Ah, le printemps ! Les beaux jours reviennent, le soleil brille et les oiseaux font cui-cui… Mais ce n’est pas parce que l’humidité ne vous frise plus les poils que toute sortie est sans risque pour autant. Car si vous vous sentez plus enclin-e à mettre le nez dehors par ce temps charmant, figurez-vous qu’eux aussi.
Eux. Les écoliers.
Ils se déplacent par groupes de trente (dans le meilleur des cas), marchent deux par deux en se donnant la main (dans le meilleur des mondes), et se repèrent à des kilomètres à cause de leurs piaillements qui font fuir les oiseaux : c’est le temps des sorties scolaires.
Ils vous fatiguent parce qu’ils prennent tout le trottoir en attendant que leurs accompagnateurs retrouvent le chemin, et vous pleurez lorsque vous voyez deux classes sur le point de monter dans le même bus que vous ? Pourtant, vous avez été de ceux-là, autrefois. Vous aussi, vous avez connu les aléas de la sortie scolaire.
Souvenez-vous.
À la piscine
Les sorties à la piscine étaient les plus courantes. Qui viendra prétendre que c’était à la fois amusant et sportif ? Encore aujourd’hui, je constate les séquelles de ces tortures sadiques sur mes collègues, qui en parlent avec des trémolos dans la voix et l’oeil humide.
Ça nous faisait reconsidérer le côté « on rate des heures de cours » de la sortie. Partir de l’école, c’était fun. Faire les andouilles dans le bus en ne songeant même pas, dans toute notre candeur, que le chauffeur envisageait la vasectomie, c’était fun aussi. Mais arriver à la piscine et se diriger vers les vestiaires qui sentaient le chlore et autre chose (on ne savait pas bien quoi), c’était le début du stress.
Notez que ça pouvait être bien, la piscine, pour ceux et celles qui aimaient l’eau. Le problème n’était pas d’aller patauger avec les copains et les copines, c’était… tout le reste.
Les vestiaires à la propreté douteuse, on y faisait assez peu attention — l’hygiène est un sujet assez trouble chez l’enfant, et il serait absurde de la part de ce dernier de se plaindre des mycoses. Et puis, à l’époque, les petites culottes qui traînaient et l’histoire des vieux qui font pipi dans l’eau, ça nous faisait rire (« iih, il a bu la tasse, il a bu du pipiiii !! »).
Par contre on riait beaucoup moins quand il s’agissait de se présenter en maillot + bonnet-capote devant nos petits camarades.
Et une, et deux, et trois, et on recommence.
Mes collègues semblent se souvenir avec émoi des toilettes dans lesquelles elles venaient rechercher l’intimité, mais dont les portes étaient ouvertes en haut et en bas grâce à un accès de génie du concepteur. Ce qui allait bien avec la complexité du maillot de bain une pièce. Devoir se mettre à oilpé pour faire pipi, c’est moyennement pratique.
Tout ça pour finalement rester planté-e comme un poireau gelé au bord du bassin le temps que le moniteur ou le/la prof finisse de présenter le programme du jour : faire le papillon qui se noie, faire de la brasse (vraiment) coulée, ou sauter du plus haut plongeoir parce que la vie est une fête.
Ah oui, et se faire engueuler quand un couillon nous poussait dans l’eau (froide), aussi.
Comme ça, de (trop) longues heures plus tard, on pouvait revenir à l’école en retard, tels des petits cockers au poil et à la truffe humides à l’idée de manquer les dessins animés du goûter.
Chienne de vie.
Le pique-nique
Heureusement, il y avait les sorties plus cool, où tu pouvais rater des heures de cours pour faire des trucs VRAIMENT marrants. À la montagne, à la campagne, au bord d’un lac ou chez la mère Michel, on s’en foutait, du moment qu’on partait en balade pour la journée.
Il y avait souvent une visée éducative derrière la sortie, genre l’étude des bousiers du bord des lacs ou la couleur des feuilles en automne. Mais au final, on s’en foutait un peu, et les profs s’accrochaient rarement à la façade « c’est pour le travail ». On se voyait tous ensemble dans un cadre différent, les adultes étaient plus détendus, et ça suffisait à nous faire frétiller d’aisance.
Ce n’était pas sans challenge pour autant. Le pique-nique, par exemple, était un grand moment à lui tout seul, qui prenait des proportions différentes selon le gamin. Rien que la préparation du pique-nique, en ce qui me concernait, c’était le clou de la sortie… après c’est peut-être juste moi et mon rapport à la bouffe, hein. Mais un PIQUE-NIQUE, quoi. SANS PAPA ET MAMAN. Vazy laisse tomber la salade et les fruits, quoi.
Cet individu a apporté des Kinder.
Le pique-nique scolaire,
c’était chips, sandwichs, saucissons, babybels, et surtout, bonbons, biscuits, et re-bonbons. L’occasion de voir ce que nos parents respectifs avaient accepté de nous acheter pour notre grand repas, puis de faire tourner. Gloire à celui qui avait obtenu des Mikados à la place des Petits Filous à la framboise, et loué soit le génie qui avait réussi à ajouter de la grenadine dans sa gourde.
Étrangement, par la suite, nos sacs étaient cent fois plus légers… Mais on n’avançait pas plus vite.
« Madaaame, j’ai pipiiii… » « Quand est-ce qu’on arrive ? » « J’ai mal aux pieeeeds. » « Pourquoi on pouvait pas rester là où on était tout à l’heure ? » « Moi j’aimais mieux quand on faisait des jeux. » « C’est encore loin ? »
Un jour, les professeurs finiront par abandonner toute visée éducative, et se contenteront de faire des sorties « pique-nique ».
Les visites au musée
Mais oubliez les doigts fripés et les rhumes après la piscine en hiver, ou les gâteaux fondus dans le sac à dos. Car tout ça n’est que du pipi de hamster à côté… de la sortie au musée.
Qu’on aille au musée philatélique de Trifouillis-les-oies, ou jusqu’à Paris pour voir le Louvres, le rendu était étrangement similaire, comme s’il existait une loi de Murphy consacrée aux sorties scolaires dans des musées.
Il faut le dire : les élèves s’en foutent carrément du musée. Ne le niez pas.
Qu’est-ce qui vous intéressait le plus : vous poser dans le bus à côté de votre BFF en échangeant des cartes panini Pocahontas, ou les ustensiles de cuisine des familles turkistanaises au XVème siècle ? Voilà. Soyons honnêtes deux secondes.
S’il fallait JUSTE devoir s’intéresser à des tableaux, ça irait encore. Même si certain-e-s profs instauraient parfois la technique fourbe du questionnaire noté à la fin de la visite. Et quand on avait 10 ans, les smartphones avec Wikipédia dans la poche, c’était de la science-fiction, oui madame.
Le pire, c’était de devoir se taper la honte quand le maître ou la maîtresse se mettait à crier « SUIVEZ LE PETIT DRAPEAUUU ! » pour éviter qu’on se perde. Fatalement, on finissait par se perdre quand même. En soi, c’était un exploit : même dans un musée de 50m² et dix accompagnateurs pour trente gamins, on réussissait à se paumer, et il en toujours encore un ou deux à la fin de la visite.
Bonjour, je crois que vous avez égaré ceci.
Eh oui : les sorties au musée, dans la vraie vie, c’était pas le bus magique. Demander plus de cinq minutes d’attention à des gnomes hyperactifs qui ont bien compris qu’ils n’étaient plus à l’école, c’est un peu comme demander au pape de chanter « j’ai la quéquette qui colle » à la prochaine messe : devant l’absurdité clairement provocatrice de la requête, il ne vous écoutera même pas.
Un couloir plus attractif sur la droite, ou un escalier qui ne demandait qu’à être descendu, et paf ! Le groupe scolaire avait perdu une bonne partie de son effectif, pendant que le reste s’éparpillait dans toute la salle pendant que le guide tentait de se faire entendre.
C’était traumatisant pour le(s) prof(s), mais pour nous aussi ! On était juste allé-e-s voir là-haut, et cinq minutes plus tard, plus personne ! On finissait ensuite dans un entresol à la con au lieu de revenir au rez-de-chaussée. Essayez de revivre l’angoisse du môme qui commence à se dire qu’il va mourir seul dans un entresol à même pas onze ans. ET D’ABORD C’EST QUOI UN ENTRESOL ?!
Tout ça, c’est la faute au petit drapeau.
Et toi, une anecdote de tes années de sorties scolaires ?
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