Des bébés échangés à la naissance, ça n’arrive pas qu’au cinéma. Et dans la vraie vie, ça n’a rien d’amusant. Une célèbre maternité de Sofia, la capitale bulgare, affronte actuellement un scandale sans précédent. En cause ? L’échange — involontaire — de deux nourrissons à la naissance. Cette « mésaventure » est une des conséquences d’un système de naissance archaïque qui sépare systématiquement les mères de leurs enfants après l’accouchement.
En vrai non plus, la vie n’est pas un long fleuve tranquille
Les parents d’un nourrisson né en septembre ont décidé de le soumettre à un test ADN, étonnés du peu de ressemblance physique avec le reste de la famille. Le résultat a confirmé leurs doutes : le bébé n’était pas le leur. Lors de son séjour à la maternité, leur nouveau-né a été échangé avec celui d’une autre famille. Le rapport avec la fiction s’arrête là, puisque cette erreur dramatique a été commise involontairement.
Les deux bébés vont rester avec leurs familles légales jusqu’à la fin de l’enquête, mais le dénouement promet d’être long. La justice doit prendre en compte des facteurs complexes comme la situation maritale des parents ou leur potentielle contestation de l’acte de naissance. La mère ayant soumis son enfant au test ADN ne s’est pas exprimée publiquement, mais la seconde annonce déjà son refus de se séparer du bébé qui vit avec elle. Échanger de nouveau les enfants, alors qu’ils ont vécu et se sont attachés à leurs familles actuelles, n’est ni simple ni évident. Comme le fait d’élever un bambin qu’on aime, mais de savoir qu’il en existe un autre ailleurs qui porte nos gènes.
Dysfonctionnements et patriarcat des maternités bulgares
Heureusement, ce type de catastrophe est extrêmement rare. Le directeur de l’hôpital concerné assure n’avoir jamais rencontré ce cas en 30 ans de carrière. Pourtant, cet échange sans précédent illustre les failles d’un système de naissance patriarcal hérité de l’ancien régime communiste. Dans les maternités bulgares, les enfants sont confiés à la pouponnière dès leur naissance, sans bénéficier d’un peau-à-peau préalable avec leurs parents. Les pères sont traditionnellement exclus des salles d’accouchement et doivent payer s’ils souhaitent y assister.
Durant la séparation, les bracelets des mères auraient été intervertis, leur assignant ainsi le mauvais bébé. L’établissement déplore une série de dysfonctionnements et le ou les responsables de cet échange pourraient être condamnés à deux ans de prison.
La situation reste exceptionnelle, mais elle n’en est pas moins inacceptable et attire l’attention sur cette séparation systématique des mères et de leurs enfants à la naissance. Si de telles pratiques n’entrainent en général pas d’échange de bébés, les avantages de la proximité dès les premiers instants de la vie ne sont plus à prouver.
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