On ne va pas se plaindre, se procurer la pilule en France c’est tout de même assez facile. En revanche on a parfois l’impression que le système repose sur du bidouillage. Parfois ça passe comme sur des roulettes, d’autres fois on te met des bâtons dans les roues.
Tu ne sais pas pourquoi. Tu ne sais pas toujours ce que tu prends d’ailleurs, et il arrive qu’on te regarde de travers (NDLR : nous sommes bien en 2013). Il m’arrive de penser qu’aller chercher une boîte de pilule = se ravitailler en Marie-Jeanne. Extraits.
Celle qui t’en fournit efficacement mais coupée à on sait pas trop quoi
Pour ma première dose boîte de pilules, je suis allée voir ma dealeuse généraliste qui me suivait depuis quelques années (mais pas depuis ma plus tendre enfance non plus). Je précise que je n’en n’avais pas besoin de manière urgente. Mon addiction à la contraception n’en était qu’à ses débuts : bref c’était pas la panique.
Pourtant on a fait ça vite fait bien fait au fond d’une ruelle. En deux minutes c’était réglé et j’avais mon ordonnance. Cool. Discrétion assurée, pas de culpabilisation, zéro questions. Hein ?
ZÉRO questions.
En y repensant c’est un peu bizarre. Elle ne m’a pas demandé de prise de sang, je n’étais jamais allée voir un gynéco, elle ne m’a pas posé de questions sur mes antécédents médicaux. Que dalle.
J’ai supposé qu’elle devait à peu près connaître ma famille et savoir qu’il n’y avait pas de problèmes particuliers. J’ai supposé. Peut-être qu’elle aussi. Moins on en sait, mieux on se porte. Je suis repartie avec mes petites pilules magiques comme si je venais d’acheter des smarties.
Ce que j’ai découvert à la pharmacie c’est qu’elles n’était pas remboursées par la Sécu. Alors que l’équivalent générique existait (pour quatre fois moins cher) : merci les lobbys.
Ce que j’ai également découvert, bien plus tard cette fois, c’est qu’il s’agissait d’une pilule de troisième génération. Je ne savais même pas qu’il y avait des générations de pilules…Ah l’insouciance de la jeunesse !
Première leçon : si tu ne poses pas de questions, tu n’auras pas de réponses. TOUJOURS poser des questions. La facilité d’accès à la contraception, c’est bien. Le manque d’information, un peu moins.
Celui avec qui tu ne peux pas négocier
J’étais de passage dans une nouvelle ville, il me fallait trouver un nouveau dealer.
– Je viens pour un approvisionnement. Vous pouvez me faire une ordonnance pour un an ? – Non. – Ah, mais on m’a dit que c’était possible d’avoir des ordonnances valables un an pour pas repayer une consultation à chaque fois et creuser le trou de la Sécu (j’aime mon prochain). – Non. Je préfère délivrer des ordonnances pour trois mois pour surveiller l’évolution et voir si vous supportez bien votre pilule. – D’accord, mais je vous ai apporté mes analyses qui datent de la semaine dernière, y a pas plus frais, vous voyez je supporte très bien ma pilule. – C’est non. – Mais dans trois mois je serai même plus dans cette ville et je demanderai à un autre médecin de me faire un renouvellement et il sera basera sur ces mêmes analyses parce que franchement je ne vais pas faire des analyses tous les trois mois ! – C’est toujours non. – MAIS TU CROIS QUE JE SUIS À LA TÊTE D’UN RÉSEAU CLANDESTIN ET QUE JE VAIS LES REVENDRE AU MARCHE NOIR TES PLAQUETTES OU KEUWA ?
Deuxième leçon : Je commence à comprendre que changer de médecin c’est un peu comme jouer à la loterie. Pour info, la durée officielle d’une ordonnance est bien d’un an, y compris pour les renouvellements de contraceptifs. Et depuis juillet 2012, vous pouvez même acheter une boîte de pilule avec une ordonnance périmée depuis moins d’un an.
Mon ressenti face à ce monsieur.
Celui qui ne veut pas fidéliser sa clientèle
Mauvais calcul pour cet épisode. Je croyais qu’il me restait encore une plaquette planquée sous les lattes de mon plancher mais en fait non. Après quelques coups de fil, une standardiste m’informe qu’un fournisseur pourra éventuellement-si-vous-pleurez-très-fort me rencontrer in extremis en fin de soirée.
Évidemment ses consultations ont pris du retard et il est de mauvaise humeur. Au départ, il ne veut pas me prendre. Comme je suis vraiment en manque, j’implore en insistant sur le fait que ça ne prendra que cinq minutes. Quand il me faut ma dose, je suis prête à ramper par terre (je n’ai aucune dignité). Il accepte.
Je pars donc avec un a priori positif sur ce type. Il me fait une fleur en quelque sorte. C’est alors qu’il lance alors que je n’étais même pas entrée dans le cabinet et que tous les autres patients de la salle d’attente nous entendaient fort bien : « Alors ? c’est pour faire des bêtises après les soirées en boîte ? ».
J’ai tellement buggué que j’en ai oublié de réclamer une ordonnance version longue résultat je me suis encore retrouvée avec un bout de papier valable pour trois mois seulement (décidément, c’est une manie). Encore pigeonnée.
Troisième leçon : quand tu n’es pas en position de négocier, tu es faible et tu laisses passer. Je regrette de ne pas avoir répondu « Non papy, si je viens te voir c’est justement pour éviter de faire une grosse bêtise à savoir me passer de contraception ».
Je pense que ce médecin avait conscience de sa toute-puissance.
Les receleurs pas trop regardants
Une des fameuses règles qu’on apprend très vite quand on prend la pilule c’est que les pharmaciens ne délivrent qu’une boîte à la fois soit trois mois de contraception (même si vous avez le Graal une ordonnance valable un an en votre possession). Probablement pour éviter que nous fassions une overdose.
J’aime beaucoup mon pharmacien mais je lui ai rétorqué que ce n’était pas très pratique quand on partait 6 mois à l’étranger pour ses études et qu’on voulait constituer un stock. Ce à quoi il m’a répondu qu’il existait une procédure très simple dans ce cas de figure :
- Retourner chez son médecin pour qu’il stipule explicitement sur l’ordonnance qu’il est d’accord pour qu’on vous délivre un gros stock de pilule en une seule fois.
- Se procurer un justificatif prouvant que vous serez bien à l’étranger pendant 6 mois ou écrire et signer une attestation sur l’honneur en précisant bien la durée et le motif de votre séjour.
- Se rendre auprès de son assurance maladie avec les documents précédents. L’assurance vous accordera ensuite une dérogation exceptionnelle.
- Retourner voir le pharmacien avec la dérogation.
J’ai direct pensé à ça :
Il vous faut le formulaire B75 !
J’ai donc décidé de faire encore plus simple:
- « Bon, ok finalement, donnez-moi qu’une boîte de pilule »
- Sortir de la pharmacie, entrer dans une deuxième pharmacie. Se faire délivrer une deuxième boîte de pilule.
- Sortir de la deuxième pharmacie, entrer dans une troisième pharmacie. Se faire délivrer une troisième boîte de pilule.
Banco. Les pharmaciens regardent le nombre de tampons qu’il y a sur votre ordonnance mais ne prêtent que peu d’attention à la date (de toute manière la plupart du temps l’encre a bavé et c’est illisible).
Quatrième leçon : la politique de délivrance des précieux comprimés au compte-goutte c’est du flan. Vu les temps d’attente à mon assurance maladie, j’aurais eu plus vite fait de me faire poser un stérilet.
Et toi, quelles péripéties as-tu vécu en tentant simplement de ne pas tomber enceinte par accident ?
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Les Commentaires
Je parlais d'accumulation de paracétamol prescrit sous ordonnance justement, même si c'est vrai que c'est pas le meilleur exemple, parce qu'il est aussi en vente libre.
Sinon, oui, en théorie, une visite tous les 3 mois, ça ne semble pas si contraignant. Mais dans la pratique, il y a vraiment des soucis avec le cas de la pilule.