« C’est inacceptable ! »
Ce sont par ces mots que l’aéroport de Londres-Gatwick a reconnu sa faute auprès de la BBC, le 7 juin 2022.
Les faits ? Victoria Brignell, une britannique tétraplégique, a été laissée plus d’une heure et demie dans un avion alors que le personnel de l’aéroport de Gatwick devait lui venir en aide, le 4 juin dernier. La femme est revenue sur cette inacceptable péripétie dans les colonnes de la BBC :
« J’ai réservé l’aide trois mois à l’avance : ce n’était pas comme si je venais d’arriver ! Ils savaient que je venais, et je leur ai rappelé il y a deux semaines, et je n’ai jamais obtenu le service que je devais m’attendre à avoir.
Je ne peux pas utiliser mes bras ou mes jambes. Pour descendre d’un avion, j’ai besoin de deux personnes pour me soulever du siège de l’avion et me poser dans une chaise d’allée, qui est un fauteuil roulant étroit spécialement conçu pour me pousser le long de l’allée, puis descendre de l’avion et m’installer dans mon fauteuil roulant qui attend à l’extérieur.
Mon fauteuil roulant est arrivé rapidement, mais les personnes qui devaient m’aider à descendre de l’avion ne se sont pas présentées – elles étaient occupées ailleurs. »
Aucun accès aux toilettes durant l’attente et un formulaire d’excuses de l’aéroport
Durant l’attente, Victoria se rappelle n’avoir même pas eu accès aux toilettes… Pour elle, c’était la quatrième fois qu’elle prenait l’avion. Mais comme à chaque fois, ce vol et l’organisation qu’il demande, représentaient une véritable épreuve, comme elle l’a expliqué à la BBC :
« J’étais très nerveuse à l’idée de voyager en avion parce que j’avais entendu tant d’histoires d’horreur sur la disparition de chaises. »
C’est finalement le personnel de la compagnie British Airways qui l’a fait descendre de l’avion. Victoria Brignell a annoncé avoir reçu un formulaire d’excuse de l’aéroport de Gatwick via Twitter mais qu’elle prévoyait tout de même de déposer une plainte officielle contre eux. Bref, comme dirait Stendhal : « Qui s’excuse s’accuse. »
« Qui s’excuse s’accuse »
À quand une vraie avancée politique et sociale sur la cause des personnes handicapées ? Appelée à témoigner dans la presse à la suite d’un tweet de son amie Sonia Sodha, Victoria Brignell souhaite alerter sur les difficultés quotidiennes lorsqu’on est une personne handicapée face au validisme omniprésent dans notre société :
« Je pense qu’en 2022, les gens ne devraient pas être coincés dans un avion aussi longtemps. Les aéroports britanniques doivent se ressaisir et planifier les effectifs de leur personnel de manière appropriée. »
La baronne Tanni Grey-Thompson, ancienne athlète en fauteuil roulant et entraîneuse, également administratrice de la Commonwealth Sports Foundation et ambassadrice de l’UNICEF, a réagi auprès de la BBC, en annonçant qu’elle avait subi une expérience similaire à celle de Victoria Brignell :
« Je prenais l’avion pour Berlin, l’avion avait deux heures et demie de retard, mais après avoir attendu un peu plus d’une demi-heure à bord, ils n’ont pas pu me donner d’indication claire sur le moment où l’assistance allait arriver.
Ma chaise était à la porte d’embarquement, alors j’ai décidé de ramper au sol et de m’extirper moi-même de l’avion. »
Des situations discriminatoires « déprimantes et familières »
Un correspondant de la BBC, Frank Gardner, lui-même en fauteuil roulant, a lui aussi confirmé que ce manque d’assistance pour les personnes handicapées dans les aéroports devenaient « déprimantes et familières » :
« Les aéroports semblent reculer. Le niveau d’investissement et d’effort nécessaire pour gagner de l’argent dans ces aéroports n’est pas égalé par l’effort. L’argent aussi est nécessaire pour enfin arriver un jour à faire descendre les passagers handicapés de l’avion en même temps que tout le monde. »
L’aéroport de Gatwick a confirmé qu’il allait lancer une investigation sur les raisons pour lesquelles Victoria Brignell n’a pas été prise en charge plus rapidement. Et a une nouvelle fois réitéré ses excuses.
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Image en Une : © Alevision Co – Unsplash
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Les Commentaires
Mais oui on attend toujours des plombes (avant comme après, parce que en plus il faut être à la gare ou à l'aéroport très très très en avance par rapport à l'heure du départ).