La première édition d’Une Ambition Intime, avec Karine Le Marchand, a rassemblé du monde dimanche soir sur M6. L’émission a atteint une part d’audience de 13,6%, se hissant à la seconde place des programmes les plus regardés. L’idée : interviewer les principaux et principales candidat•es aux élections présidentielles, en toute intimité.
Des questions très éloignées des programmes, dans un cadre intimiste
Dans des décors semblables à d’autres programmes stars de la chaîne comme L’amour est dans le pré ou Les Reines du shopping, les candidat•es étaient invité•es à se confier sur leur parcours, leur vie privée, leur famille… Des questions finalement très éloignées de leur programme politique ou de leur ambition présidentielle.
L’émission a provoqué des réactions assez virulentes sur Twitter et dans les médias, allant jusqu’à attaquer personnellement Karine Le Marchand.
Mais quoiqu’on en pense, cette émission aura au moins eu le mérite de nous faire réfléchir : à son visionnage, on a vraiment la sensation que les politiques sont perdus dans leur rapport aux citoyen•nes, s’ils et elles en viennent à nous parler jardinage et premiers amours pour tenter de recréer du lien…
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Jardinage et premiers amours autour d’un verre de vin
Qu’ai-je pensé, moi, en tant que citoyenne qui a l’intention d’aller voter, de cette émission ? J’ai senti beaucoup de scepticisme.
Une Ambition Intime s’ouvre avec le portrait de Nicolas Sarkozy, né à Neuilly. L’ancien président affirme qu’en arrivant, sa famille « [ne] connaissait personne, et personne ne [les] connaissait ». En fond, une chanson de James Blunt essaieraient presque de m’arracher une larme…
Alors non, je n’ai pas été touchée par ces portraits, même s’ils sont volontairement touchants, par le choix des questions intimes qui étaient posées. Arnaud Montebourg a les larmes aux yeux en parlant de la naissance de sa fille, grande prématurée, Marine Le Pen confie avoir été victime de harcèlement scolaire…
D’accord. Les politiques sont humain•es, ce ne sont pas des machines. Mais ce n’est pas sur son capital sympathie que je juge un•e candidat•e, c’est sur ses idées ! Je ne suis pas davantage séduite par ces gens parce qu’ils ont traversé des épreuves, cette intimité n’a aucune incidence sur le regard que je porte à leurs programmes et leurs idées.
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Pourtant, comprendre leurs motivations, leurs priorités et même leur passé, je ne demande que ça ! Parce qu’en l’état actuel, je ne me sens proche d’aucun•e des candidat•es déclaré•es. Et ce n’est pas en m’invitant à boire un verre sous leur tonnelle que cette perception changera.
Une politique trop éloignée des citoyen•nes ?
Beaucoup de gens de ma génération m’expliquent qu’ils n’iront pas voter. Selon eux, les candidat•es à la présidentielle sont « tou•tes des pourri•es », apparaissent très éloignés de nos réalités concrètes, par leur naissance, leurs origines sociales, leurs parcours scolaires et professionnels… Même leurs discours peinent à nous atteindre, nous, potentiel•les électeurs ou électrices.
Sauf qu’à mon sens, ne pas aller voter, c’est faire une croix sur ses acquis de citoyen•ne. Dans une démocratie, on a tou•tes le droit à la parole, et ne pas la prendre, c’est tourner le dos à des droits durement gagnés. Loin de moi l’idée de fustiger ceux et celles qui n’iront pas voter. Seulement s’il y a autant de gens qui ont décidé de s’abstenir, c’est clairement qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre système.
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Remettre les citoyen•nes au centre des programmes, pas de votre salon
Une Ambition Intime propose une approche différente, en réponse à un besoin de recréer un lien
Si Une Ambition Intime m’a chiffonnée sur de nombreux points, on ne peut pas lui retirer ce mérite : celui d’avoir essayé de proposer quelque chose de différent. L’émission a tenté de nous inciter à revoir notre rapport aux candidat•es.
Alors certes, voter pour quelqu’un parce qu’on est ému•e par les épreuves qu’il ou elle a traversé, c’est risqué. Ce n’est pas parce que Marine Le Pen a subi une attaque à la bombe quand elle était enfant que son programme en est moins dangereux. Et Bruno Lemaire a beau vivre une romance très émouvante avec sa femme, ça ne me dit rien de ses propositions.
Pour beaucoup de monde, la politique est un sujet distant, compliqué et rébarbatif. Pour ma part, je préfère écouter de la musique ou lire un bon livre dans la métro le matin, plutôt que d’écouter Jean-Jacques Bourdin s’engueuler avec un•e énième candidat•e.
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C’est bien beau d’en savoir plus sur la vie privées des candidat•es, mais ce n’est pas de cette proximité dont on a besoin : ce n’est pas le manque d’intimité qui nous tient à distance de la classe politique, c’est le manque de projets inspirants pour et avec nous, la jeunesse. Ramener le citoyen au coeur des problématiques politiques, et s’adresser à tout le monde quand il est question d’élections, c’est ça la priorité.
Et tiens, puisque les présidentielles approchent à grands pas, il serait temps de s’y mettre, non ?
Chères femmes et hommes politiques, invitez-nous dans vos projets et dans votre ambition collective, pas dans l’intimité de votre salon.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Je ne suis pourtant pas un mec misogyne mais lorsqu'elle a tenté de parler de sujets politiques, elle n'a pas fait son job de mise en perspective de ce que les politiques pouvaient dire, c'est indéniable.
Je répète mon précédent poste, mais laisser Marine Le Pen dire qu'elle regarde l'humain et non pas l'origine des gens, mais non quoi, on ne peut pas laisser ce genre de discours sortir d'un canapé, entre deux citronnades et deux pots de fleurs sans réagir. Ce serait laisser les gens oublier le fond de commerce du FN !!
Clairement à ce moment là, Karine Le Marchand montre ses limites en matière de journalisme politique. Elle peut très bien s'y connaitre en politique, mais elle n'est pas journaliste politique et n'était pas prête pour ce genre d'exercice. C'est dangereux.
C'est comme si on avait demandé à Thierry Roland de présenter cette émission : rien à voir quoi !! Elle reste une animatrice, aussi brillante soit-elle. Sauf qu'avec des politiques, ce n'est pas de l'animation qu'il faut faire.
Sincèrement cette émission était un "Public" ou un "Gala" télévisé à heure de grande écoute : de la com de la com de la com pour des personnes dont l'image est contrôlée à chaque seconde.