Il était passé sous les radars médiatiques, mais c’était sans compter sur l’œil aiguisé d’Osez le féminisme. Mardi 15 novembre, sur son compte Instagram, l’association féministe a épinglé l’escape game parisien présenté sous le nom « L’affaire DXK ». Ce nom vous évoque quelque chose ? Il s’agit bel et bien d’une référence à DSK, l’abréviation pour Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre français. Mais l’affaire en question est plus précisément celle du Carlton de Lille, dans laquelle l’ex-directeur du Fonds Monétaire International (FMI) avait été mis en cause pour proxénétisme. Un sujet visiblement amusant, selon Wanderlust Escape Game, l’enseigne de jeux d’évasion qui le commercialise.
Carlton : pas un simple scandale
« L’affaire du Carlton n’est pas un simple scandale de frasques sexuelles drôles et faussement subversives », rappelle Osez le féminisme. Dans cette affaire, qui a éclaté en 2011, 14 personnes, dont Dominique Strauss-Kahn, ont été jugées pour proxénétisme aggravé. DSK, alors directeur du FMI, participait à des soirées organisées par René Kojfer, chargé des relations publiques du Carlton. Sous couvert d’échangisme, ce dernier réunissait en réalité des hommes riches et puissants avec des femmes en situation de prostitution. Finalement, hormis René Kojfer, condamné à un an de prison avec sursis, la quasi-totalité des prévenus ont été relaxés. Le tribunal de Lille avait en effet estimé qu’ils ne pouvaient être qualifiés de proxénètes, mais simplement de clients des prostituées concernées dans l’affaire.
Déshumanisation des victimes
Le thème de l’escape game n’essaie même pas d’être un clin d’œil discret à l’affaire du Carlton de Lille. En atteste son nom, on ne peut plus évident, mais aussi la description du jeu. « Le célèbre politicien DXK vient de passer une soirée torride et sensuelle dans le club échangiste parisien, l’Academ’X », peut-on lire sur le site de Wanderlust. Les joueurs sont alors invités à se glisser dans la peau des complices de DXK « pour faire disparaître les preuves » et « les pratiques que DXK cherche à dissimuler ». Surfant sur l’idée selon laquelle, dans la vie réelle, DSK aurait été piégé par cette affaire pour contrecarrer ses ambitions politiques, le scénario du jeu donne le mauvais rôle aux journalistes « en route pour prélever des indices afin de nuire à l’image du candidat à la présidentielle et de le discréditer. » Il s’agit donc pour les joueurs d’agir au plus vite et de choisir leur camp face à la question qui leur est posée : « Allez-vous empêcher les journalistes de bafouer sa réputation ou bien au fil de l’aventure, allez-vous le dénoncer ? ».
« Cet escape game déshumanise les victimes du procès du Carlton », dénonce Osez le féminisme qui rappelle les violences sexuelles évoquées par les victimes lors de l’enquête. Des faits graves que cet escape game tourne en divertissement, et qui illustre une fois de plus le boulevard dans lequel s’étale la culture du viol.
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Visuel de Une : capture écran Youtube
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