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Culture

Alfrédette à Avignon, jour 4 — Typologie des festivaliers relou

À Avignon, les festivaliers sont nombreux et donc, différents. Avec une bonne dose d’agacement due à son niveau de fatigue, Alfrédette t’en dresse la typologie non exhaustive.

Au Festival d’Avignon, une foule d’amateurs de théâtre venus de la France entière vient battre le pavé de la cité des Papes pour s’abreuver de représentations plus ou moins inoubliables.

Si la majorité des festivaliers sont des gens charmants, d’autres donneraient au Dalaï Lama des envies de massacre à la tronçonneuse. Parce qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer, faisons donc la liste des festivaliers insupportables que tu risques de croiser si tu mets un pied en Avignon au mois de juillet.

Celle qui te gruge dans la file d’attente

À première vue, comment soupçonner cette aimable petite dame d’une cinquantaine d’années qui a l’air tellement respectable qu’elle semble faire partie du club de golf de Bourg en Bresse ? Tu lui donnerais le bon Dieu* sans confession.

Et pourtant, la voilà qui vient de te doubler subrepticement, faisant mine de ne pas entendre les sifflements réprobateurs qui s’élèvent sur son passage. Une minute plus tard, elle est déjà loin alors que tu devras attendre une demi-heure debout par 45° à l’ombre. La prochaine fois, tu te promets de lui planter ton stiletto — ou tout autre objet un peu pointu — dans le pied.

*Ou ta collection de Pogs

karenL’air stupide de l’infâme grugeuse après que tu l’as réprimandé

Ceux qui en veulent pour leur argent

Ils ont égratigné leur PEL pour se payer les billets pour Avignon, un hôtel qui sent le renfermé et leur sandwich jambon-beurre quotidien. Ces gens-là se lancent donc dans une course effrénée à qui aura la plus longue verra le plus de spectacles, et n’hésitent pas à partir au beau milieu d’une représentation pour courir à un autre spectacle.

À la fin du festival, ils errent ivres de fatigue, l’oeil hagard et la bave aux lèvres, tels d’étranges zombies de la culture. Si tu en croises un, ne lui parle pas — il ne daignerait pas te répondre, ce serait une perte de temps pour lui.

Ceux qui amènent leurs enfants

Jean-Kévin et Marie-Lilith, cadres supérieurs dynamiques, entendent bien offrir à la petite Syphillis, deux ans, un solide bagage culturel qui lui servira à intégrer les meilleures écoles plus tard. Aussi, ils n’ont aucun scrupule à l’emmener voir des pièces telles que Le gros pénis de Turlutine et l’existentialisme ou encore Comment j’ai eu cent amants en un an.

La pauvre gosse n’y comprendra goutte, sera bonne pour vingt ans de psychanalyse et passera l’intégralité du spectacle à crier « C’est quoi que le monsieur il fait à la madame ? ».

Tu aimerais bien occire cette ignoble famille, mais c’est interdit par la loi. La vie est une chienne.

syphillisSyphillis, après avoir vu la version non censurée de Confession d’un rectum du siècle.

Ceux qui ont une accréditation

Ils arborent fièrement une accréditation flambant neuve pendant au bout d’un cordon estampillé France Télévisions. Lorsqu’ils ont reçu le précieux sésame, ils étaient si fiers qu’ils l’ont pris en photo, illico envoyée à leur mère, leur mamie et leur coiffeur.

Ayant le droit de voir TOUS les spectacles sans débourser le tiers du quart d’un centime, ils passent plus de temps à voir des pièces de théâtre qu’à dormir, et arborent des cernes dignes d’un khâgneux à la veille du concours de Normale Sup.

Je fais partie de cette caste : ne me jetez donc pas de petits cailloux si vous croisez une détentrice-d’accréditation-à-chapeau.

Ceux qui SAVENT (et pas toi, donc)

Ils ont pris l’option théâtre au bac, et depuis ce jour funeste, s’estiment dignes héritiers de Corneille – que d’autres confondent vaguement avec le chanteur de Parce qu’on vient de loin. Ils parlent fort et vessent plus haut que leur séant, estimant que « le festival, c’est quand même rempli de ploucs », que « le off c’est de la merde » et que « le in c’est de la merde aussi ».

Répandant dans leur sillage une fragrance de mépris, ils formulent toutes leurs phrases selon la structure « moi je – verbe – nom-de-dramaturge-tamoul-imprononçable ». Ces ersatz de Michel Houellebecq te regardent avec des yeux revolver si tu ne connais pas l’intégralité des oeuvres de Vaclav Havel — qu’ils ont eux-mêmes, si ça se trouve, apprises par coeur une heure avant grâce à l’ami Wikipédia.

willLa moue naturelle de celui-qui-sait

Et toi, quelles sont les personnes les plus insupportables que tu as repérées au festival d’Avignon — ou dans n’importe quel autre évènement culturel ? La parole est à toi.


Les Commentaires

3
Avatar de Mymy Haegel
29 juillet 2013 à 14h07
Mymy Haegel
Si je puis me permettre, "L’air stupide de l’infâme grugeuse après que tu l’aies réprimandé" est incorrect.
"Après que" régit l'indicatif, c'est donc "après que tu l'as reprimandé". @Myriam H.  .
Argh ! Je le sais en plus, c'est juste que ça sonne toujours bizarre dans ma tête  c'est corrigé, merci !
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