En 2023, les femmes risquent toujours leur vie en accouchant. Enfin, pas toutes les femmes. Dans la plupart des pays riches, les futures mères et les parturientes disposent de tous les moyens adaptés pour mener leur grossesse à terme en toute sécurité. Ailleurs dans le monde, on paye encore et toujours sa maternité au prix fort, comme le déplore le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Alors que nous déplorions récemment 2 millions de décès infantiles périnataux annuels, dont 98 % survenus dans des pays pauvres, 287 000 mères ou futures mères décédaient encore des suites de leur accouchement en 2020.
État des lieux de la mortalité maternelle périnatale
En 20 ans, la mortalité maternelle périnatale a diminué d’un tiers. Depuis 2015, les chiffres stagnent, et remontent même dans certaines régions du monde. Selon le dernier rapport sur la mortalité maternelle périnatale publié par l’OMS, 446 000 femmes sont décédées en 2000 pendant leur grossesse ou leur accouchement, soit un ratio de 339 décès pour 100 000 naissances vivantes. En 2015, ce ratio était de 227. Cinq ans plus tard, ce taux stagne à 223, soit 287 000 femmes mortes en couches en 2020.
Ces chiffres nous indiquent que les progrès en termes de survie périnatale sont instables. Les systèmes de santé inégalitaires et les discriminations systémiques continuent de faire des ravages dans des pays perçus comme riches, à l’instar des États-Unis. Outre Atlantique, le taux de mortalité maternelle péri-natale a augmenté de 17 % selon des disparités dramatiques : le ratio de mort périnatale est de 19,1 chez les blanches contre 55,3 chez les femmes noires.
Si ces exemples sont terrifiants, la mortalité maternelle concerne avant tout les régions du monde les plus pauvres ou ravagées par les conflits. En 2020, 70 % des décès périnatals sont survenus en Afrique subsaharienne. Dans ces pays en proie à des crises humanitaires de grande ampleur, le ratio de mortalité est deux fois plus élevé que la moyenne mondiale.
Des décès facilement évitables
Dans le monde, un tiers des femmes ne bénéficie même pas de la moitié des examens anténatals recommandés, ni d’un suivi après l’accouchement. Ces procédures essentielles permettent de dépister et de traiter des complications communes comme les hémorragies, l’hypertension artérielle ou l’aggravation de comorbidités. Faute de soins adaptés, ces pathologies entraînent de nombreux décès.
Alors que la grossesse devrait être une expérience positive et porteuse de grands espoirs pour toutes les femmes, elle continue malheureusement de représenter un immense danger pour les millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des soins de qualités adaptés. (…) Ces nouvelles statistiques révèlent l’urgence de garantir à chaque femme et à chaque fille un accès aux services de santé essentiels avant, pendant et après l’accouchement, et qu’elles puissent exercer pleinement leurs droits reproductifs.
Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS
À l’heure actuelle, la moitié de la population mondiale ne dispose pas d’une couverture globale lui permettant d’accéder gratuitement à tous les soins essentiels. Pour permettre à tous de bénéficier de soins adaptés, l’OMS mise sur le principe de soins de santé primaire, c’est-à-dire une approche de soins globale basée sur la prévention, l’autonomie et l’implication collective, notamment grâce à la mobilisation et l’optimisation des moyens matériels et humains disponibles. Ses différents protocoles de soin sont par ailleurs pensés pour répondre aux besoins et aux défis spécifiques des populations concernées.
D’ici à 2030, l’OMS a pour objectif d’atteindre un ratio de 70 décès pour 100 000. Il faudrait pour cela pouvoir garantir l’accès aux soins de santé primaires à toutes les femmes. Faute de financements et de formations, 1 million de femmes risquent alors de mourir en couche dans les sept prochaines années.
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