La maternité des Lilas, c’est le symbole de la lutte pour les droits des femmes, autant dans la prise en charge des IVG que des accouchements. Le respect des femmes, de leurs désirs, et de leur bien-être compte ! Ce n’est pas le cas dans toutes les maternités. Fait rare : on a la possibilité de prendre le temps d’accompagner les parturientes.
Le 2 juin 2022, l’ARS Île-de-France risquait de ne pas renouveler son autorisation d’exercer. En cause ? Un déficit qui s’élève à plusieurs millions d’euros et des locaux vétustes qui ne correspondraient plus aux normes.
L’habilitation a été prolongée d’un an, à la suite de la crise du Covid, a-t-il annoncé. Ce n’est pas une mesure spécifique à la maternité des Lilas, nous indique 20 Minutes. Myriam Budan, directrice de la maternité des Lilas :
« On a un an pour trouver une solution et ne pas fermer ! »
Certes les moyens manquent, mais une fermeture plutôt qu’une remise aux normes semblait être une hérésie, tant cette maternité est considérée comme un exemple dans la prise en charge des femmes.
Une mobilisation importante pour sauver les Lilas
L’annonce de la fermeture de cette maternité, précurseuse dans l’accompagnement des femmes pendant leur accouchement, avait fait des émules. Les nombreuses patientes qui y ont accouché d’abord, comme l’actrice Karine Viard, qui racontait la naissance de ces deux enfants.
« C’est pas des gens qui appliquent des dogmes. Pour eux, la vérité, c’est la vérité de chacun. »
La chanteuse Catherine Ringer raconte également son expérience à la maternité des Lilas, ses avortements et son accouchement :
« On n’est pas accouchée ici, on accouche. »
Une autre ancienne patiente Jeanne Barral, conservatrice de musée de 33 ans, avait lancé une pétition en avril 2022, qui a sans doute joué dans le sursis. Elle déclarait à 20 Minutes :
« L’idée de la pétition, c’est d’apporter le soutien des usagers. C’est un enjeu de santé publique, de féminisme et d’emploi local car 120 emplois sont en jeu. »
Pour signer la pétition, c’est ici !
Un lieu militant et bienveillant, chargé d’histoire
Vous l’aurez compris, la maternité des Lilas n’est pas une maternité comme les autres. Elle a une histoire militante riche et a été le berceau de luttes pour un meilleur accompagnement des femmes.
Chantal Birman, la sage-femme iconique du documentaire d’Aude Pépin, À la vie, y a travaillé durant 40 ans et a participé activement à ces luttes :
« Les gens se battent aussi pour ce conservatoire de l’humanité. On a construit une équipe au fur et à mesure des années et on a aussi détruit une équipe.
On est passées de un pour tous, tous pour un… à l’intérêt individuel qui a primé ses dernières années. […]
Les sages-femmes ont tout de même su passer cet esprit ! Quand j’entends les femmes parler de leur accouchement. Elles me disent toutes que c’était formidable, aujourd’hui toujours. Cet esprit est passé au niveau de l’équipe de sages-femmes, ce qui est le cœur de la maternité. »
Chantal Birman poursuit :
« En ce moment aux Lilas, il y a une diminution du nombre de naissances et il y a eu cette transmission de la pédagogie de l’accompagnement. Ça fonctionne toujours ! »
Pour elle, cette maternité, qui a expérimenté et qui a tant fait pour les femmes, pour que leurs accouchements se passent le mieux possible, loin des usines à bébés, devrait être protégée :
« J’ai toujours pensé qu’il aurait fallu un statut particulier à ce lieu, c’est un véritable conservatoire de l’humanité.
Je regrette de n’avoir pas pris conscience à temps de la responsabilité qu’il y avait à transmettre l’historique, ce qui s’était passé, comment les choses étaient advenues pour faire de ce lieu un lieu exceptionnel. »
Chantal Birman ne veut pas baisser les bras, ni se laisser envahir par la peine :
« Il ne faut pas se laisser envahir par la nostalgie. Je ne vais pas me mettre sous ma couette et plus bouger. Non. C’est trop facile. Vous n’aurez ma dépression et mon burn-out ! [rires] Je dois tout à la maternité des Lilas. »
Merci beaucoup à Chantal Birman d’être revenue avec nous sur l’histoire de ce lieu mythique. Battons-nous donc pour que les sages-femmes puissent exercer dans de bonnes conditions, et que les femmes aient les accouchements qu’elles méritent !
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Image en une : © Unsplash/Carlo Navarro
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