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Culture

La twittérature et ses nombreux visages

Longue, courte, terre à terre ou poétique… la littérature de Twitter a de nombreuses formes. Petit tour d’horizon avec Lady Dylan.

? Image de Une : Noel Feans

Depuis quelques années, on parle de « twittérature », conjonction de « Twitter » et « littérature ». Le terme a d’abord été monopolisé par Emmett Rensin et Alexander Aciman, dont le livre éponyme passe les chefs-d’œuvre de la littérature à la moulinette des 140 signes.

Aujourd’hui il désigne surtout les œuvres originales qui naissent sur le réseau social. Fiction, poésie, aphorismes… leur point commun est la recherche littéraire, sur un support d’abord dédié à la communication.

Si le genre est né d’une opportunité technologique, il plonge ses racines autant dans le haïku que dans les Nouvelles en trois lignes de Fénélon et les histoires courtes d’Hemingway.

Depuis 2010, l’Institut de twittérature comparée, qui a des antennes à Bordeaux et à Québec, promeut le genre grâce à des concours ou à des festivals. Sur son site, l’association présente quelques auteurs, mais la twittérature s’épanouit partout et échappe aux répertoires. Essayons quand même.

La twittérature, une littérature courte…

La vocation première de Twitter, c’est la brièveté. Pour beaucoup de twittérateurs, le jeu est donc de faire court, et de faire tenir une œuvre complète en 140 signes (ou moins). Comme l’histoire courte attribuée à Hemingway (« À vendre : chaussons de bébés. Jamais portés. »), ces quelques mots doivent être le plus évocateurs possibles.

D’autres sont davantage des aphorismes ou de courts poèmes :

…mais pas que

Certains twittérateurs subvertissent les contraintes du média en se lançant dans de véritables romans, à coup de 140 caractères. La plupart du temps, l’idée est que chaque tweet ait un intérêt en lui-même, mais que le tout forme un récit plus long. C’est par exemple l’ambition de Mélusine (@TwitLitt), qui écrit par petits bouts depuis cinq ans.

Pour une lecture plus facile elle rassemble les tweets sur un blog. On comptera également Paul-Henri Sauvage, romancier de Twitter à la retraite depuis mars 2013. Il laisse plus de 1500 tweets littéraires, dont voici le dernier :

Marc Mentré, lui, a décidé de ne pas tweeter ses propres créations mais d’adapter une œuvre bien plus ancienne : la Divine Comédie de Dante. Depuis mai 2012, ce journaliste spécialiste des médias poste trois vers par jours, d’abord en italien puis en français.

Il a dû se lancer lui-même dans la traduction, pour des raisons de droits mais aussi de respect du rythme original, les tercets de onze syllabes, qui est celui adapté à Twitter.

Contrairement aux comptes précédents, @mediatrend n’est pas uniquement consacré à la twittérature ; tous les vers sont donc regroupés sous le hashtag #DivCo. Pour une lecture plus facile, Marc Mentré compile aussi le texte dans un Storify.

Expérimentations

Toutes sortes d’expériences littéraire peuvent se baser sur le modèle de Twitter. Le poète et écrivain Lucien Suel a par exemple inventé la « twittérature mécanique » : il copie-colle 23 tweets consécutifs issus de sa TL, en enlevant les noms d’utilisateurs, les hashtags et les liens. Le résultat est aussi absurde que poétique :

« Je ne me mêlerai pas aux transis. Encore hier il faisait chaud. Qu’on me dise le contraire. Résiste, laisse aller la foule. The 2000 photographic events of the Agenda | Et pendant ce temps, Coluche arrive à un gala céleste. 1925 Rolls Royce Phantom carrosserie massillon. Capables et incapables. 2017 était le véritable enjeu de 2012 par bernard stiegler. Métro en suspens métro pas reparti Métro même pas beau ! Sacrifice de la sagesse pour 9 nuits, par Odhinn aux bords des mondes : Réenchantement I.11. Going home :-) « il n’y a pas d’interstices, il ne peut y en avoir… » Claude Louis-Combet, L’origine du cérémonial. Un grand pas pour l’exosquelette. »

? Extrait de CURM n°34

Expérimentation d’un autre genre, la twittérature éditée. Le compte des mille et un tweets (tiré de @Centquarante) ou Tweet rebelle sont par exemple publiés aux éditions L’instant même.

On peut les lire en ligne dans un format plus agréable que Twitter, mais aussi les acheter en format papier ? pour peu que l’on vive au Québec, où est située la maison d’édition. Pratique… mais est-ce encore de la twittérature ?

Un nouveau média ouvre forcément des possibilités de création (même Facebook a sa forme littéraire, la « chronique », où des comptes sont créés spécialement pour raconter des histoires). Mais par bien des aspects, Twitter paraît inadapté, notamment parce qu’on ne peut pas le lire dans l’ordre chronologique.

Au delà d’une écriture en 140 signes, les auteurs sauront-ils utiliser les autres contraintes de Twitter ? alors que beaucoup rechignent encore à exploiter les hashtags ? La twittérature a-t-elle un avenir ? La suite… sur votre réseau social favori.


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Les Commentaires

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Avatar de CreamSoda
4 juin 2014 à 20h06
CreamSoda
J'ai eu l'impression à la lecture de l'article, de bout en bout, que c'était une grosse blague. Un faux article. J'ai beaucoup de mal à trouver de la poésie là dedans...

Hormis l'aspect haïku (quel que soit le support, la règle étant que ce soit court), je ne comprend pas l'intérêt d'utiliser un support clairement pas adapté pour raconter des histoires.

Twitter, c'est l'instantanéité, c'est l'info en direct, c'est le concret, bref. C'est, comme indiqué dans l'article, un outil de communication.

Bien entendu qu'on est pas obligé d'utiliser un support pour ce qu'il apporte en premier lieu. Ce que je veux dire, c'est que je ne vois pas la valeur ajoutée de Twitter pour cet usage. Preuve en est qu'il faut faire un blog à côté si on veut espérer pouvoir tout lire dans le bon ordre, sans être gêné par le reste de sa timeline... J'ai envie de dire, autant le faire direct sur le blog, non?...

(Puis le côté "expérimentation", qu'est ce que ça fait si j'assemble pleins de tweet à la suite... Bah, ça donne rien. Comme si je le faisais avec les premières lignes de pleins de statuts FB. Ou d'articles de presse. Ou de bouquins... Magique.)
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