Alors que le Twitter officiel de Nicolas Sarkozy vient d’être lancé, en même temps que sa campagne, plusieurs comptes parodiant le chef de file de l’UMP ont disparu du site de micro-blogging. Zèle de l’équipe de campagne ou censure politique déguisée ?
À moins de 62 jours de l’élection présidentielle, Internet Sans Frontières s’inquiète de la fermeture soudaine des comptes @mafranceforte @fortefrance @SarkozyCaSuffit @SarkozyCestFini @_NicolasSarkozy.
Compte officiel de Nicolas Sarkozy
Les comptes parodiques sont tolérés, sauf quand ils sont « susceptibles d’induire en erreur » …
Ce que l’on sait, c’est que pour certifier un compte, les membres de la société Twitter et la personne (ou l’équipe proche de la personne) possédant le compte doivent échanger. Ainsi, le 15 février dernier, le compte officiel (et donc certifié) de Nicolas Sarkozy a été crée plusieurs heures avant l’annonce de sa candidature.
À l’inverse, il est aussi possible de demander à Twitter la désactivation de comptes lorsque ceux-ci usurpent l’identité d’autres personnes « de manière susceptible d’induire en erreur ou tromper ». Était-ce le cas des comptes parodiant Sarkozy ? Rien n’est moins sûr.
En effet, dans son centre d’aide et d’assistance, Twitter précise que certains comptes parodiques sont tolérés : « Afin de ne pas faire d’usurpation d’identité, un compte [parodique] doit stipuler clairement que son administrateur n’est pas la même personne que celle faisant l’objet de la parodie ou du commentaire dans le même compte. » Ainsi, Twitter conseille de préciser dans la biographie du compte que celui-ci est parodique.
… mais les comptes fermés n’étaient-ils pas clairement parodiques ?
Selon Internet sans Frontières, @_nicolassarkozy (qui existait depuis septembre 2010) possédait un caractère parodique « inéquivoque » : « Les archives récupérées de ce compte montrent qu’il respectait absolument cette exigence du contrat Twitter »
.
Ce qui n’a pas empêché le possesseur du compte de recevoir un e-mail de Twitter l’informant que @_nicolassarkozy a été fermé pour usurpation d’identité « non-parodique ».
Même souci pour Kaboul.fr, qui possède une soixantaine de comptes de ce type (de David Beckham à François Hollande. Le site humoristique se défend en rappelant que « la dimension parodique est clairement exprimée dans la biographie de chaque compte » et que Twitter avait validé la conformité de ces derniers il y a « environ un an et demi ».
Vide « juridique »
Le Monde de conclure que :
« Dans le cas des comptes parodiant Sarkozy, la systématisation du recours au signalement des comptes usurpant l’identité du président explique leur désactivation à la chaîne. De même, l’utilisation massive du bouton « Report as spam » par des comptes actifs ou automatiques pourrait également être une cause de ces fermetures. »
C’est là que se trouve toute la subtilité autour de la procédure de « signalement des comptes » : jusqu’où peut-on arguer, comme l’a fait l’équipe Internet de Nicolas Sarkozy*, que [ces comptes parodiques] pouvaient induire en erreur les internautes cherchant à suivre le candidat UMP, sans tomber dans une petite censure de la vie quotidienne ? Comment préserver le droit à la dérision ?
* L’équipe dément avoir demandé la suppression de @mafranceforte ou @sarkocasuffit puisque les comptes n’utilisent pas directement le nom du président. Leurs suppressions auraient ainsi été enclenchées par le bouton « report as spam » : en effet, il est possible de faire supprimer un compte sans passer par le formulaire d’usurpation d’identité si un nombre conséquent d’utilisateurs utilisent le bouton pour supprimer automatiquement le compte en question.
En attendant, le hashtag #SarkoCensure fait son petit bonhomme de chemin sur le réseau social.
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Les Commentaires
Temperance : Dans ce cas là, pourquoi on laisse faire les Guignols, par exemple? Ou des caricatures? J'ai pas suivi les comptes twitter en question (j'suis pas sur twitter) mais "se moquer" veut pas forcément dire "insulter"... (Après ça dépend de la teneur des moqueries en question, comme je dis, j'ai pas suivi les comptes).
Les caricatures, les parodies, y'en a toujours eu, là ça prend une nouvelle forme avec internet et twitter mais au final c'est pas très différent...
Enfin c'est une vraie question, à quel moment on est dans l'humour, à quel moment on passe dans la violation du droit à l'image? Parce que là, pour moi c'est pas clair.
(Sans vouloir diaboliser sarko, bon je l'aime pas, mais j'aime pas les autres non plus ^^ )