« Peut-être que le meilleur mot pour décrire là où j’en suis est “évolution”. Je veux dire que j’évolue loin du tennis vers d’autres choses qui sont importantes pour moi. »
Une sportive inégalable tire sa révérence : la tenniswoman états-unienne Serena Williams a annoncé que son prochain tournoi de l’US Open sera son dernier. À 41 ans, elle raccroche la raquette pour se consacrer à sa famille et à ses projets futurs. Mais n’allez pas y voir une mise à la retraite, un mot qui clairement ne fera jamais partie de son vocabulaire.
« Si j’étais un mec, je ne serais même pas en train d’écrire ça »
Serena Williams a fait son annonce dans les colonnes du Vogue États-Unis, mentionnant ce double-standard persistant selon qu’on soit un homme ou une femme dans le sport de haut-niveau :
« Croyez-moi, je n’ai jamais voulu avoir à choisir entre le tennis et avoir une famille. Je ne crois pas que ce soit normal. Si j’étais un mec, je ne serais même pas en train d’écrire ça puisque je serais dehors en train de m’entraîner et de gagner pendant que ma femme ferait tout le travail physique lié à l’expansion de notre foyer. Peut-être que je serais davantage comme Tom Brady si j’en avais la possibilité. »
Serena Williams, une championne qui a pris des coups
Durant toute sa carrière, elle a enduré des remarques sexistes et racistes, notamment sur son physique. Des remarques d’anonymes sur les réseaux sociaux, de la part de commentateurs sportifs, voire d’athlètes elles-mêmes.
On lui a reproché en 2018 sa combinaison Nike, jugée pas assez réglementaire, alors qu’elle était dédiée à favoriser sa circulation sanguine et lui éviter une nouvelle embolie pulmonaire. On l’a accusée d’être une diva arrogante (coucou le stéréotype de l’angry black woman) à maintes reprises. Par exemple, son accrochage avec l’arbitre Carlos Ramos lors de l’US Open de la même année lui avait valu un avertissement puis une pénalité. Cet incident avait capté toute l’attention médiatique, occultant ainsi la victoire de Naomi Osaka.
Serena Williams aura marqué le sport féminin en profondeur, par sa ténacité :
« J’ai construit une carrière en canalisant la colère et la négativité et en la transformant en quelque chose de bon. Ma sœur Venus m’a dit une fois que quand quelqu’un dit que tu ne réussiras pas à faire quelque chose, c’est parce qu’eux ne peuvent pas le faire. Mais moi je l’ai fait. Et vous aussi vous pouvez. »
Elle revient aussi sur les difficultés de sa grossesse et de son accouchement.
« J’ai eu des occasions de revenir après avoir accouché. Je suis passée d’une césarienne à une deuxième embolie pulmonaire à une finale de Grand Chelem. J’ai joué alors que j’allaitais. J’ai joué pendant ma dépression post-partum. »
Aujourd’hui, sa fille Olympia approche de ses cinq ans et Serena Williams veut se donner la possibilité d’avoir un deuxième enfant. Raccrocher est loin d’être facile et elle le sait déjà, tout en espérant qu’on se souviendra de ce qu’elle a accompli, ses performances, tout comme son engagement féministe :
« Je suis loin d’être parfaite, mais j’ai aussi pris beaucoup de critiques, et j’aime à penser que j’en ai bavé en tant que joueuse de tennis professionnelle pour que ce soit un peu plus facile pour la prochaine génération. Au fil des années, j’espère que les gens diront que je symbolise quelque chose qui dépasse le tennis.
J’admire Billie Jean [King, autre grande championne de tennis qui s’est battue pour l’égalité dans le sport, ndlr] car elle transcende son sport. J’aimerais que ce soit : Serena est ceci et cela et c’était une grande joueuse de tennis et elle a gagné ces compétitions. »
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Crédit photo : Rob Keating from Canberra, Australia, Australia, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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