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Elle consulte pour une ligature des trompes, et ce médecin a la pire des réactions

La créatrice du compte Instagram @Gardetesconseils a dû faire face à un gynécologue méprisant qui lui a refusé son opération de ligature des trompes.

Article publié initialement en mai 2022

C’est une histoire banale, malheureusement. Énervante, rageante, mais tristement banale. De celles que l’on entend souvent, et qui nous rappellent que le corps des femmes ne leur appartient toujours pas, que leurs choix et leurs droits continuent d’être bafoués, et qu’il nous reste encore du boulot pour que la société évolue.

Cette histoire, c’est celle d’Ophélie, créatrice des comptes Instagram @Gardetesconseils et @minicoquillette.

Un gynécologue lui refuse son opération de stérilisation

Ophélie est mère de deux enfants. Sur ses comptes Instagram, elle partage son quotidien, ses coups de gueule, ses émotions. Elle parle des difficultés et des petites joies de la parentalité, de ses post-partum, de ses coups durs, elle s’interroge, apprend, découvre et partage.

Ophélie ne veut plus d’enfants. Elle a des raisons qui lui sont propres, et qu’elle ne devrait même pas avoir à justifier. Et pourtant, quand elle a pris la décision de se faire stériliser en ayant une opération permettant la ligature de ses trompes, elle s’est pris un sacré uppercut.

Comme elle nous l’explique par téléphone, son premier rendez-vous avec une précédente gynécologue s’était bien passé. Elle a été informée des risques de l’opération, d’autres méthodes de contraception possibles et a pu avoir les quatre mois de délais de réflexion obligatoire pour bien réfléchir à sa décision.

« J’ai pu aller au rendez-vous avec cette gynécologue avec mon conjoint et mon bébé, qui avait, à l’époque, deux mois. La discussion a été bienveillante, j’ai pu poser toutes mes questions, elle a répondu à mes interrogations. Elle n’a pas du tout essayé de me dissuader, mais m’a seulement demandé d’attendre que mon enfant ait un an avant de pratiquer l’opération, ce qui ne m’a pas dérangée. »

À l’issue des délais imposés, elle apprend que celle qui la suivait est en arrêt maladie longue durée. Voulant prendre les devants, puisqu’ayant rempli tous les formulaires et étant toujours aussi sûre de son choix, elle se tourne vers un autre gynécologue qui lui a été recommandé, pour aller au bout du processus de stérilisation. Et là, c’est la douche froide.

Capture d’écran 2022-05-17 à 17.13.21
Légende du post Instagram d’Ophélie

Le mépris du gynécologue face à sa patiente

Comme Ophélie l’explique dans le post Instagram ci-dessus, le gynécologue qu’elle a pu rencontrer a été condescendant, infantilisant et intimidant. La phrase qu’il lui aurait dite, à savoir : « Si votre conjoint et vos deux enfants meurent dans un accident de voiture, vous allez refaire votre vie et vouloir d’autres enfants » est d’une violence sans nom, et ce gynécologue mériterait d’être signalé à l’Ordre des Médecins. Ce n’est pas digne de praticiens de la médecine et un tel manque de bienveillance ne devrait pas rester impuni.

Que l’on soit bien claires : oui, un médecin a le droit de refuser une ligature des trompes à visée contraceptive. C’est même indiqué dans le Code de la santé publique, article L2123-1 précisément. Dans cet article, consultable sur legifrance, on peut y lire que :

« Un médecin n’est jamais tenu de pratiquer cet acte à visée contraceptive, mais il doit informer l’intéressée de son refus dès la première consultation. »

Code de la santé publique
Capture d’écran 2022-05-17 à 11.27.12

Mais à aucun moment, il n’est indiqué que ce refus peut être justifié par des propos misogynes, sexistes, infantilisants et paternalistes. À aucun moment, il n’est précisé que le praticien, qui a pourtant prêté serment, pourra nuire à sa patiente et la mépriser au point de la faire pleurer de rage et de colère.

Le corps des femmes, ce sujet intarissable

Nous vous l’avions dit en début d’article : cette histoire est tristement banale. Ophélie n’est pas une exception, elle n’est pas tombée par malchance sur un vieux réac rétrograde dont les propos auraient plus eu leur place dans les années 50. Malheureusement, Ophélie a vécu ce que toutes les femmes vivent au quotidien : on a voulu avoir le contrôle sur son corps.

Que l’on soit mère ou pas, qu’on veuille des enfants ou non, qu’on fasse le choix d’allaiter ou de ne pas le faire, d’avorter, qu’on prenne du poids, qu’on en perde, qu’on use d’une contraception, qu’on montre nos corps ou qu’on les cache : notre société, qui est patriarcale, veut disposer de nous et avoir un avis sur notre chair.

Dans le cas d’Ophélie, l’exemple tient juste dans une toute petite phrase : « demandez à votre mari de se faire une vasectomie ». Cette phrase, balancée par le gynécologue, prouve bien que sa volonté de pratiquer, ou non, une stérilisation dépend du genre de son ou sa patiente.

Si on suit son raisonnement nauséabond, pas de soucis pour qu’un homme perde ses enfants dans un accident de voiture et qu’il ne puisse pas en refaire ensuite, mais alors par contre, si c’est une femme… Une preuve supplémentaire que c’est le choix qu’Ophélie fait pour son corps qui gêne ce praticien, et pas l’acte en lui-même.

La société continue, en 2022, à avoir une opinion sur nos choix, nos corps, et sur la façon dont nous menons nos vies. Comme le dit très justement Ophélie dans ses story Instagram, à la suite de son rendez-vous avec le gynécologue abject :

« On nous fait porter la charge de la contraception depuis notre plus tendre jeunesse […]. On ne prend pas en considération les souffrances féminines : allez discuter avec une femme qui souffre d’endométriose ou de vaginisme !

On décide pour nous qu’il faut avoir des enfants. De leur nombre. De la tranche d’âge où il faut qu’on le fasse. De celle où il faut qu’on arrête de le faire. Et en plus de tout ça, quand on fait face à un vieux gynécologue sexiste qui abuse de son pouvoir pour nous mettre sous terre en nous faisant imaginer le cercueil de nos propres enfants, on doit fermer nos gueules ? C’est non ! »

Chère société, chers médecins, merci d’arrêter de croire que vous pouvez continuer d’avoir une opinion et un pouvoir de décision sur la façon dont nous régissons nos vies. Nous représentons la moitié de la population mondiale, il va bien falloir vous mettre dans le crâne que vous n’avez AUCUN droit sur nos corps et nos choix. Merci, bisous.

Crédit photo image de une : cyano66

À lire aussi : À 28 ans, sans enfant, childfree, j’ai réussi à me faire ligaturer les trompes. Voici comment !


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

86
Avatar de Mentalofresh
30 octobre 2022 à 16h10
Mentalofresh
@Absol-626
J'ai déjà vu un père qui avait perdu son fils, qui était quand même déjà adulte lorsqu'il est parti. Son père n'a jamais cherché à le "remplacer", il vient en revanche régulièrement sur sa tombe pour la nettoyer, l'entretenir, etc, parce que malgré les années, ben il ne fait pas complètement son deuil. Je vais sonner horrible mais je suis pratiquement sure et certaine que s'il demande une stérilisation, on ne va pas lui rétorquer qu'il va surement vouloir remplacer son fils avant.
Outre le fait que c'est absolument violent d'imposer cette vision à un patient, pour moi il y a très clairement une vision de femme = maternité... Ca rends la chose encore plus horrible et lunaire pour moi. Pourquoi une femme pourrait "changer d'avis", "vouloir remplacer", mais pas un homme ? Bref...
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