fonctionne, c’est qu’il est agencé autour d’Evelyn et sa fille Joy. Finalement, tous ces mondes extraordinaires ne sont qu’une version imaginaire des difficultés qu’elles rencontrent dans leur relation. Mais à force d’épreuves communes, insolites ou terrifiantes, elles apprendront à s’apprivoiser, à communiquer et à se comprendre.
Rendez-vous dans les salles obscures ce mercredi 8 mars pour découvrir (ou redécouvrir, parce que c’est impossible de s’en lasser tant le film nous donne à boire et à manger !) le film. Quant aux passionnés de cérémonies du 7ème art, ils peuvent noter dans le agenda la date du dimanche 12 mars, au cours de laquelle la 95ème cérémonie des Oscars sera retransmise depuis Los Angeles.
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