Dante, en décrivant les neuf Cercles de l’Enfer, n’a pas pensé à ajouter à cette liste le camping — pourtant, à maints égards, mieux vaut avoir le cerveau dévoré pour l’éternité que de passer trois semaines au camping des Flots Bleus.
Éxagération, me direz-vous ? Que nenni, chères amies. Aujourd’hui, nous allons lister les fléaux les plus courants du camping, et parler de ces individus capables de métamorphoser trois semaines idyllique en Vietnam estival.
Le cliché ambulant
Il joue à la pétanque, écoute du Patrick Sébastien, porte des marcels estampillés Tour de France 1989 et boit l’équivalent de son propre poids en pastis en 24 heures, dans l’espoir de figurer un jour dans le Guinness des Records — seul livre, au reste, qu’il n’aie jamais lu.
Cet individu existe vraiment (enfin, je crois), et sera présent dans tout camping digne de ce nom. Ne te moque pas trop de lui : la vieillesse est un naufrage, et tu pourrais bien lui ressembler un jour.
Le père de famille, façon Full Metal Jacket
Armé du Guide du Routard, d’un bermuda et de sandales en plastique*, le père de famille façon Full Metal Jacket traîne sa progéniture dans cent endroits tous plus rébarbatifs les uns que les autres, car il considère que se dorer la couenne au soleil est une perte de temps.
Aussi, en quinze jours, il traînera ses enfants au musée de la lessive, au musée de la tondeuse à gazon, au musée du corbillard et au musée des anomalies médicales** pour « accroître leur culture générale ».
Les rejetons, furieux de n’avoir pu profiter de la piscine, fomenteront des projets de meurtre envers leur géniteur et seront bons pour vingt ans de psychanalyse.
*Méfiez-vous TOUJOURS des porteurs de sandales en plastique. On ne sait jamais s’ils sont daltoniens, ou s’ils n’ont pas d’âme.
**Ces musées existent vraiment.
Les enfants du PDFFFMJ après avoir passé 5h au musée de l’endive.
Le couple de septuagénaires
Jackie et Jacko se sont mariés à l’aube des Trente Glorieuses, ont eu quatre enfants, deux labradors et un pavillon à Nogent-Sur-Marne. Depuis, leurs gosses sont partis élever des chèvres au Larzac, une autoroute passe au-dessus de leur logis et leurs toutous se sont fait adopter par la voisine.
Heureusement, depuis bientôt quarante ans, leurs étés sont immuables : dans leur camping-car antédiluvien, ils occupent la place 78, passent leurs vacances à médire de leurs voisins en buvant de la piquette et répètent à longueur de journée que « les jeunes d’aujourd’hui, ils sont vraiment tous pourris ».
S’ils te brisent les ovaires, tu peux toujours leur rétorquer que les jeunes paieront leurs retraites lorsqu’ils seront grabataires.
Les beaux gosses (ou pas)
Ces jeunes éphèbes, couverts d’acnés et tartinés de gel, se sont juré quelque chose comme « cet été, j’vais choper ». Lassés de la relation fusionnelle qu’ils entretiennent avec leur main droite, ils ont décidé de se muer en Don Juan de camping et d’accumuler les conquêtes féminines.
Las ! La réalité n’est pas à la hauteur de leurs ambitions et la permission de 21 heures accordée par leur mère n’aide en rien leur projet. À la rentrée, ils raconteront à tous leurs camarades qu’ils ont « chopé le sosie de Megan Fox » et « qu’elle était trop bonne ». Au fond, ils sont poètes.
Faut-il vraiment une légende ? Gageons que non.
Les Miss Camping
Après quinze ans de fitness et dix ans de régimes approximatifs, Syphillis a atteint le rêve de toute sa vie : elle a été élue Miss Camping. Après avoir porté une écharpe rappelant son titre pendant trois années consécutives, elle ne manque jamais de rappeler son exploit, dont elle est particulièrement fière.
Si vous lui adressez la parole, elle sera capable de répondre quelque chose comme « Parle à ma main, j’ai été Miss Camping-du-sale-village en 1997 ». L’exterminer serait un petit pas pour le camping des Flots Bleus, mais un grand pas pour l’humanité.
Le vieux beau
Pour mettre fin à des décennies de misère affective, il offre des coups à tout être humain pourvu d’ovaires, pensant sans doute que le panaché tiède est le summum de la séduction. Pendant la soirée karaoké, il beuglera Aline en pointant Micheline du doigt, puis dansera la Macarena avec Roseline avant de rentrer, seul, saoul et désespéré, dans sa tente Quechua.
S’il ne t’avait pas postillonné dessus pendant une demi-heure en tentant vainement de te séduire, tu aurais presque pitié de lui.
Le vieux beau en pleine action
Et toi, quels sont les gens qui, au camping ou ailleurs, te donnent envie de passer le reste de ton existence sur une île déserte ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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