— Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Pocket jeunesse. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Une braise sous la cendre est la série de Sabaa Tahir, aux éditions Pocket jeunesse, dans la liste des best-sellers selon le New York Times. Elle s’inscrit dans la lignée de la dystopie et je vous vois venir avec vos gros sabots : « encore une ? ».
Oui, encore une. Mais celle-là a vraiment un petit quelque chose en plus. À l’occasion de la sortie du tome 2, Une flamme dans la nuit, le 17 novembre 2016, voici trois bonnes raisons de vous plonger dans la série dès maintenant !
Un univers recherché
La caractéristique de la dystopie (un récit de fiction créant une société imaginaire, oppressante pour ses personnages) est de créer un univers, une organisation spécifique et inédite de la société (pas folichonne donc).
Dans Une braise sous la cendre, elle se divise entre les Érudits, les individus cultivés et détenteurs du savoir, et les Martiaux, l’armée avide de sang et caractérisée par sa violence et sa dévotion envers l’Empereur.
Vous le devinez au manichéisme de cette répartition, ça ne se passe pas très bien entre eux, et les Martiaux persécutent et assassinent sans scrupule les Érudits. Certains individus s’organisent d’ailleurs dans la Résistance, afin de faire tomber le pouvoir en place.
Ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman, c’est que nous nous trouvons finalement face à des questionnements d’actualité et hélas bien réels, lorsque dans des pays on choisit de brûler les livres, de plonger les peuples dans l’ignorance et l’avilissement pour mieux les contrôler. Eh oui, les dystopies, c’est plus politique que ce que l’on croit !
La force de ce roman, c’est aussi son décor. Dans la plupart des dystopies il n’est jamais très accueillant, et celui-ci ne fait pas exception. Mais la construction de l’univers oriental est aboutie : on a l’impression que le sable nous colle au visage et que la chaleur est écrasante.
Une petite touche de fantastique vient donner une dimension inquiétante à tout cela, avec la mention des légendes, de goules et de djinns, bref tout un folklore qui transpose complètement la lecture dans une ambiance immersive et singulière.
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Des personnages qui gagnent en relief
Chez les Martiaux, il existe une école, dirigée par l’abominable Commandante, qui n’hésite pas à mutiler lorsqu’elle ne bat pas à mort ses esclaves ou les élèves.
Dans cette école, on forme à cette même violence les jeunes générations, afin qu’ils deviennent des soldats redoutables, discrets et impitoyables : Les Masks. Ils se nomment ainsi car un masque d’argent est posé sur leur visage au cours de leur formation, et s’y greffe pour ne faire plus qu’un avec eux.
Mais il y a une personne dont le masque ne se greffe pas à son visage : Elias, l’un de nos héros. L’adolescent refuse l’embrigadement et n’arrive pas à participer aux frénésies collectives avec les autres élèves quand l’un des leurs est torturé à mort sur la place publique après avoir fauté.
Côté Érudits, on fait la connaissance de Laia, notre héroïne, dont le frère, résistant, se fait arrêter par les Masks. Lors de son arrestation, elle fuit. Rongée par la culpabilité, elle va tout mettre en œuvre pour retrouver et sauver son frère.
On va donc avoir affaire à deux personnages qui vont se battre au nom de la liberté : la liberté d’Elias par rapport à l’Empire, la liberté du frère de Laia et la sienne vis-à-vis de son oppression. De nobles causes, en somme !
Les personnages gagnent véritablement en profondeur et en nuance au fil de leurs aventures. Au début, nous avons deux personnages très hésitants, dont on pressent le potentiel de rébellion mais dont la peine et les craintes prédominent. Et les deux protagonistes vont progressivement se révéler.
C’est plus agréable d’avoir des personnages imparfaits et un peu lâches au début, plutôt qu’extraordinairement courageux et volontaires. L’imperfection, la nuance psychologique et l’évolution comportementale sont des dimensions importantes en littérature adolescente, et c’est ici réussi !
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Un récit prenant
La narration alterne entre les points de vue de Laia et d’Elias. Et c’est terrible. C’est terrible parce qu’à la fin de chaque chapitre on se retrouve souvent face à un suspense très savamment dosé, qui nous plonge dans une frustration de l’extrême tout au long du roman.
Bien entendu, en tant que lecteur•trice qui aime souffrir, c’est particulièrement plaisant d’être tenu•e en haleine comme ça et d’avoir du mal à décrocher, car c’est signe que le roman est efficace
L’histoire reprend des codes communs de la dystopie et de la littérature adolescente. Elias doit notamment se livrer à des Épreuves, qui ne sont pas sans rappeler les jeux dans Hunger games ou la survie terrible des garçons de Le Labyrinthe, sans toutefois que cela soit central contrairement à ces romans.
Mais dans l’univers mentionné précédemment, et en ajoutant tout le folklore oriental, cela permet d’avoir des chapitres avec de vraies péripéties palpitantes (et après tout, si c’est repris, c’est que ça fonctionne !).
En bref, si vous aimez les dystopies, vous aimerez Une braise sous la cendre. Mais si vous appréciez les récits prenants, qui entretiennent un vrai suspense, une envie de connaître la suite, et qui ne vous épargnent pas (votre souffle risque d’être court par moment), vous aimerez la série !
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