Le seul avis qui compte sur The Idol est là
Cette semaine encore, Kalindi s’est sacrifiée pour vous. Inutile, donc, de vous infliger la série The Idol, avec Lily-Rose Depp et The Weeknd, un parangon d’ennui sauce sexisme ! En revanche, il est utile d’ingérer votre dose hebdomadaire du Seul avis qui compte !
Slutshaming, trauma porn, fétichisation des relations toxiques…
Les raisons étaient nombreuses de redouter le pire de la part du créateur d’Euphoria, connu pour sa manie d’exhiber les souffrances et les corps dénudés de ses jeunes actrices. Cette fois, c’est au tour du personnage incarné par Lily-Rose Depp d’être au centre de nos inquiétudes : dans The Idol, l’actrice de 23 ans joue Jocelyn, une pop star déchue victime d’une sévère dépression nerveuse. Alors qu’elle tente coûte que coûte de relancer sa carrière, la jeune femme tombe rapidement dans les griffes de Tedros (incarné par The Weeknd) un propriétaire de boîte de nuit au passé trouble…
On aurait aimé que, derrière son couple de superstars, The Idol se donne pour mission de dénoncer une industrie hollywoodienne minée par des rapports de pouvoir abusifs, des dynamiques sexistes. On aurait adoré découvrir une série qui prenne le temps de développer un personnage féminin complexe, tiraillé entre une santé mentale fragilisée par un environnement toxique, l’appropriation de sa propre sexualité et de grandes ambitions artistiques et professionnelles…
Si ce programme faisait envie, la bande-annonce de la série nous indiquait déjà à quel point cela semblait utopique. Les premières images laissaient plutôt penser que The Idol est un concentré d’hypersexualisation de sa jeune actrice presque systématiquement dénudée, de stéréotypes sexistes et de fétichisation des relations toxiques.
Mais au regard des retombées critiques, tout porte à croire que Sam Levinson est pire que ce que l’on redoutait.
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« Un fantasme masculin sordide » : Sam Levinson n’a retenu aucune leçon d’Euphoria
Pour Variety, le constat est sans appel : flirtant avec le « porno softcore », The Idol préfère accumuler les clichés au lieu de faire de la quasi nudité de son personnage féminin une forme d’empowerment. Le média affirme que sous prétexte de dépasser la honte associée à la nudité de certaines pop stars féminines, Sam Levinson « va trop loin dans l’autre sens » et devient « pervers chaque fois que Jocelyn et Tedros sont ensemble ».
Même son de cloche chez Vanity Fair, qui qualifie Sam Levinson de « voyeur, qui lorgne résolument de jeunes actrices dans différents états d’excitation ou de désespoir ».
Parfaitement à contre-sens d’une représentation progressiste, la série utiliserait la souffrance du personnage féminin comme un spectacle, au prétexte que cela « renforcerait leur caractère », selon Variety. Ce stéréotype éminemment sexiste, problématique et dépassé, le créateur de la série semble en faire la seule caractéristique de Jocelyn. « l ne devrait pas falloir de l’humiliation et de la souffrance pour rendre Jocelyne plus forte ».
Qualifiant de « honteux » le traitement du personnage féminin, Variety explique enfin que « la vision du monde de Levinson semble corrompue » , ce qui empêche l’éclosion de toute approche critique d’un couple toxique ou d’un star-système qui broie les individus, à commencer par les jeunes femmes. Finalement, The Idol serait un « fantasme masculin sordide », conclue le média.
Tout ça pour ça : The Idol n’est même pas transgressive
Si l’on réunissait toute la bonne volonté du monde, on pourrait essayer de se persuader que The Idol bouscule pour surprendre les spectateurs, les amener là où la plupart des séries ne les amènent pas. Malheureusement, à en croire les critiques, là aussi, la série de Sam Levinson échoue.
« On aurait aimé plus d’intrigue et moins de malaise » commence le Huffington Post dans une critique décortiquant les mécanismes d’une série qui incarne l’exemple parfait du « male gaze ».
Chez Vanity Fair aussi, on s’étonne de la tiédeur du show. Bien que la série « s’efforce de nous choquer et de nous émoustiller » , elle reste tristement « standard ». Tout laisse croire qu’à sa sortie sur Prime Video le 5 juin, on sera beaucoup plus face à une série commerciale calibrée pour faire polémique plutôt que face à une explosion de sensations, d’émotions dramatiques et esthétiques nouvelles, comme ont pu l’être les premiers épisodes d’Euphoria :
N’abordez pas les deux premiers épisodes avec l’idée que vous allez voir quelque chose de surprenant et de transgressif. Peut-être que ce genre de choses arrivera dans les épisodes suivants, mais jusqu’à présent, The Idol est bien trop Top 40 pour faire trembler la société.
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