Aux États-Unis, la défense des droits reproductifs et sexuels vient (encore) de prendre un coup.
Il est asséné par le Département de la Santé et des Services Sociaux, et vise plus précisément les recherches qui visent à prévenir les grossesses adolescentes. Ce sont 81 programmes de recherche qui sont en ligne de mire.
Alors qu’ils s’étaient vus attribués des financements pour 5 ans en 2015 sous l’administration Obama, qui devaient donc courir jusqu’en 2020, on leur a annoncé par courrier que cette année serait la dernière.
C’est plus de 200 millions de dollars qui ne seront pas versés.
Des équipes de recherche qui « vacillent »
C’est un énorme gaspillage que de stopper ces études en cours.
Parmi ces projets, nombre d’entre eux visaient à définir quels étaient les meilleurs moyens de parler de sexualité aux adolescent•es, de les éduquer aux solutions existantes pour éviter une grossesse, d’expliquer aux parents eux-mêmes comment aborder le sujet avec leurs enfants.
Le fait de couper leurs financements en cours de projet revient à un énorme gaspillage : les démarches et recherches sont entamées, mais pour beaucoup pourront difficilement voire pas du tout être terminées.
Cité par Reveal, la chercheuse Jennifer Hettema qui travaille à trouver des méthodes efficaces pour parler sexualité à des jeunes latino-américains et natifs américains, explique que les équipes de recherche « vacillent ».
« Nous ne savons pas exactement comment nous allons pouvoir nous adapter. […] C’est comme si l’on construisait un gratte-ciel à moitié, puis que l’on s’en détournait en disant « Oh, pas important ».
Pourtant il y a des milliers de professionnel•les de la santé qui cherchent des manières de parler aux jeunes de sexualité. »
Les grossesses adolescentes aux États-Unis
Plus spécifiquement, ces programmes visaient souvent les minorités ou les populations défavorisées, comme celui de Jennifer Hettema.
Le taux de grossesses adolescentes y est encore très élevé, davantage que dans des milieux plus aisés.
Les États-Unis font en effet face à un fort taux de grossesses adolescentes comparé à de nombreux autres pays développés.
Même si ce taux baisse continuellement depuis les années 1990, près d’un quart des jeunes femmes tomberont enceinte au moins une fois avant leur 20 ans.
Le paradoxe conservateur
On peut être plus ou moins surpris de cette décision prise par l’administration Trump, très conservatrice sur ces sujets.
La première chose est le fait que les membres de cette administration militent ouvertement contre l’avortement… mais enrayent les moyens mis en place pour lutter contre les grossesses adolescentes.
Cela peut sembler complètement paradoxal : si l’on veut réduire le nombre d’avortements dans une population, limiter les grossesses non désirées à travers la prévention et l’éducation à la contraception semble être un moyen efficace.
Mais en réalité, la ligne qu’ils défendent est celle de l’abstinence : ils refusent de voir promues les méthodes de contraception qui éviteraient les grossesses non désirées. Le fait que les jeunes ont une sexualité semblent vraiment déranger…
Ces conservateurs se placent donc sur une position morale qui nie cet état de fait. Ils partent du principe que les relations sexuelles devraient n’arriver que plus tard dans la vie des jeunes…
Cette position qui leur est propre est cependant rageuse, lorsque l’on sait que, selon un rapport de Save the Children, « les complications durant les grossesses et les accouchements sont la deuxième cause principale de décès chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans dans le monde ».
Décidément, les droits des (jeunes) femmes à disposer de leur corps sont loin d’être acquis…
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Les Commentaires
En fait, pour l'instant rien ne permet de réduire le nombre de grossesses précoces selon ces études mais certains programmes (interventions à l'école, promotion des méthodes contraceptives etc) permettent de stabiliser ces taux.