Ah, février, doux temps du verglas, des pneumonies et des week-ends à la neige. Tu t’es délestée de deux ou trois organes vitaux pour partir à la montagne, et attends le jour du départ avec autant d’impatience que la réincarnation de John Lennon ? Alors laisse-moi te conter les périls qui risquent de jalonner ta route, et de transformer ton tendre week-end de ski en odieux stage de survie*.
*Bien entendu, toute ressemblance avec un week-end existant ou ayant existé serait purement fortuite.
Les transports
À moins d’habiter à Courchevel (ou d’avoir victorieusement triomphé des mille embûches du permis de conduire), il y a fort à parier que tu aies à braver les affres des transports en commun pour conquérir les cimes enneigées. Si tel est le cas, Tata Alfrédette a un sage conseil à te prodiguer : ne prends jamais le bus. Jamais. Car ce faisant, tu t’exposes à une marée de reflux gastriques (virages obligent), à un chauffeur qui retarde le départ de quatre heures en s’ouvrant l’arcade sourcilière (vécu), à un bus enneigé de l’intérieur, car ledit chauffeur a laissé la porte ouverte pendant trois jours (vécu), ou à une simple panne technique qui te forcera à attendre dans le froid par -10 degrés (ressenti -100) pendant quatre heures (vécu).
Moralité : Si au ski tu vas, pars en trottinette.
La bouffe
Parlons bien, parlons bouffe, et causons de ce drame national qu’est la nourriture sur les pistes. Entre les restaurants d’altitude, qui te proposent une omelette à un cinquantième de smic, des sandwichs gras et onéreux comme une mèche de cheveux de Justin Bieber (l’an dernier, Ellen DeGeneres en avait mise une aux enchères sur Ebay, et elle était montée jusqu’à 40 000$), et les buvettes en bas des pistes qui vendent des Coca au prix d’un paquet de blondes, se sustenter au ski peut coûter très cher. Et ce sans parler des victuailles proposées dans les hôtels : hier, au petit-déjeuner, nous avons dû choisir entre un yaourt périmé depuis janvier 2012, des céréales qui avaient l’aspect, le goût et l’odeur de tortillas, et des pâtes qui ressemblaient plus à une colonie de vers solitaires qu’à quelconque mets italien. Ambiance.
Moralité : Si au ski tu vas, des réserves de Chocapic tu feras.
Les fringues
Karl Lagerfeld et Donatella Versace ne cautionnent certainement pas les immondes combinaisons fluorescentes dont nous sommes obligées de nous parer pour ne pas finir congelées. Mais même si ces dernières sont fort pratiques, les porter est toujours infiniment embarrassant – surtout quand tu n’as pas eu le temps d’aller à Décathlon et que la seule tenue de ski que tu possèdes est la combi Marsupilami que tu portais en classe de neige, en l’an de grâce 1998.
Moralité : Si une certaine classe tu veux garder, daltonienne tu deviendras.
Les lunettes en forme de coeur > n’importe quel masque Quechua.
La météo
Tu as vaincu les affres des transports, de la boustifaille et des fringues de ski. Fort bien, jeune padawan : Koh Lanta
n’attend plus que toi. Mais sache qu’il te reste un grand péril à surmonter : celui de la météo. Car si le soleil n’est point au rendez-vous, et qu’une gueuse de tempête de neige se décide à squatter les pistes, tu risques de passer ton séjour au ski à jouer aux cartes avec tes compagnons d’infortune. Tristitude.
Moralité : Si au ski tu vas, Météo-France tu béniras
Les télésièges
Je ne sais pas vous, mais à chaque fois que je pose mon fessier sur un télésiège (après une heure de lutte à mort queue, donc), je tombe sur un voisin qui me rappelle combien la drogue, c’est mal. Hier encore, l’individu assis à mes côtés a eu la gentillesse de me rappeller que la soeur du cousin du toiletteur de son caniche était restée coincée dessus une nuit entière, et que « C’est quand même pas très solide, ces machins-là ». Autant vous dire que les dix minutes que nous passâmes ensemble furent longues, très longues.
Moralité : lorsque le télésiège tu prendras, n’hésite pas à crier quelque chose comme « J’ai une gastro-entérite et je saurai m’en servir ».
Les autres
Lorsqu’un certain Jean-Paul écrivit que « L’Enfer, c’est les autres », il devait certainement se trouver les quatre fers en l’air au beau milieu d’un mètre de poudreuse, bousculé par quelque snowboardeur maladroit. Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, unissons nos voix pour dénoncer un scandale plus ignoble encore que la victoire de Jenifer à la Star Ac en 2002 : j’ai nommé les gens sur une piste de ski. Parmi les pires spécimens que nous pouvons retrouver en ces lieux de perdition, citons :
- Les étudiants avinés qui skient en chantant quelque chanson réprouvée par la morale catholique
- Les bougres de bélîtres béotiens qui skient trop vite, oubliant que tu as raté ton flocon
- Les handicapés de la neige qui mettent plus de temps à descendre une piste qu’à faire le Paris-Dakar en skateboard (ça, c’est moi)
- Les boulets impénitents incapables de descendre une piste verte sans se muer en bonhomme de neige (ça, c’est moi aussi).
Moralité : Si tu me croises sur les pistes sans que nous entrions en collision, c’est que ton karma est très bon.
Et toi, quelles sont les choses qui te brisent les ovaires en mille morceaux sur les pistes ? Viens nous narrer tout cela dans les commentaires.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Mais le pire mal vient de l'intérieur c'est pourquoi j'ajouterais le chéri qui ne veut JAMAIS s'arrêter, pour qui 1 minute de pause est une minute perdue sur son plan karmique, qui veut manger sur le télésiège voire les fesses par terre dans la neige pour gagner du temps. Qui te traine sur les pistes jusqu'à ce que t'aies les cuisses en feu à un tel point que t'as envie de te mettre en position foetale là, devant la cabane à frite ou des snobinards crient bien fort leurs exploits imaginaires (Bernard il a pris la bosse à au moins 20 à l'heure!). Alors que moi ma passion c'est le vin chaud, le chocolat chaud, les transats au soleil et lezarder dans mes moon boots après 58 min de ski environ. La montagne c'est plus fort que toi.