C’est un document « difficile à lire pour notre personnel », estime Ingrid Johansen, directrice générale de SOS Villages d’Enfants. Selon un rapport de 262 pages, l’ONG internationale, la « plus grande organisation mondiale » présente dans 137 pays en 2022, aurait étouffé de nombreuses affaires de violences sexuelles et de corruption depuis les années 1980.
Après l’arrivée d’Ingrid Johansen à la tête de l’organisation en 2021, cette dernière avait entrepris de « réparer les erreurs du passé ». Elle a alors commandé un audit indépendant, afin de mettre en lumière des cas de maltraitances au sein de l’organisation fondée en 1949. Et les résultats sont sans appel.
De multiples cas de sexuelles sur mineurs
Après avoir visité une dizaine de pays, la commission d’enquête a consulté des milliers de documents d’archives, et mené 188 entretiens avec des victimes ou encore anciens et actuels responsables, a rapporté l’Agence France Presse.
« Nous confirmons des allégations graves de violences » commises sur des mineurs dans plusieurs pays, peut-on lire dans ce texte consulté par l’AFP. « De nombreux cas de grossesses d’enfants » résultant notamment de viols ont été documentés, des fillettes ayant subi des « avortements forcés » sans que le « consentement des familles soit établi ».
Selon l’enquête, au Népal, un donateur a été accueilli dans un centre, « à l’encontre du règlement », et a commis des violences sexuelles sur des enfants, entre 2010 et 2014. L’un d’entre eux a même été envoyé en Autriche afin de lui rendre visite.
Une « culture de la peur »
Ces multiples affaires auraient été passées sous silence. Et pour cause, des lanceurs d’alerte auraient été intimidés et des preuves auraient été détruites. Au Panama, une « culture de la peur » aurait été instaurée détaille le rapport, afin que ces scandales ne soient jamais révélés au grand jour. Une victime a été contrainte de se rétracter, avant d’être placée à l’isolement puis de devoir quitter les lieux.
Le rapport révèle également qu’en Syrie, l’ONG a reçu durant la guerre, à partir de 2015 des enfants séparés de force de leur famille appartenant à l’opposition au régime de Bachar al-Assad. « Ils sont aujourd’hui réunis avec leurs proches et aucun d’entre eux ne fait plus partie de nos programmes », affirme Ingrid Johansen.
Afin de pallier à cette crise, SOS Villages d’Enfants a créé un poste de défenseur des droits, et plus de la moitié des membres de la direction ont été remplacés. Environ 500 victimes ont bénéficié d’un soutien individualisé, psychologique, logistique ou financier.
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