Cette histoire absurde pourrait être drôle si elle n’était pas représentative du validisme et des limites du body-positive et de la sororité. Pour une campagne baptisée « L’été est aussi à nous » se voulant inclusive autour des corps à la plage, le ministère de l’Égalité espagnol a récemment pris commande d’une illustration auprès de l’artiste Artemapache. Celle-ci, qui a l’habitude de créer des visuels voulant lutter contre la grossophobie, a été payée 4 490 € pour réaliser le travail ci-dessous, dévoilé fin juillet 2022.
Derrière cette campagne prônant l’acceptation, du vol d’image et du validisme
Le hic, c’est que l’illustratrice s’est fortement inspirée de photos de vraies personnes sans leur demander leur consentement, ce qui peut déjà poser question. Mais surtout, Artemapache a remplacé la prothèse de jambe de l’une des mannequins-activistes dont elle a spolié l’image sans autorisation : Siân Lord.
Une campagne se voulant body-positive qui fait l’inverse de ce qu’elle prône
Cette dernière a extrêmement mal vécu cet exemple manifeste de validisme qui s’ignore, comme elle le raconte dans une publication Instagram publiée le 2 août :
« Cette photo ne me représente plus en train de passer un bon moment au bord de la piscine avec mes amis… Maintenant, cette image me rend extrêmement triste !
Depuis que j’ai découvert vendredi dernier ce qui a été fait de mon image, ma confiance est au plus bas, l’anxiété prenant la première place ! Mes tactiques d’auto-motivation habituelles me font défaut et je me retrouve maintenant dans un endroit étrange !
[…] Je n’ai pas honte de ma jambe ! C’est un produit de force, de résilience et d’indépendance. »
En story Instagram (qui ne dure donc que 24 heures), Siân Lord a également expliqué combien c’est une chose d’utiliser son image sans sa permission, mais c’en est une autre de modifier son corps pour remplacer sa jambe prothétique.
Un mot d’excuse, une promesse, et puis s’en va
Ce qui décuple la violence de cette affaire réside dans le fait qu’il s’agit d’une campagne pour inviter toutes les femmes à s’accepter telles qu’elles sont à la plage.
Sur Twitter, des yeux attentifs ont attrapé la veste de Artemapache. Face à l’esclandre grandissant, l’illustratrice a fini par présenter des excuses, et promis de partager sa rémunération de 4 490 € euros avec les femmes dont elle s’est librement inspirée (et Dafont dont elle a plagié une police de caractères sans en payer la licence d’exploitation) :
« Après la polémique, justifiée, autour des droits à l’image de l’illustration, j’ai considéré que la meilleure façon d’atténuer les dommages pouvant découler de mon comportement est de répartir les bénéfices qui découlent de ce travail à parts égales
[…] J’espère pouvoir résoudre tout ça au plus vite, j’assume mes erreurs et c’est pourquoi j’essaie maintenant de réparer les dégâts causés, pour le moment je vais rester à l’écart des réseaux sociaux et essayer de résoudre cette affaire avec les parties concernées en privé. »
Entre prôner le body-positive et la réalité, il y a bien plus que quelques coups de pinceaux numériques.
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Crédit photo de Une : capture d’écran Instagram
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