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Source : Unsplash / Alexander Grey
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« Un gonflement de la taille d’un œuf sur le côté de la vulve » : la bartholinite, une infection vulvaire méconnue

Marie a récemment été opérée pour une bartholinite. Encore trop peu connue, cette infection des glandes de Bartholin, situées à l’arrière des grandes lèvres du vagin, touche pourtant 2 % des femmes au cours de leur vie. Elle nous raconte son opération, du diagnostic aux soins post-opératoires. 

Je suis allongée sur mon lit, cul nul et jambes écartées, une infirmière m’injecte du sérum bétadiné dans le vagin. Scénario de film porno ? Cauchemar nocturne ? Rien de tout ça, ce sont juste les soins post-opératoires d’une bartholinite.

Bartho-quoi ?

Une bartholinite est une inflammation des glandes de Bartholin, des glandes qui se situent de chaque côté de l’entrée du vagin et qui assurent une partie de la lubrification de celui-ci pendant l’activité sexuelle.

Je suis une vétérane de la bartholinite, j’ai déjà été opérée en 2016, à 23 ans. Le gynécologue m’avait prévenu qu’un des principaux risques de cette opération, c’est la récidive. Et, rebelote, décembre 2022, je repère les symptômes si bien connus de cette inflammation qui m’avait tant manqué (non).

De la taille d’un petit pois à celle d’un œuf de poule 

En temps normal, la glande de Bartholin n’est pas repérable, car elle fait la taille d’un petit pois. Quand un kyste ou une inflammation apparaît, elle durcit et grossit, et un inconfort ou des douleurs peuvent apparaître. Ni une ni deux, je file chez mon médecin généraliste qui me prescrit un traitement antibiotique et des bains de siège

Le gonflement se résorbe, mais je continue à sentir un inconfort et une petite masse qui ne disparaît pas et enfle après un rapport sexuel. L’inflammation réapparaît quelques semaines plus tard et la douleur est telle que je me rends aux urgences gynécologiques. La marche et la position assise sont très douloureuses, j’ai un gonflement de la taille d’un œuf de poule sur le côté gauche de la vulve et j’espère très fort passer sur le billard pour être soulagée.

Les soignants qui me prennent en charge aux urgences m’examinent (big up à l’interne qui explique bien les gestes qu’il va faire, chauffe le spéculum à l’eau tiède, pose un drap sur mes jambes pour me couvrir) mais l’examen visuel et échographique montre que la collection – la zone infectée – n’est pas assez étendue et que la chirurgie n’est donc pas indiquée. Un prélèvement vaginal est effectué afin de repérer les germes responsables de cette infection.

Je repars donc avec un traitement antibiotique (encore !) et une visite de contrôle à J+3. Lors de cette visite, le gonflement a très légèrement diminué, la médecin me conseille de prendre rendez-vous en clinique avec un chirurgien gynécologue pour effectuer une ablation de la glande (opération qui ne peut pas se faire en période inflammatoire, mais seulement « à froid » à distance d’un épisode inflammatoire).

Qu’est-ce que la bartholinite ?

La bartholinite est une infection des glandes de Bartholin. De la taille d’un petit pois, elles se situent à l’arrière des grandes lèvres du vagin. Inactives avant la puberté et après la ménopause, les glandes de Bartholin sont hormonodépendantes et participent à la lubrification du vagin lors des rapports sexuels. 

La bartholinite peut toucher jusqu’à 2 % des femmes au cours de leur vie, principalement entre 20 et 40 ans. Elle peut être causée par : 

  • Des germes d’origine vaginale (gonocoque, chlamydia…) ou intestinale (E. choli, entérobactéries…) qui remontent dans le canal de la glande et l’infectent. 
  • L’obstruction du canal de la glande de Bartholin. En s’accumulant, le mucus forme un kyste qui peut s’infecter. 

Dans la plupart des cas, la bartholinite est bénigne, quoique douloureuse. Elle peut aussi être responsable d’irritation et de dyspareunies (douleurs lors des rapports sexuels). 

« J’ai le sentiment d’être une balle de flipper ballotée d’un interlocuteur à un autre »

Je poursuis et termine le traitement antibiotique, mais je sens que le kyste est toujours présent, inconfortable au mieux et parfois douloureux, notamment après un rapport sexuel, même non pénétratif. Dix jours après la fin du traitement, l’œdème augmente de nouveau. Je consulte mon médecin traitant qui me prescrit des soins locaux avec de la bétadine (les antibio à répétition, c’est pas l’idéal), mais sans effet.

Je retourne aux urgences quelques jours plus tard en marchant en cowboy, sans pouvoir m’asseoir en salle d’attente ou dans les bureaux de consultation. C’est le même interne que précédemment qui me prend en charge et bien que la collection soit un peu plus grande que la fois précédente, il me dit que l’opération n’est toujours pas indiquée et je repars avec des antidouleurs pour patienter jusqu’à mon rendez-vous avec un gynéco en clinique, plus de 3 semaines plus tard. 

Tenir 3 semaines dans cet état douloureux me semble insupportable. J’appelle le secrétariat du gynéco en expliquant ma situation, savoir s’il est possible d’avancer le rendez-vous. On me conseille d’appeler les urgences gynéco de la clinique. Je m’exécute. On me dit de contacter le secrétariat de mon gynécologue. J’explique que je viens de le faire. On me dit d’aller aux urgences de l’hôpital. J’en reviens tout juste. J’ai le sentiment d’être une balle de flipper ballotée d’un interlocuteur à un autre et que personne ne veut prendre en charge, malgré la souffrance.

Je décide d’appeler méthodiquement tous les chirurgiens-gynécologues du département (j’ai la chance d’habiter proche d’une métropole avec un hôpital et deux cliniques privées) et coup de bol, un créneau de consultation s’est libéré pour le lendemain matin avec une spécialiste dans la seconde clinique ! Rien que d’avoir un rendez-vous en moins de 24 heures, je me sens un peu soulagée.

Lors du rendez-vous, la gynécologue m’examine et m’explique que peu importe la taille de la collection, l’œdème est très important et qu’il faut donc soulager la douleur. Elle programme une intervention chirurgicale 2 jours plus tard ! Je reviens dans l’après-midi pour consulter l’anesthésiste. Je suis enchantée à l’idée de me faire opérer !

Opérée sous rachi-anesthésie

Le jour J, je suis convoquée à 9 heures, à jeun. À part cette demande liée à l’anesthésie, il n’y a pas de préparation spécifique pour la chirurgie (pas d’obligation de rasage des parties génitales, ni de douche bétadinée, juste avec mon savon habituel).

J’entre au bloc vers 11h30, l’anesthésiste ajoute un cocktail relaxant dans ma perfusion et très vite, je suis très détendue : les lumières dansent au plafond et je rigole pour un rien. Il pose la rachi-anesthésie et le bas de mon corps est rapidement insensible et paralysé. La chirurgienne opère et je ressors du bloc avant midi. 

Je reste environ 2h30 en salle de réveil, le temps de récupérer la mobilité de mes jambes, et la douleur qui l’accompagne ! L’infirmière ajoute un antidouleur à la perfusion, et je peux passer dans la salle de repos ambulatoire, dans un box individuel, pour la collation qui me faisait tant envie le matin ! Je bois un thé tiède et mange une compote, mais l’appétit n’est pas totalement revenu.

La chirurgienne passe me rendre visite pour m’expliquer le protocole de soins à domicile et me prescrire des antidouleurs et un arrêt de travail.

Je parviens à marcher jusqu’aux toilettes, les paramètres vitaux sont bons, donc j’ai le droit de rentrer ! 

Quels sont les symptômes de la bartholinite ?

La bartholinite se caractérise par : 

  • L’apparition d’un gonflement douloureux dans une des grandes lèvres de la vulve.  
  • Une douleur vive et lancinante en cas d’abcès
  • Une rougeur et une chaleur au niveau du gonflement
  • Un écoulement de pus en cas de rupture de l’abcès
  • Dans de rares cas, de la fièvre

Après le diagnostic, la bartholinite peut être traitée par des antibiotiques et des antalgiques, associés à des bains de siège chauds pour désenflammer la zone. En cas d’absence d’amélioration, une intervention sous anesthésie locale peut être réalisée. Elle consiste à inciser la glande et à drainer le pus de l’abcès. Une bartholinite récidive dans 10 à 15 % des cas

À lire aussi : Comment se passe un rendez-vous gynéco : le guide ultime

Après l’opération, adieu la douleur !

Il faut impérativement être accompagnée pour le retour à domicile (pas de conduite avant 24 heures) et on ne doit pas passer la nuit seule. Je passe donc la nuit chez mon ami, en prenant régulièrement des antidouleurs.

Une infirmière est passée le lendemain de l’opération pour enlever la mèche qui était dans la plaie, et revient chaque jour pour une « irrigation » de la plaie afin de favoriser la bonne cicatrisation de celle-ci. 

Cinq jours après l’opération, l’œdème s’est presque entièrement résorbé et la douleur n’est plus que passagère. Je peux de nouveau m’asseoir et marcher un peu. Je reste fatiguée, mais bien moins qu’avant l’opération. Je suis en arrêt pour 15 jours et doit attendre un mois avant de reprendre le sport, les rapports sexuels avec pénétration ou les baignades.

Une visite post-opératoire est prévue avec la chirurgienne dans quelques semaines afin de discuter de l’intérêt ou non de procéder à une ablation totale de la glande pour éviter une nouvelle récidive. 

Si vous ressentez un gonflement inhabituel sur votre vulve, accompagné de gêne ou de douleurs, je ne peux donc que vous recommander de consulter un soignant. Une sage-femme ou un généraliste est tout à fait en mesure d’identifier une bartholinite et le passage par une chirurgie n’est pas une fatalité ni le traitement de première intention.

Prenez-soin de vos vulves !

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Les Commentaires

2
Avatar de Rosenrips
5 janvier 2024 à 21h01
Rosenrips
J’ai eu une bartholinite il y a quelques années, c’est vrai qu’on en entend assez peu parler et si il y a bien une chose importante à retenir c’est : se faire confiance et ne pas hésiter à aller voir plusieurs médecins, comme le montrent ce témoignage et mon expérience.
Contenu caché du spoiler.
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Voir les 2 commentaires

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