Le pique-nique ragots dans le jardin
– Quand ? Par un bel après-midi d’été, entre la sieste et le goûter. – Où ? Dans le jardin de ta jolie maison en plastique, dans le vrai jardin de tes parents.
Flickr jfournierphoto
Tu as 5 ans. Ton premier pique-nique officiel. Tu prends place dans ton jardin, derrière ta maison en plastique rouge et jaune. Tu sors la nappe, une serviette de bain gaulée dans la salle de bain de tes parents. Ton invitée arrive : Marie-Sandy, ta poupée-qui-parle mais qui parle plus depuis 2 semaines (version officielle : angine / version parentale : oubli volontaire de racheter des piles). Tu lui sers tes plus grandes recettes de cuisine. Sandwich aux vers de terre, salade de pâquerettes, frites en bois de cerisier, gâteau de terre et jus d’herbe. Entre les plats, ça bitche sévère. Tu apprends avec stupéfaction que Kimberly (la poupée-qui-fait-pipi) a piqué la robe de Marie-Sandy. Quant à toi, tu dévoiles le terrible secret de Grisou, ton chat : la nuit, il se transforme en petite souris pour glisser 1 euro sous ton oreiller. Stupéfaction. Pour digérer tout ça, tu proposes des cailloux à la feuille de pommier. Ballonnée, ton invitée repart, et c’est ta dinette Hello Kitty souillée qui te fait les yeux doux. Ni une ni deux, tu charges tout ça dans la nappe-serviette et balance le tout dans le réservoir d’eau de pluie. Ça se fera tout seul, tu as ta classe de Barbies qui t’attend pour la leçon de mathématiques.
– Pour la prochaine fois : arrêter la terre mélangée à l’eau pour la survie de ton nouveau tee-shirt Charlotte aux Fraises.
Le pique-nique familial dans les prés
– Quand ? Un dimanche de Septembre. – Où ? Une grande étendue d’herbe non squattée par les vaches (même si il y encore des traces de leur passage).
Rien de tel qu’un bon pique-nique pour rassembler la famille. Oncles, tantes, grands-parents, cousins sont tous au rendez-vous en ce dimanche de Septembre. Oui, Septembre. Car si toi tu viens de reprendre les cours, les plus de 30 ans ont pris leurs vacances en Septembre soi-disant parce qu’il y a moins de monde partout et qu’il fait plus beau. Que nenni. Le-dit Dimanche, 12°C et une fine bruine s’abattent sur le pique-nique. Annuler ? Certainement pas ! Ta mère insiste, elle n’a pas vu tata Georgette depuis 1 an et demi. En ronchonnant, tu enfiles tes bottes, ta parka et ton bonnet, direction le pré réservé pour l’occasion. Tu daignes déposer ton humble postérieur sur un sac Marché U pour éviter l’humidité. Ton frère part à la cueillette des champignons de Paris et ton petit cousin le suit avec le pot de mayonnaise. Toi, grelottante sous ton pull col roulé, tu fixes avec appréhension les vaches du pré d’à côté. L’idée qu’elles puissent sauter par-dessus la barrière pour venir ratiboiser votre festin à l’eau de pluie t’ayant même traversé l’esprit, histoire de sceller à tout jamais ce Dimanche dans les annales de ta famille.
– Pour la prochaine fois : soudoyer Evelyne Dhéliat pour qu’elle fasse reculer la dépression venue de l’Atlantique.
Le pique-nique champêtre scolaire
– Quand ? Un vendredi de Juin vers 13h, juste après l’épreuve de LV2 du bac. – Où ? Dans un champ de blé en périph’ de ton patelin.
Flickr C a r a m e l
Par un beau vendredi de Juin, les couloirs de ton lycée paraissent bien calmes. Et pour cause, c’est le bac, et surtout c’est la dernière épreuve : LV2. A 12h01, après trois heures d’espagnol, allemand et autre langues étrangères c’est le ramassage des copies et l’euphorie générale. Pour fêter la fin de cette torture, vous avez décidé avec les gens de ta classe d’organiser un méga-pique-nique-de-la-mort-qui-tue. Chacun s’est proposé de ramener à boire, à manger, les couverts, les nappes et tout l’toutim. Vous embarquez tous dans les voitures de ceux qui ont la joie d’avoir le permis et vous roulez cheveux au vent vers un champ de blé juste après la sortie de votre patelin. Après avoir aligné les nappes, vous vous retrouvez face à 42 cuillères, 1 couteau, 36 paquets de chips saveur barbecue, 1 bouteille de Coca Light et 13 sachets de fraises Tagada. Le repas sera limité mais l’ambiance est là : photos champêtres, saute-ballots-de-foin et Jason Mraz à fond te font presque oublié ta conjonctivite et tes crises d’éternuement (tu viens de te découvrir un rhume des foins).
– Pour la prochaine fois : faire une liste de courses et préparer un stock d’Aerius.
Le pique-nique amoureux forestier
– Quand ? Un dimanche midi ensoleillé, celui qui scelle 2 ans et demi d’amour. – Où ? Dans une clairière de la forêt domaniale de ton patelin, « le coin secret » de ton amoureux.
Réservé 3 semaines à l’avance, tu trépignes en ce Dimanche du mois de Juin. Tu as mis ta plus jolie robe et te pomponnes joyeusement devant ton miroir et pour cause : ton chéri d’amour vient te chercher dans une heure pour t’emmener pique-niquer dans son « coin secret » de la forêt qui entoure ton village. Sur ses ordres, tu lui as laissé le soin de préparer le repas.
Chéri est à l’heure, vous chevauchez son scooter et tu te retrouves avec un sac Lidl sur les genoux. Après quelques kilomètres, vous arrivez dans la forêt et il s’arrête dans ce qui ressemble plus à un squat qu’à une jolie clairière comme il te l’avait promis… Il étale un drap housse piqué à sa mère et déballe avec un sourire de gosse ses victuailles : Coca, chips, chamallow, pain de mie, camembert et taboulé en boite. Visiblement, il n’a pas encore saisi que tu étais au régime et après le coup du McDo hier tu te dis que 5h de tapis roulant t’attendent demain. Toute l’après-midi, entre deux tartines de camembert au taboulé, tu as vu défiler mobylettes, vélos, joggers, scarabées et araignées-qui-piquent. Comme pique-nique amoureux tu rêvais mieux faut bien l’avouer. Sentant la détresse sur ton visage (et sur tes mollets rouges et gonflés par les piqures de diverses bêtes), ton amoureux te propose de repartir tout en rassemblant les quatre coins du drap housse pour remporter les restes chez lui.
– Pour la prochaine fois : mettre un pantalon coincé dans tes chaussettes.
Le pique-nique on ze beach entre amis
– Quand ? Pendant les grandes vacances, à 21h passées. – Où ? Sur la plage derrière le camping où ta famille a élu domicile.
Flickr Tolexine
C’est le mois de Juillet. Avec tes parents, comme tous les ans, tu descends au Camping des Trois Crabes sur la côte d’Azur. Tu retrouves tes potes estivaux pour deux semaines de pur bonheur : bronzette, baignade, shopping & tourisme. Et surtout, vous ne passez pas à côté de votre rituel de fin de séjour : le pique-nique sur la plage.
Cette année, vous décidez de faire un feu de camp et de dormir sur la plage. Il est évident que tes parents sont contre ; tu leur as juré dormir chez une copine au Camping de la Brise Douce. Arrivés sur la plage, vous chargez les garçons de réaliser la torche olympique, puis vous vous installez autour avec vos bâtons de surimi, vos tomates et vos cacahuètes. L’artiste de la troupe dégaine sa guitare et entame un No woman no cry tonitruant. Vous vous croyez dans un clip de Miley Cirus, cébo. Arrive le moment de se coucher, vous étalez vos sacs de couchage et vous vous serrez les uns contre les autres. Mais vous n’aviez pas prévu les désagréments : le bruit de la mer, les crabes qui menacent, l’humidité qui chatouille et surtout le soleil qui se lève à 5h. Vous effacez toutes traces de votre passage, et rentrez chez vous courbaturés. Un air de suspicion traîne dans le mobil-home : ton odeur de bois brûlé ne passe pas inaperçue.
Pour la prochaine fois : se contenter de manger, c’est tout.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires