C’est une affaire qui gratte la Macronie. Laurent Bigorgne, proche d’Emmanuel Macron, comparaît ce jeudi 10 novembre 2022 devant le tribunal correctionnel de Paris. Selon 20 Minutes, l’ancien directeur de l’Institut Montaigne est accusé d’avoir drogué à son insu une de ses anciennes collaboratrices. Sophie Conrad, responsable du pôle politique du puissant Think Tank autrefois présidé par Bigorgne, est aussi la sœur de sa première épouse.
Droguée pour discuter
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 22 au 23 février 2022. Sophie Conrad était invitée à dîner chez Laurent Bigorgne. Elle raconte s’être sentie mal après seulement quelques gorgées de champagne. Après avoir envoyé un SMS à une amie, elle parvient à quitter le domicile de son hôte pour se rendre à l’hôpital où les analyses sanguines confirment la présence d’amphétamine et de MDMA. Deux jours plus tard, lors de sa garde à vue, Laurent Bigorgne reconnaît avoir drogué sa collaboratrice. Il ajoute même avoir déjà drogué sa propre épouse à son insu. La question dans ce procès n’est donc pas de vérifier les faits, mais de préciser les motivations de l’accusé. Pour l’instant, Laurent Bigorgne n’est pas jugé pour tentative de viol, et c’est là que le bât blesse.
Selon le dossier de l’enquête, que Libération a pu consulter, Laurent Bigorgne, lui-même sous MDMA lors des faits, n’avait pas d’intentions sexuelles en droguant son ex belle-sœur. « L’idée folle sur le moment était de la faire rentrer dans ma bulle de complicité », a-t-il déclaré lors de sa garde à vue. Son conseiller, Me Sébastien Schapira, met quant à lui l’accent sur l’état dépressif de son client, en proie au burn-out et addict à la cocaïne.
Depuis le début de cette affaire, Sophie Conrad se bat pour que son agresseur soit jugé pour tentative de viol. Une qualification qui lui a jusqu’alors été systématiquement refusée. Elle dénonce une enquête « bâclée » et sous influence et a également porté plainte contre le directeur de la Police Judiciaire parisienne et la procureure de Paris pour « faux en écriture publique » et « obstruction à la manifestation de la vérité ».
Encore un coup du boys club ?
Le pouvoir et la proximité de Laurent Birgogne avec le chef de l’État est ici pointée du doigt. Conseiller de l’ombre d’Emmanuel Macron avant qu’il devienne Président, il avait accueilli à son adresse personnelle la première domiciliation officielle de son parti La République en marche. Il a aussi participé à la création du programme en 2017 et a souvent été cité comme un ministre potentiel. Un lien qui n’a pas échappé à Me Arié Alimi, l’avocat de Sophie Conrad. « L’un des enjeux de ce procès, a-t-il précisé, est de savoir si dans cette affaire, le parquet a pris une posture et un positionnement en raison de la stature du mis en cause. Plus généralement, cela montre pourquoi beaucoup de victimes de viol se détournent de la justice. » Vous avez dit boys club ?
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Crédit photo de Une : Capture d’écran YouTube.
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