D’aussi loin que remonte mon premier chai tea latte venti, je fais partie de ces gens qui considèrent que la vie sans Starbucks serait une erreur. Aussi, dès que je remonte sur Paris, je passe de délicieuses heures à végéter au Starbucks Sébastopol, le séant vissé dans quelque confortable siège en cuir. Et c’est à cet endroit précis qu’en m’empiffrant de cheesecakes et de cafés frappés à un poumon/pièce, j’aime à contempler le ballet bruyant des client-e-s qui vont et qui viennent.
Voici donc une typologie des spécimens les plus répandus du Starbucks – fruit d’heures à effectuer une fine observation sociologique glander en faisant grimper mon taux de cholestérol aux rideaux. Un article bien évidemment garanti sans cliché ou exagération, vraiment, ce n’est pas mon genre.
Les businessmen pressés
Vous avez forcément croisé, que ce soit au Starbucks ou au Macumba Club, un spécimen de cette race étrange, qui vit avec un smartphone greffé à l’oreille et ne se sépare jamais de son Précieux attaché case. Ayant autant d’intérêt pour leur entourage que pour un épisode de Derrick en vieux flamand, ils n’hésiteront pas à bramer au téléphone des informations très corporate dont, au reste, tout le monde se fout. Si vous les croisez, fuyez loin, très loin : ce sera un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour votre tranquillité.
Les touristes japonais
Les flashs dans ton faciès mal réveillé à 7h du mat ? C’est eux. Les affreux qui te photographient à la sortie des toilettes ? C’est encore eux. Ceux qui viennent par groupe de 50 et t’infligent 3 heures, 25 minutes, 45 secondes et 3 dixièmes de queue ? C’est encore eux. Si vous les croisez, fuyez – mais discrètement, faute de quoi vous prendrez le risque de vous retrouver dans un album photo au pays du Soleil Levant, ce qui alourdira conséquemment votre karma.
La Desperate Mother
Attention whore dans l’âme, elle est capable de gruger toute la file d’attente (celle qui fait 3 heures, 25 minutes, 45 secondes et 3 dixièmes – suivez donc un peu) sans la moindre gêne, en hurlant « POUSSEZ-VOUS, MON ENFANT A FAIM
». Son enfant ? Il a douze ans, de l’acné et un doigt dans le nez. Lorsque, par folie ou déraison, quelqu’un ose émettre quelque commentaire désapprobateur, elle crie au scandale avec les accents dramatiques d’un candidat de Secret Story viré dès le premier prime. Si vous les croisez, n’hésitez pas à vanter tout haut les bénéfices de la contraception – comme ça, l’air de rien, on ne sait jamais.
(Ça marche aussi avec les Desperate Fathers, hein.)
Les petits vieux
Grands nostalgique du troquet qui a accueilli leurs primes amourettes avant de fermer pour être remplacé par un supermarché (quelque part vers 1950, donc), ils ont conquis le Starbucks avec la même hardiesse que Colomb l’Amérique. Depuis, c’est tous les jours à cinq heures qu’ils viennent prendre leur thé frappé, observant la clientèle environnante d’un oeil qui veut dire quelque chose comme « Cette-jeunesse-est-vraiment-décadente, nous-d’not-temps-c’était-mieux ». Ne vous gaussez pas d’eux trop fort, vous leur ressemblerez peut être dans un demi-siècle.
Les meutes de lycéennes kikoolol
Se déplaçant en meute et répandant une fragrance d’Eau Précieuse dans leur sillage, les lycéennes kikoolol sont reconnaissables à leur cri caractéristique (le gloussement – un peu comme la dinde, donc, mais en moins mignon). La plupart d’entre elles sont tout à fait inoffensives, voire attendrissantes : personnellement, elles me rappellent le temps lointain où je vouais un culte à mon prof de maths. Toutefois, si vous les croisez, ne les approchez jamais sans vous être préalablement enduit-e-s de Biactol – on ne sait jamais, ma bonne dame.
Les hipsters
Ils se nourrissent de cupcakes bio au foin, arborent des lunettes über cool à la Sartre (dont ils ignorent l’existence, croyant que c’est une marque de fringues – filiale de Zadig et Voltaire, m’voyez), ressemblent à Joe le Bûcheron et/ou au monsieur qui vous demande si vous n’avez pas un petit brin de monnaie à la sortie du métro, mais possèdent l’équivalent du PIB du Tchad en matériel informatique. Lorsque tu dégaines de ton sac un produit non estampillé Apple, ils te foudroient d’un regard qui veut dire quelque chose comme « meurs, sale pourriture communiste ». Si vous les croisez, munissez-vous de pop-corn.
Et toi, quels sont les gens qui te brisent les ovaires, au Starbucks ou ailleurs ? Viens nous narrer tout cela dans les commentaires. Bisous bisous.
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Les Commentaires
Bah en fait quand j'ai écrit ça (d'ailleurs wahou, un message que j'ai écrit y'a au moins 6 mois, je pensais pas que ça serai déterré !) je ne me basais pas que sur mon expérience à moi (j'y suis restée un an et demi) mais aussi sur celle de mon copain, qui y travaille depuis 6 ans (et qui a bossé dans plus de dix boutiques) et qui est shift depuis deux ans maintenant. Tout ce que j'avais décrit et qui se passait dans ma boutique, ça s'était aussi passé dans la dizaine de boutiques qu'il a fait, voire pire (je ne rentrerai pas dans les détails mais entre les stores qui piquent du matériel pour le ramener chez eux, ceux qui ne viennent pas bosser pour un oui ou pour un non pour (parce qu'ils se sont disputé avec leur copine), ceux qui fuient les employés pour ne pas avoir à répondre à certaines questions qui font mal, ceux qui ne te disent que trois jours avant que tu dois partir pour une autre boutique alors qu'ils le savent depuis un mois, ceux qui embarquent chez eux les ipad et autres smartphones que les gens oublient dans la boutique sans même attendre le lendemain au cas où quelqu'un viendrait les chercher, les DM qui préconisent d'employer plus de blancs parce que "dans cette boutique y'a trop d'arabes, on est dans le 16e quand même"...bref.).
Ca fait six ans qu'il est là, et il est décrit par les dm comme un shift exceptionnel mais il n'a que de la colère envers cette entreprise aujourd'hui.
Ce qui nous choquait le plus (nous étions un petit groupe de baristas à temps complet arrivés un peu par hasard après nos master et licences respectives, sans aucun objectif de rester là, ce qui aurait du faciliter les choses, vu qu'on avait absolument pas de plan de carrière chez eux...), et qui me choque encore aujourd'hui avec tous les histoires que mon copain me raconte tous les jours, ce sont toutes les choses vicieuses et les manigances dont les stores sont capables pour se faire bien voir des DM, et ces histoires se sont retrouvées avec des variantes dans toutes les boutiques où il a bossé.
Et le fait qu'ils passent leur temps à vanter les super conditions de travail de leur "partenaires" (bah oui parce que chez Starbucks, on est pas des collègues ou des employés, on est des partenaires, ahah la blague) alors que quand on sait ce qu'il se passe vraiment...
Peut-être que ça ne fait pas assez longtemps que tu y travailles pour avoir vu tout ça, ou que ça se passe mieux dans les boutiques de banlieue, je ne sais pas.
Cela dit, sur mon année et demi passée là-bas, les 10 premiers mois étaient super parce qu'on avait une équipe de rigolos, on faisait que se marrer toute la journée et j'étais contente de venir bosser, même si le store faisait tout pour nous pourrir. Ensuite chacun est parti dans d'autres boutiques ou pour un autre boulot et le store en a profité pour changer l'équipe, bouger les arabes dans d'autres boutiques et la blanchir un peu.
Et encore une fois, non, ma boutique n'était pas une exception comme tu l'as dit, ce n'était peut-être pas non plus une règle générale, mais oh non ça n'était pas une exception, c'est la politique de l'entreprise.