Aux éditions Le livre de poche (épuisé)
Fin des années trente, Paris en plein rayonnement littéraire. Ernest Hemingway, Anaïs Nin, les écrivains d’ici et d’ailleurs se croisent, se fréquentent, s’admirent. Henry Miller, l’auteur de Tropique du Cancer, censuré aux Etats-Unis, rencontre « un pauvre diable », l’étrange Téricand. Téricand est un personnage curieux : astrologue convaincu, très savant, très maniaque, ayant derrière lui une éducation riche et rigide, et actuellement dans la misère jusqu’au cou. Henry Miller le prend sous son aile, lui fournit mine de rien de quoi manger, dormir, survivre. C’est beau et pitoyable.
Et puis c’est la guerre : 1939, Miller rentre au bercail, s’installe dans un coin paumé verdoyant et calme de Californie, avec son épouse et sa fille chérie. Par hasard, des nouvelles de Téricand lui parviennent presque dix ans plus tard : sa situation est encore plus précaire qu’elle ne l’était auparavant. L’écrivain américain, au prix d’efforts financiers démesurés, lui propose de l’héberger tant qu’il le voudra. Téricand accepte et intègre le bout de paradis que le couple Miller s’est construit. C’est beau.
De détail en détail, de remarque en micro-événement, il s’avère très rapidement que Téricand n’est pas l’homme humble en détresse qu’il avait semblé, mais bien un emmerdeur fini. Le genre à réclamer telle marque de savonnette, à faire remarquer que dis-donc c’est pas très propre et que ce serait mieux si… En bref, une vraie plaie. Et comme les vraies plaies : impossible de s’en débarrasser.
Un diable au paradis, c’est donc une sorte de carnet tenu par Henry Miller, qui observe progressivement à quel point les gentils peuvent se faire entuber et leur bonne conscience les mener jusqu’à la noyade. Vu sous l’angle Hello Paris !, c’est aussi l’occasion d’une plongée dans la vie quotidienne d’un des écrivains de la Beat Generation.
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