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Culture

Une chanson, un souvenir  — « Feeling Good » (Michael Bublé)

Une chanson, un souvenir, c’est le nom de notre nouvelle rubrique où on vous invite à nous raconter l’anecdote qui accompagne une musique !

Il nous arrive de vivre un évènement plutôt fort, ou juste un joli moment, ou d’expérimenter une prise de conscience. Mais ces instants de vie prennent une toute autre ampleur quand on écoute ou qu’on entend par hasard une chanson qui, on le comprend très vite, sera toujours associée dans notre tête à ce moment précis. Et là, c’est vachement bien, parce que ça donne l’impression d’être le personnage le plus important de la scène-clé d’un film.

Eh bah tu sais quoi ? On te propose de nous raconter tout ça ! C’est pas que j’ai pas envie de raconter toute ma vie, de ma première hémorroïde à ma troisième carie, mais il se trouve que j’ai encore envie de garder un peu de mystère sur mon existence et, surtout, sur mes goûts musicaux parfois bien difficiles à assumer.

Pour participer à la rubrique Une chanson, un souvenir, il te suffit de raconter le souvenir en question et de l’envoyer à mymy[a]madmoizelle.com avec l’objet « Une chanson un souvenir » (sinon c’est le bûcher). Ça peut être drôle, ça peut être triste, ça peut être plein de trucs à la fois, c’est vraiment toi qui décides !

En proposant cette rubrique, et en choisissant de la lancer moi-même, je me suis tirée une balle dans le pied. À la base, c’est quand même le genre d’articles qui va vite à écrire, vous en conviendrez. Mais j’ai passé deux heures à hésiter entre mille chansons associées à tout autant de souvenirs. Je sais que je vais regretter d’avoir arrêté mon choix là-dessus sitôt que l’article sera publié. Mais la vie est ainsi faite, alors en avant Guinguamp.

Si tu lis madmoiZelle régulièrement, tu n’es pas sans savoir qu’il y a quelques mois, j’ai quitté un garçon avec qui je vivais une histoire depuis trois ans. C’est pas un secret, j’en parle à peu près une semaine sur deux ici, mais faut pas m’en vouloir, c’était pas une décision facile.

C’est un peu comme quand on était petites et que nos parents nous conseillaient d’arracher une dent de lait qui ne tenait plus qu’à un fil : on savait que ça ferait pas mal longtemps et que ça irait mieux après mais on avait peur d’avoir mal quand même. Attends, non : je veux pas comparer mon ex à une dent, enfin j’veux dire, c’est mon ex quoi, c’est quelqu’un que j’ai aimé, donc j’ai beaucoup plus de respect pour lui et d’affection pour ce qu’on a vécu que pour mes anciennes dents. Faudrait voir à pas déconner.

C’était un mois après la rupture et je faisais tout pour aller bien, même si je n’arrivais pas à me débarrasser d’un énorme sentiment de culpabilité. D’avoir fait souffrir quelqu’un, déjà, mais pour une autre raison, plus égoïste mais tout aussi encombrante : j’avais peur d’être seule. J’avais peur d’avoir perdu mon unique occasion d’être vraiment aimée dans ma vie, d’avoir rejeté le seul homme dans le monde capable de me respecter.

J’avais été mise sur un piédestal, je crois, pendant trois longues années, et je ne savais plus ce que c’était que de séduire, de plaire, de tomber amoureuse, de vivre des trucs forts, d’avoir des déceptions, ce genre de trucs. Ça faisait un mois, donc, que je vivais dans cette sorte de crainte irrationnelle, de peur nulle, et j’avais constamment une sorte de pack de bière sur l’estomac (et dans l’estomac aussi, deux soirs par semaine à peu près).

Une nuit, vers 3h du matin, je rentrais chez moi après une bonne soirée. Je sais pas pourquoi, cette nuit-là, je sentais poindre le bien-être. Enfin si en fait, je sais pourquoi : je venais tout juste de renouer avec le flirt sans pression, sans promesse, sans rien de plus que des trucs cools et éphémères.

Je marchais et, pas à pas, je me sentais un peu plus « pleine », un peu plus fière. C’était encore tout ténu. Musique dans les oreilles, je rentrais chez moi et je repensais à la soirée, toute contente. C’est là que le mode aléatoire m’a balancé Feeling Good, repris par Michael Bublé — et si ça avait été une autre chanson, peut-être que ce souvenir ne serait jamais devenu important pour moi.

Clairement, elle ne vaudra jamais la version de Nina Simone, mais qu’importe : elle aura toujours une valeur sentimentale très forte à mes yeux. Parce que c’est une chanson sur la renaissance, sur un nouveau jour qui se lève, ou une nouvelle ère, comme tu préfères. Une chanson sur le fait de se sentir bien dans ses pompes (ou peut-être sur la drogue, si ça se trouve, mais comme je mange pas de ce pain-là je ne ferai pas cette interprétation).

Là où la chanson originale est élégante et subtile, celle-ci semble inciter ceux et celles qui l’écoutent à mettre leurs gonades sur la table, avec les trompettes et la voix du mec à qui on la fait pas.

J’ai eu le déclic : j’ai repensé à une fois où j’avais dit, dans une conversation sur les méandres de l’amour et les surprises de la vie : « Si ça se trouve, quand je le quitterai, ce sera pour une fille ». J’ai compris que c’était vrai, en fait : j’avais quitté mon ex pour une fille et cette fille, c’était moi. Toutes ces réflexions m’ont amené à une autre plus importante encore, qui les englobait toutes : je répétais depuis un mois que j’avais pris la bonne décision, et je le pensais, mais je n’en étais pas encore convaincue.

Ce soir-là, Michael Bublé a terminé de me convaincre. C’était la chanson parfaite, au bon moment. C’était fini : j’avais plus peur. Ni d’être seule, ni de culpabiliser encore longtemps. J’avais juste renoué avec l’envie d’être heureuse et ça commençait surtout par m’octroyer le droit de l’être.

À ton tour de nous parler des chansons qui ont rythmé ta vie !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Brifon
22 mai 2014 à 01h05
Brifon
Témoignage envoyé ! En espérant qu'il vous plaise
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