La cruauté envers les animaux ne devrait pas s’enseigner. Ici, il n’y a pas de place au débat, pour savoir si la chasse est une bonne chose, ou non. L’horreur de cette vidéo, diffusée fin novembre sur les réseaux par le père chasseur d’un jeune enfant, est palpable.
Un enfant achève un sanglier à la demande de son père
On vous épargne la diffusion de la vidéo en question — mais vous pouvez avoir un aperçu de la scène grâce au tweet du média Courrier Picard partagé ci-dessous :
Voici ce qu’il se passe dans les images partagées sur les réseaux sociaux du chasseur, père de l’enfant. Après une battue, le sanglier blessé est acculé et réfugié dans des ronces, cerné par des chiens. La bête hurle à la mort. Le père de l’enfant lui demande de « le piquer au cœur » en lui donnant un couteau. L’enfant s’exécute après quelques hésitations. Il tremble, trébuche. Il a du mal à « piquer », l’animal agonise, sa souffrance s’éternise. Le père encourage son enfant, sous les hurlements des chiens surexcités et du sanglier qui se meurt, terrorisé.
Pierre Rigaux, naturaliste et fondateur de l’association « Nos Viventia » a dénoncé cette vidéo sur ses propres réseaux, et a annoncé qu’une plainte avait été déposée. En effet, si le Code pénal « ne punit les actes de cruauté que pour les animaux en captivité, domestiques ou apprivoisés », cette situation est particulière, puisque « comme [l’animal] est capturé et que l’agonie dure », « la notion de captivité pourrait être retenue ».
Le père chasseur défend son geste
Dans une interview accordée au média L’Union, le père de l’enfant se défend :
On me traite de tueur ou on dit que j’apprends à tuer. Je refuse ces accusations. Les faits sont sortis de leur contexte, j’aime les animaux. Ici, chasser, c’est la tradition. Ce couteau a d’ailleurs été offert à mon fils par son grand-père. Il me le disait lui-même : “Papa, je voudrais prélever mon premier sanglier”. Alors, on l’a fait et pas pour le plaisir, mais aussi pour le bien de l’animal.
Si, d’un point de vue légal, l’enfant a le « droit » d’achever un animal — aucune loi n’empêche un enfant d’accompagner des chasseurs et d’achever un animal, bien qu’il faille avoir l’âge de 15 ans pour chasser accompagné et 16 ans pour chasser seul — la question de la morale et des valeurs transmises à un jeune garçon se pose. Est-ce ainsi que l’on construit une société apaisée et bienveillante ? En apprenant à un enfant comment tuer un autre être vivant qui hurle à la mort ? Quelle est la prochaine étape dans ce genre d’éducation ?
Outre le fait que cette scène de chasse est insoutenable par sa cruauté, on peut se poser la question de la sécurité physique de l’enfant également, qui n’a pas plus de 10 ou 12 ans. Le laisser face à un animal blessé qui agonise, un couteau à la main, dans des ronces, n’a rien de sécurisé.
Légalement, le chasseur n’est pas répréhensible. Moralement, c’est autre chose. Dans cet esprit de tradition française où la chasse continue d’être perçue comme un loisir et non comme une pratique cruelle et dépassée, on ne peut qu’espérer que ce dépôt de plainte pourra faire bouger un peu les lignes et faire prendre conscience de l’aberration de cette pratique, encore plus quand elle implique un enfant. Tuer un autre être vivant ne devrait pas être un acte anodin, pour personne.
À lire aussi : Après combien d’accidents allons-nous vraiment nous pencher sur la question de la chasse en France ?
Crédit photo image de une : Getty Images
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Après comme je te dis, j'ai pas spécialement suivi depuis 2019, donc c'est possible qu'il y ait eu un accident mortel impliquant un tiers non chasseur depuis hein.. Mais ça ne change rien au fait qu'il y en a bien moins qu'en France vu que le précédent était avant 2010 (alors qu'il y a proportionnellement plus de chasseurs), ce qui était my point.
En ce qui concerne l'argument culturel, perso j'ai jamais dit que c'est "bien" parce que c'est culturel, de nouveau, ce que je dis c'est que si la population locale est majoritairement ok avec la pratique et que la pratique est encadrée correctement (ce qui a l'air d'être le cas en Suisse), ça ne me semble pas déconnant de laisser chasser. Mais à ces deux conditions donc. Qui ne s'appliquent pas en France à l'heure actuelle il me semble.