Dans les affaires de violences sexuelles sur mineurs, le doute bénéficie encore et toujours à l’agresseur. En Suède, un homme jugé pour les viols d’une enfant de dix ans vient d’être relaxé en appel. Le crime est avéré, mais le mot employé par la fillette « porterait à confusion » sur la nature exacte des agressions. Les faits se sont déroulés pendant l’été 2021, dans le sud de la Suède. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, a violé la fillette à deux reprises dans les locaux de l’Armée du Salut locale. Dans sa déposition, la petite fille raconte son agression en détail avec des mots de son âge et décrit le viol de sa « zézette ».
Condamné en première instance à trois ans de prison et à l’équivalent de 12 600 euros de dommages et intérêts, l’homme – qui nie les faits – a fait appel. Lors d’un deuxième jugement rendu le 23 février, les juges se sont cette fois interrogés sur les termes employés dans la déposition. Selon le Monde, qui relaie l’affaire, en suédois, zézette se dit snippa et désigne l’ensemble des organes génitaux féminin et pas seulement le vagin. Les magistrats ont donc estimé que la déposition ne permettait pas de conclure à un viol, c’est-à-dire une pénétration vaginale. Dans le doute, l’agresseur a été relaxé, bien qu’une agression sexuelle soit avérée.
Un tollé sur les réseaux sociaux et dans le milieu de la justice
Lors du procès, l’avocate de l’enfant a précisé que les policiers s’étaient assurés que la déposition soit la plus détaillée possible, rappelant par ailleurs que le terme snippa s’emploie couramment dans les écoles et dans les crèches. Cela n’a pourtant pas suffi à convaincre quatre des cinq juges. Coïncidence ou non, ces juges étaient tous des hommes d’une soixantaine d’années. Pour la seule magistrate, plus jeune, la déposition ne comportait aucune ambiguïté.
Cet événement a provoqué un tollé en Suède où, comme ailleurs, la violence sexuelle n’épargne pas les plus jeunes. Selon le conseil national suédois de la prévention des crimes, on estime que plus de 13 000 mineurs en ont été victimes en 2021. Dans ce pays célèbre pour son respect des droits de l’enfant, cette mise en doute de la parole de cette petite fille inquiète les juristes. Les réseaux sociaux dénoncent un scandale judiciaire et le message #JagVetVadAnSnippaÄr (je sais ce qu’est une zézette) lancé par Caroline Svelid, une célèbre influenceuse suédoise a été repartagé des centaines de fois.
La polémique se poursuit jusqu’au sein même de l’institution. « Extrêmement surprise », la procureure Eva-Lotta Swahn a dénoncé cette décision « étrange » et exigé que l’affaire soit examinée par la haute cour de justice.
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