Les langues semblent désormais déliées à propos des violences sexistes et sexuelles de Gérard Depardieu. Mais quand la fin de cette omerta était encore loin d’être acquise, l’actrice Sophie Marceau avait déjà dénoncé la domination, les humiliations, les violences physiques et sexuelles que l’acteur lui avait fait subir en 1985 sur le tournage de Police de Maurice Pialat.
Des gifles devant la caméra et des attouchements sexuels lorsqu’elle était éteinte
Étoile montante révélée dans La Boum à 14 ans, Sophie Marceau était tout juste majeure, quand Gérard Depardieu était quant à lui « le monstre sacré » du cinéma français que l’on connait. Ses dénonciations prennent aujourd’hui une nouvelle résonance face à la mise en examen de Depardieu en 2020 pour viols et les multiples accusations de viols et d’agressions sexuelles. Comme l’a relayé Néon, Sophie Marceau avait expliqué au Monde :
« C’était une époque où le réalisateur et l’acteur principal peuvent se permettre, sans que personne ne dise rien […] des comportements considérés ailleurs comme inadmissibles. »
Elle s’était remémorée de multiples actes d’humiliations et de dominations, notamment lorsque Gérard Depardieu avait mangé des escargots au persil avant une scène de proximité avec Sophie Marceau, simplement pour lui imposer une haleine fétide. L’actrice a aussi rapporté des violences physiques. Pour ce film dans lequel une jeune femme (Sophie Marceau) s’éprend d’un policier violent et misogyne (Gérard Depardieu), l’acteur et le réalisateur ont convenu que le policier giflerait la suspecte, sans simuler, dans une scène d’interrogatoire. Au fil des prises, Sophie Marceau a terminé en pleurs.
Ces violences sexistes étaient doublées d’agressions sexuelles : Sophie Marceau avait rapporté qu’entre deux prises, Gérard Depardieu l’aurait touchée sous les draps, des gestes non demandés par le scénario et invisibles à la caméra. « Il n’a jamais osé me toucher devant l’équipe, sinon il aurait reçu mon poing dans la gueule. » Rappelons que ces propos résonnent avec d’autres témoignages, notamment ceux des femmes présentes sur le plateau de Fabien Onteniente, qui rapportent des violences sexistes et sexuelles commises quand la caméra ne tournait pas.
Sophie Marceau traitée de « grosse conne » au lieu d’être écoutée
Comme le rappelle Néon, Sophie Marceau avait dénoncé ces agissements dès l’époque de la sortie du film, mais « personne ne l’avait écoutée ». Maurice Pialat avait soutenu que la comédienne était une « grosse conne » mais aussi « la personne la plus détestable qu'[il a] rencontré depuis qu'[il a fait] du cinéma ».
Les insultes subies par Sophie Marceau, le silence et l’impunité de Depardieu face à son témoignage est emblématique de la culture du viol. À l’heure actuelle, l’acteur est mis en examen pour viol depuis 2020, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnould. Deux autres plaintes ont été déposées contre lui depuis, tandis que qu’en mai dernier treize femmes ont pris la parole dans Mediapart pour dénoncer les comportements de l’acteur, qui continue de nier en bloc.
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Les Commentaires
Oui, désolée, effectivement c'est Linda Blair qui a été blessée.
J'avais vu un article, de slate il me semble, qui compilait toutes les souffrances et agressions sexuelles endurées par les actrices durant les tournages. Je ne le retrouve plus, mais ça illustre très bien les cas cités plus haut.