Il y a une différence entre claquer une bise nonchalante à Oncle Jean et attendre les 2 secondes cinématographiques avant d’embrasser son amoureux fraîchement déballé. Parce qu’il y a autant de type de bisous qu’il y a de mauvais garçons sur terre, il fallait qu’une petite typologie non exhaustive soit dressée. Je m’y colle, en commençant justement par la bise au tonton, un bécot à la fragrance tout à fait singulière. Zou :
Le bisou à Tonton Jean
Avec qui : Un oncle, une tante, qu’importe le sexe, l’important réside dans un lien de parenté avec le sujet qui doit être âgé d’au moins 2,5 fois ton âge, +/- 15 %.
Description physique de l’individu : Idéalement, le sujet doit être porter des mocassins avec chaussettes beiges. Il aura de l’arthrite dans les mains et un nom qui sent l’accordéon, du type René(e), Claudie, Berthe ou Jacques Arnould (Y’a toujours un vieux dans la bande dont on dit le blaze en entier). De confession vieille, le sujet dégagera une odeur générale de messe, et comme c’est dans les repas de famille qu’on le croisera, il lui restera un peu de sauce chevreuil au coin de la lippe. (Je sens que tu te réjouis de l’embrasser, coquine).
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Caractéristiques du bisou : Faut pas oublier que tonton a de la bouteille. On est déjà en train de se pencher vers lui qu’il intègre seulement qu’on est la petite fille de Marguerite. Il ne va donc rien capter puis se rattraper en collant son bécot goût chevreuil au creux de la joue avec toute la batterie qui lui reste. Ça va piquer, ça va mouiller, ça va claquer mais faut le comprendre, c’est pas tous les jours qu’il a l’occasion de pourlécher de la chair fraîche.
Comment réagir : L’idéal, c’est de se mettre le sourire en mode vibreur, entre le volume 1 et le silencieux. Compter jusqu’à 10, dire oh-je-crois-qu’on-a-besoin-de-moi-pour-débarrasser -les-plateaux-de -fromage, et se casser rapidos avant que la sauce chevreuil qu’on a sur la joue ait le temps de sécher.
Tu es sèche ? On va passer au bibi tellement bon qu’il te donne envie de déposer un brevet sur la bouche de l’embrasseur. Funkytime !
Avec qui : une personne à qui tu comptes fleurette quand il veut où il veut. Le voisin, le vendeur de chez l’Occitane Rue du Faubourg Saint Antoine, la copine de ta copine qui a les cheveux couleur 15 Novembre, bref une personne qui provoque des ouh et de haah dans ton corps quand tu l’aperçois.
Description de l’individu : le problème, c’est qu’on ne le reconnaît pas avant d’avoir outrepassé la distance sociale révélatrice de compatibilité physique. L’embrasseur « Y’a moyen grave » se révèle quand il s’approche trop près de ton enveloppe. Il peut être n’importe qui, avoir des pouces bizarres et même un gros nez, mais quand son iris fait du laser à ton iris, y’a moyen, grave. Ouais, d’où l’intitulé. Merci.
Caractéristiques du bésou : Un mélange entre le moment où la Deloreane atteint les 88 miles et l’impression d’être deux litres qui doivent rentrer dans une bouteille d’un litre. Le danger avec ce bécot-ci, c’est un peu le même qu’avec un achat de Maltesers en lot. Tu te persuades que tu en as pour deux mois (au moins !), et puis bam, en moins de temps qu’il ne faut pour le penser, tu auras déjà tout croqué. En somme : Baiser à proscrire si le but de ta journée est de passer pour une fille du genre « Bonjour, enchantée je suis inaccessible ».
Comment réagir : temporiser équivaudrait à manger une galette de soja alors qu’un bourguignon mijote pour toi dans la cuisine, ça serait trop dommage. Ce qu’il te reste à faire, c’est profiter de cette alpha galoche, en croisant tous les doigts que Saint Joseph t’a donné pour que la langue qui fond dans ta bouche n’affadisse pas toues les baisers à but non lucratifs des deux années à venir.
Après cette récréation festive, décevons nous la bouche avec celui-que-tu-croyais-que-ça-allait-être-bon, alors qu’en réalité il embrasse comme un mec défoncé au mauvais shit.
Crédit photo : gone with the wind Allo Ciné
Avec qui : une tierce qui avait toutes ses chances avant que tu ne lui prélèves de l’adn lingua militari.
Description du baiser : un acte manqué, un gâchis, de la confiture aux cochons, bref, un scandale aux yeux de la brigade de la compatibilité sexuelle. Tout s’annonçait parfait : belle personne, belles mains et dents saillantes, et puis au moment de mettre la galoche au four, bim voilà que tu te retrouves avec un petit oiseau qui te picore le tour de la bouche façon neveu de 3 ans. Il y a aussi la version suppa de linguini, soit le bisouteur qui t’embrasse comme mon chat lècherait le fond de sa gamelle après une demi boîte de thon. Deux itinéraires différents pour un même résultat : l’envie de raccrocher le patin subito.
Comment réagir : La franchise lèverait la main pour une réplique du genre : « mais bordel, on n’est pas dans les liaisons dangereuses, donne moi du french kiss, de l’intensité, y’a un patrimoine à défendre là ! » C’est sans compter que dans la vraie vie on ne peut pas tout dire à moins d’être Anne Roumanoff, il faudra donc raboter ton discours et feinter un peu.
1 / Calme ton pote, parce que si tu le laisses croire qu’il fait du bon boulot t’en prends pour deux heures de mélange buccal inadapté.
2 / Trouve une excuse, du genre je peux pas trop embrasser longtemps ça me fait des gingivites (+ prendre un air triste à la « ça a gâché toute mon adolescence »).
3/ La prochaine fois qu’un visage te plaît, démerde-toi comme tu veux mais détecte les potentiels spasmophiles de la langue. Plus jamais ça, plus jamais de la bave jusqu’au menton. Pitié.
Dans un autre genre de lose, à présent voyons le mimi qui a aimé mais qui n’aime plus. Oh non qui n’aimeuh plus. *Violons*
Crédit Photo : En 4ème vitesse Allo Ciné
Description de l’individu : une tierce que jadis tu as embrassé avec la dévotion de Marie d’Égypte embrassant la foi chrétienne. Mais aujourd’hui, la bande passante est comme usée, la langue du sujet est râpée et le bisou ne fait pas plus de jus que la minuterie de l’entrée.
Caractéristiques du bisou : Il y a deux poids deux mesures dans cette étreinte-là. Il y en a un qui met du cœur dans sa galoche, et l’autre qui pensait avoir signé pour une bisette un peu élaborée. Résultat, le bécot a un goût de lambada avec Valéry Giscard d’Estaing : y’a pas adéquation dans le rythme.
Comment réagir : Comme au Trivial Poursuit, t’as le choix de deux itinéraires.
– vers le fromage jaune, tu joues le jeu encore un peu pour que ton lover n’aie pas de le sentiment de se faire larguer présentement. C’est triste mais la vie-c’est-comme-ça-on-fait-pas-tout-ce-qu’on-veut-mon-gars ©.
– Vers la case intermédiaire rose, faut dire que t’as plus envie de jouer, on fait autre chose ? Et là tu remballes les fromages, les dés et tout le bordel dans le petit sachet avant qu’il n’aie le temps de répondre.
Passons à présent aux bisous quiproquo, les bisous qui n’ont rien à foutre là, les bisous wtf en quelques sortes.
Il y a la dame qui te fait la bise avec l’image, mais sans le son. C’est à dire qu’au lieu de te claquer un mimi dans le nid à baiser, elle se contente de te poser sa maxillaire contre la tienne, ça donne une fausse bise anguleuse tout à fait désagréable.
J’ai dans mes contacts une personne qui fait ça, mais je suis obligée de continuer à lui parler car elle confectionne les meilleurs gâteaux de Noël du monde.
Je souhaite également évoquer le cas de la bise qui voudrait être née baiser, soit une technique de drague sur-utilisée au XXème siècle. Ça consiste à pas avoir envie de se quitter et à se claquer le au revoir cordial le plus tendu sexuellement possible, en se faisant une bise à la commissure des lèvres, là où si on était un cheval on aurait un mors. Attention technique vieillie.
Parlons également dans ce chapitre des « bises qui n’ont rien à faire là » du bisou « ah vous commencez par la gauche chez vous ? » un bec qui te fout la honte paneuropéenne.
Un manque de connaissances des coutumes locales et hop, tu te retrouves à frôler la moustache de Monsieur Pagneulle, l’ami de ton père qui vient du Finistère pour passer le week-end. Si un jour tu as frôlé une moustache vintage, toute ta vie tu auras la sensation du poil dru qui s’approche trop près de ta bouche. Urk.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
oui oui à roulettes : ça va vite, ça glisse, et c'est plus pratique pour s'enfuir.
(je pourrais légender cette phrase : "rancoeur qui ne passe pas" lol)