En 2020, la Fondation de France signalait une crise de la solitude en France et rapportait 7 millions de personnes en situation d’isolement — une crise qui touche beaucoup de nos aînés et aînées.
À l’occasion de la journée des personnes âgées, l’association d’aide aux seniors isolés Les petits frères des pauvres a publié les résultats de son enquête sur la solitude des plus de 60 ans. Et les chiffres sont encore plus affolants que ceux liés au pic de consultations des psychologues ou que ceux liés à la baisse de libido des Françaises.
Après plus d’un an de pandémie, de restrictions sanitaires, de distanciation sociale et de confinements à répétitions, l’impact sur le quotidien et sur la santé mentale des seniors est alarmant.
Selon l’étude de l’association, ils seraient un demi-million à être en situation de mort sociale, 2 millions à être isolés de leurs cercles familiaux et amicaux et 6,5 millions de personnes âgées se sentent fréquemment seules.
Les seniors privés de leurs liens sociaux
Dans le baromètre Solitude et isolement : quand on a plus de 60 ans en France en 2021 en collaboration avec l’Institut CSA Research, Les petits frères des pauvres révèle que 530 000 personnes de plus de 60 ans sont en situation de mort sociale (sans ou presque sans contact avec tous les cercles de sociabilisation : les cercles familiaux, amicaux, le voisinage et les réseaux associatifs), soit un bond de 77% comparé à 2017 — et l’équivalent de la population de Lyon.
« La solitude c’est pénible, c’est mortifère. Un chat c’est bien gentil, mais on ne peut pas avoir des discussions très profondes non plus », témoigne tristement Thomas, un senior isolé de 60 ans dans l’enquête en question.
Ce n’est pas tout : le nombre de personnes âgées isolées de leur famille et de leurs amis a augmenté de 122%. D’après le rapport, une personne est dite isolée lorsqu’elle a moins d’une rencontre ou d’un contact par mois sur l’année écoulée. Autant dire que ça fait peu d’échanges en 365 jours…
Rien d’étonnant dans les conditions actuelles où les interactions sont volontairement limitées et où les déplacements sont réduits. Même avec l’arrivée du vaccin et la fin du confinement, les Français restent frileux à l’idée de visiter les membres âgés de leur famille, de peur de les contaminer.
Malgré tout, ce pic reste inquiétant. L’association détaille :
« Le contexte hors-norme de la crise qui nous a privés brutalement d’interactions sociales indispensables à notre vie a eu un impact direct sur l’augmentation des situations de solitude et d’isolement.
La crise a aussi mis en exergue les failles d’une société qui n’a pas su répondre depuis une vingtaine d’années aux conséquences du vieillissement de la population pourtant annoncé. »
La faute à la pandémie ?
Le Covid, s’il a amplement précipité cette hausse d’isolement chez les aînés, n’en n’est pas le seul facteur.
Même si de plus en plus de personnes âgées sont de moins en moins paumés face à un smartphone et se familiarisent avec les outils modernes de communication, la fracture numérique les prive encore de moyens de contacts précieux (selon l’étude, 3,6 millions de séniors sont toujours exclues du numérique).
La précarité n’est pas non plus étrangère à ces quarantaines forcées, comme le dévoile l’enquête :
« Plus les revenus sont faibles (inférieurs à 1000€), moins on a de contacts avec son voisinage et avec les commerçants. Plus les revenus sont faibles, moins on s’investit dans le secteur associatif. Plus les revenus sont faibles, moins on se sent heureux. Plus les revenus sont faibles, plus le sentiment de solitude est exacerbé. Plus les revenus sont faibles, plus l’exclusion numérique est prononcée. »
Ce pic d’isolement peut également s’expliquer par l’augmentation « naturelle » du nombre de seniors ces 5 dernières années. Selon les chiffres des Petits frères des pauvres, en 2021, la France compte 18 millions de personnes âgées, contre 14,7 millions en 2017, ce qui tire automatiquement vers le haut le nombre de personnes « sans liens ou des personnes dont le tissu relationnel se réduit. »
Pour Alain Villez, Président des Petits frères des pauvres, le gouvernement se doit d’agir :
« À quelques mois de l’élection présidentielle, le 1er octobre, Journée internationale des personnes âgées, est une nouvelle fois pour les Petits frères des pauvres l’occasion d’alerter sur l’impérieuse nécessité de faire de la lutte contre l’isolement des personnes âgées un axe majeur dans la construction des politiques publiques de prévention de la perte d’autonomie. »
Comment aider les personnes âgées isolées
À notre échelle, que faire pour éviter que les seniors ne restent dans leur coin ? Il existe de nombreuses associations qui permettent de créer des liens avec des personnes âgées isolées.
Les Petits frères des pauvres ont mis en place un système de soutien téléphonique auquel vous pouvez contribuer en devenant vous-même bénévole pour passer un coup de fil aux seniors esseulés ! L’association Au bout du fil permet également de papoter bénévolement avec une personne âgée pour l’aider à se sentir moins seule.
Plusieurs associations proposent aussi de devenir le ou la coloc d’une personne âgée et de louer une chambre chez elle ou lui ; d’autres permettent même de correspondre par courriers avec des résidants d’EHPAD !
Enfin, dans des cas particuliers, il est également possible de mettre en place des outils de surveillance pour éviter les accidents chez les seniors habitant seuls.
Reste à attendre et à encourager davantage de mesures concrètes pour faciliter la détection de seniors fragilisés et les accompagner dignement, surtout en cette période difficile pour tout le monde…
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Crédits photos : Kampus production (Pexels) / Teona Swift (Pexels)
Les Commentaires
En général, ces personnes âgées n'ont de contact qu'avec leurs auxiliaires de vie , voir l'infirmier.